Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Une autre approche vers l’immortalité ?

Une autre approche vers l’immortalité ?

Par  

Une autre approche vers l’immortalité ? Pas pour tout de suite…

Lorsque l’on cultive au laboratoire des cellules humaines comme par exemple des fibroblastes ces cellules finissent par mourir après une trentaine de divisions dans le meilleur des cas. Et on n’y peut rien parce que les cellules vieillissent comme notre organisme vieillit inexorablement. Il existe des lignées de cellules dites immortelles toutes dérivées de tumeurs cancéreuses. La lignée la plus connue est la cellule HeLa provenant d’un cancer du col de l’utérus d’une dénommée Henrietta Lacks qui fut établie en 1951. Ce sont ces cellules qui ont été utilisées par Jonas Salk pour mettre au point le vaccin contre la poliomyélite et ce sont également ces mêmes cellules qui furent les premières cultivées à grande échelle dans la production de ce vaccin. L’immortalité de ces cellules provient de l’activité anormale d’un enzyme particulier appelé télomérase dont l’expression a été perturbée par le virus du papillome 18 ayant provoqué ce cancer du col de l’utérus.

Les extrémités des chromosomes sont protégées par ce petit appendice d’ADN constitué d’environ 10.000 nucléotides. Or à chaque division cellulaire ce morceau d’ADN se raccourcit car les cellules autres que les cellules embryonnaires produisant les gamètes n’expriment pratiquement plus de télomérase et ce phénomène a été appelé l’horloge biologique de l’organisme qui décompte le temps nous séparant de notre mort certaine.

Ce n’est pas très réjouissant mais encore une fois on n’y peut rien. Nous savons tous que nous sommes mortels mais on ne sait pas quand nous mourront car si on ne meurt pas de maladie on meurt de vieillesse à cause de ce raccourcissement des télomères. On a bien essayé de rendre immortelle des cellules normales mais ça n’a jamais fonctionné correctement jusqu’à cette étude réalisée à la Faculté de Médecine de l’Université de Stanford dans la Silicon Valley qui semble lever le voile obscur sur le fonctionnement de la télomérase, cet enzyme particulier qui ressemble à certains enzymes viraux.

Il serait en effet très important de disposer de cellules normales pour toutes sortes de recherches en biologie et en pharmacologie. Si les cellules HeLa ont fait l’objet de plus de dix mille applications, la plupart brevetées, ces cellules sont tout de même cancéreuses et il faut les manipuler avec précaution. En modifiant de manière ciblée l’expression de la télomérase d’une cellule normale, il n’y aurait plus de problèmes tant aux niveaux éthique qu’expérimental. Mais l’approche obligeant une cellule à exprimer la télomérase n’est pas simple du tout. Il existe bien des techniques d’insertion de gènes dans l’ADN cellulaire à l’aide de virus mais on retombe sur des problèmes d’éthique même si cette approche est utilisée dans de rares cas de thérapies géniques. Pour ce qui concerne les cellules en culture, l’approche de l’équipe du Docteur Helen Blau à Stanford a consisté à utiliser l’ARN messager codant pour la télomérase et l’introduire dans les cellules à l’aide d’un virus qui ne sert en réalité que de seringue sans apporter d’autre perturbation que cette seule introduction d’ARN. L’ARN a été modifié afin de ne pas subir de dégradation intracellulaire mais ce changement n’a pas empêché la machinerie cellulaire de le traduire en télomérase fonctionnelle.

À la suite de trois « injections », si l’on peut dire ainsi, les télomérases ont été allongées de 1.000 nucléotides et les cellules ont continué à se diviser 28 fois supplémentaires en comparaison de cellules non transfectées. L’avantage considérable de cette technique réside dans le fait que cette stimulation s’évanouit avec le temps mais laisse tout de même une certaine latitude pour procéder à toutes sortes d’essais cliniques ou biologiques sans être pris par le temps. Les applications de cette technique nouvelle sont immenses car on travaille en réalité avec un matériel peu modifié et il pourra, peut-être, un jour être possible de comprendre les causes de maladies des muscles comme la maladie de Duchenne ou plus simplement traiter un jour les cellules de la peau pour combattre leur vieillissement à l’aide de produits agissant sur le promoteur de la télomérase. On peut toujours rêver d’immortalité mais ce n’est pas pour tout de suite …

Source : Stanford Medicine News Center


Pourquoi l’écologie humaine est un pléonasme ?
Pourquoi l’écologie humaine est un pléonasme ?
Dystopie : vers le « meilleur des mondes »
Dystopie : vers le « meilleur des mondes »
Retour vers le Futuroscope en 1900
Retour vers le Futuroscope en 1900

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :