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Euthanasie : Vers un devoir de tuer ?

Euthanasie : Vers un devoir de tuer ?

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Tragédie en 4 actes


C’est toujours la même méthode, diablement efficace, qui a fait ses preuves dans les années 70. Premier acte : montrer des situations de souffrances qui tendent à montrer que la loi est inhumaine. Vincent Humbert, Chantal Sébire furent un moment ces icônes souffrantes avant que leurs morts les fassent retomber dans l’oubli. Deuxième acte : Médiatiser une transgression, présentée comme l’arbre qui cache la forêt, et en faire l’occasion de multiples confessions. On ne peut quand même pas mettre autant de personnes en prison ! Le docteur Bonnemaison, au nom et à la réputation sympathiques, fait parfaitement l’affaire.
Troisième acte : Avant que l’émotion ne retombe, commander des sondages à publier sous des titres avantageux : « près d’un français sur deux favorable à l’euthanasie ». Mais si l’on remarque que cela continue à faire plus d’un sur deux qui n’y est pas favorable, alors disons : « de plus en plus de français favorables à l’euthanasie ».
On attend le quatrième acte : la loi organise la transgression de manière à ce qu’elle se transforme, dans les mentalités, en un droit quasi constitutionnel.

Que demande celui qui veut mourir ?


Qui donc aujourd’hui va pouvoir continuer à s’opposer à l’euthanasie sans passer pour un affreux réactionnaire ? Personne, alors même que les professionnels impliqués dans les soins palliatifs, à l’image de Marie de Hennezel, ne cessent de rappeler quelques évidences :
La demande de mort, déjà extrêmement rare de la part d’un patient, doit être écoutée mais renvoie toujours à une double peur : peur d’être abandonné et peur de souffrir. C’est d’abord à ces peurs qu’il faut répondre, et pas en supprimant celui qui a peur.
Celui qui se meurt nous renvoie à nos propres peurs, peur de ne savoir que dire ou que faire, alors qu’être présent est le seul essentiel. Une société qui gomme la mort connaît-elle encore le prix de la vie ?

Une fausse compassion


Le médecin ne peut tout soigner, mais il peut encore prendre soin. Son rôle de médecin ne peut en aucun cas être de tuer. C’est le sens même du serment d’Hippocrate. Faudra-t-il inventer de nouveaux bourreaux, chargés d’une besogne qui à l’évidence répugnera aux médecins ?
Le refus de l’euthanasie n’est pas inhumain, c’est au contraire un surcroît d’humanité. Ce n’est pas s’obstiner contre la mort lorsque celle-ci est imminente, mais c’est reconnaître que la mort, lorsqu’elle est donnée par autrui ou qu’elle est l’œuvre d’un suicide, est toujours une violence terrible pour celui qui la reçoit et pour celui qui la donne, mais encore également pour ceux qui perdent un proche. Fausse compassion, l’euthanasie est le produit de nos peurs, et peut-être aussi de notre orgueil, devant la mort qui défi notre toute puissance :
« La compassion, lorsqu'elle est privée de la volonté d'affronter la souffrance, et d'accompagner celui qui souffre, conduit à l'élimination de la vie pour anéantir la douleur, bouleversant ainsi le statut éthique de la médecine »1.
En vérité, l’euthanasie n’a rien à voir avec la compassion. Elle appartient à ce que Jean-Paul II appelait la « culture de mort », qui prétend soumettre toute chose à la volonté arbitraire de chaque individu. Dans cette culture, l’individu décide arbitrairement de la valeur de toute chose, et la pression économique devient assez vite l’argument déterminant : un malade, ça coûte cher…
Face à elle l’Eglise sera toujours du côté du plus petit et du plus vulnérable, quitte à passer pour une empêcheuse de supprimer la vie en rond, fidèle en cela à l’avertissement toujours actuel de saint Paul : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Rm 12, 2).
A celui qui meurt, nous devons autre chose que la mort !

  1. Jean-Paul II, 12 novembre 2004 aux participants à un congrès de personnels de santé

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