Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Russie autre et autrement (3)

Russie autre et autrement (3)

Par  

Troisième épisode : la Russie indépendante

La création et l’indépendance de la Russie, pour l'Occident, date de 1613, avec l'arrivée au pouvoir des moscovites, les Romanov qui ont stabilisé les territoires en les sortant du chaos qui a saisi le pays après la mort d'Ivan IV le Terrible (1584) et de Boris Godounov (1605) (les temps troubles avec la lutte pour le pouvoir contre les envahisseurs suédois, polonais…, 1584-1610). Les Romanov ont été élus par des boyards (des barons qui terrorisaient les populations locales) comme leurs chefs.

Mais la Russie, comme territoire de tribus russes, existait auparavant. En 988, Vladimir a été baptisé à Kiev, personnage controversé, pas vraiment saint, idéologue dominant de la centralisation du pouvoir de l’époque. Puis la dynastie des Rouriques (non slaves mais Viking, Ostrogoth) a transféré la capitale à Vladimir, puis à Moscou. Les invasions mongoles de 1222-1480 ont créé un asservissement historique des Russes envers des superpuissances extérieures. Selon nos interlocuteurs locaux, cet asservissement est l'origine même de cette verticalité dont je parle sous divers styles : tribale, collectiviste, troupiste, enchainée. Ce chaos primordial entre 1584-1610, et surtout entre 1605-1613, fut manigancé par des boyards après la mort de Boris Godounov qui était un oprtichnik (agent de la police secrète créée par Ivan IV, dit le Terrible, comme contre-pouvoirs aux boyards), élu tsar sans ascendance aristocratique et sans descendance et donc considéré comme peu menaçant pour leur propre influence. Les boyards se sont enrichis en un siècle car ils n'ont plus été soumis à la Horde d'Or Mongol (joug mongol) aux Khans Mongols, à la suite de la révolte d'Ivan III (1480). Le parallèle actuel avec la désintégration de l'oppression étatique soviétique et l’apparition des nouveaux riches et des oligarques, depuis 1989 est très frappant : les boyards sont « les nouveaux russes ».

RUSSIE est un terme en peu ambiguë : les Russes de souche me semblent assez rares et ont été remplacé par l'Homo sovieticus culturel qui mélange dans ses propres racines des cultures et des atavismes des anciennes nations colonisées. L'Ancienne Union soviétique de 1917-1992 compta environ 267 000 000 habitants, 160 nations sur un territoire de 22 402 millions de km². Chacune de ces nations disposait d'un État, c'est-à-dire d'une République Soviétique Automne ou oblast (territoire) selon la population majoritaire sur un territoire donné : Tatarstan, Daghestan, Ouzbékistan…, même Juive en Extrême Orient aux alentours de Khabarovsk avec comme capitale Birobidjan créée en 1924. Cette République juive est considérée par les défenseurs de l’idée d’un état-nation, comme le premier Israël, État hébreux de la Terre Promise, ou par les détracteurs, comme un premier goulag d’éloignement et d’épuration ethniques d’autres régions impériales (notamment l’Ukraine). Actuellement les grands États quasi homogènes au niveau ethnique se sont séparés de l’Union Soviétique (anciennes Républiques de l'Union soviétique, c'est-à-dire la Biélorussie, l'Ukraine, la Moldavie, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizstan) et la Russie, mais ils restent des vassaux commerciaux et militaires de la Russie.

En 2024 la Russie compte environ 145 millions d’habitants, 140 nations (assimilées aux langues parlées soit 193 ethnies) et environ 100 territoires ou républiques autonomes sur une superficie de 16 995 800 km². La Russie se considère comme un pays de production, comme la Chine, surtout de produits naturels bruts, et non de services, transport, de commerce et de transformation (d'artisanat, de science technique, de culture en générale), en contraste avec les USA ou l'Europe. C'est un problème essentiel de son adhésion à nos valeurs culturelles, même si la Russie reste chrétienne et sa restructuration selon le modèle occidental avec la classe moyenne, individuellement libre et libérale, est souvent évoquée dans les discours des politiciens locaux. La Russie postsoviétique présente maintes régions bien distinctes dans leur esprit social. Je ne parle pas de la culture locale traditionnelle et ethnique jadis florissante, aujourd’hui effacée par l’Homo sovieticus. Je tiens à souligner l'existence de deux domaines culturels dans la partie européenne : l'esprit de la société collectiviste soviétique (Iaroslavl, Souzdal, Vladimir…), opposé à l'esprit européen (Moscou cosmopolite et Saint-Pétersbourg très américain).

Ce que j'ai vu et ressenti : Le 21 juillet 2018 commença notre (avec mon mari) aventure bien organisée qui m'a ouvert les yeux sur ce que je résume ici :  
Après notre voyage en 2016, j’étais positivement inspiré par l'évolution de la Russie depuis 1988, mais j'ai changé d'avis sur beaucoup de choses entre 2016 et 2018. (Mon dernier voyage, datant de 1988 sous Mikhaïl Gorbatchev, était comme une brise de liberté par rapport à 1985, l'année de mon premier voyage quand il avait pris le pouvoir après Konstantin Tchernenko.)


Découvrez les autres articles de la série Russie autre et autrement

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :