Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


La compagnie des voyants

La compagnie des voyants

Par  

L’essayiste Mathieu Laine a écrit La compagnie des voyants. Dans son essai, il s’interroge : « Comment face à la catastrophe, préserver nos idéaux, ce qui fait de nous des hommes ? C’est en creux l’interrogation de nos grands romanciers ? Comment demeurer libre, humain, intègre ? Comment garder l’espoir et même l’espérance quand le ciel, à ce point, s’obscurcit ? »

Ce libéral, athée, à la sensibilité de gauche, membre assumé du Camp du Bien ou de l’Empire du Bien pour le dire comme Philippe Murray, n’aime pas les populistes et les Cassandre, pas plus que les faiseurs de passions tristes, nationalistes ou conservateurs qu’il considère comme dangereux parce qu’ils alimentent la vague brune montante des régimes autoritaires, ceux des démocraties illibérales à la mode hongroise ou celui de l’autocrate russe Vladimir Poutine. Son tropisme libertaire l’incline aussi à fustiger les prêt-à-penser débités par les médias et les technostructures qui formatent à flux continus d’information des cerveaux abrutis et dociles : « Plutôt que le repli, l’aveuglement ou la grandiloquence agressive, choisissons l’ouverture, la curiosité et l’humilité. Ne jetons pas aux orties le modèle de liberté et de tolérance qui a présidé au monde libre tel que nous le connaissons aujourd’hui et dont les fondations s’érodent face à la montée des vociférations catastrophistes, des discours déclinistes et des mensonges grimés en vérités. Défions-nous de la morgue moralisatrice de ces fossoyeurs de la libre pensée, des adorateurs nombrilistes des « veux d’or » médiatiques. »

Son mantra ainsi professé, le chroniqueur à France Inter et au Figaro peut alors clamer son amour immense de la littérature, ce remède aux maux de la société : « Antidote éternel au solipsisme, la littérature renouvelle sans cesse notre empathie pour les autres, en même temps qu’elle affûte nos capacités d’analyse et d’identification. Loin de l’intelligence technocratique, froide, budgétaire ou idéologique, c’est ici toute l’intelligence de la sensibilité qui se lit dans chacune des pages du roman, entre lettres fantasmées, pensées éparses et réflexions solitaires. A l’écriture de la folie succède progressivement l’écriture thérapeutique, qui restaure un lien entre les composantes fragmentées du personnage et de son existence, tout en instaurant une communication bien réelle avec le lecteur. »
Admirateur d’Homère, Laine appuie sa démonstration humaniste sur le credo d’une grande académicienne spécialiste du monde hellénistique : « Une injonction à la vie sociale libre, à la lumière des mots de Jacqueline de Romilly : non pas, bien sûr, le repli sur la souche mais la conscience qu’une liberté égoïste sur Instagram n’a pas de valeur, ni même de sens, puisque l’on est libre, comme Ulysse, en son Ithaque politique – relié aux autres par le lien de la citoyenneté et de la démocratie. Et si certains veulent nous faire retourner, avec les autres « gens » dans une masse indistincte dont ils attiseraient les colères, ou si d’autres prétendent que l’on est éternellement déterminé par la souche ou le « groupe de croissance », les héros grecs nous rappellent que loyauté peut aller avec liberté, altérité avec autonomie de la décision, coexistence et tolérance avec dévouement au bien commun. Librement engagés pour une cause plus grande qu’eux-mêmes : tels sont les personnages d’Homère. Telle est l’invitation qui nous est faite. »

S’instaure donc, pour l’auteur, un temps nouveau du roman : « Parce qu’il prend sa source au cœur des hommes, le roman nous livre des clés inégalées. Dans un monde peuplé de mensonges et de croyances, où les hommes et les nations à nouveau s’éloignent, certains romans sont si puissants, si intemporels, qu’ils nous éclairent d’un feu devenu éternel. C’est sans doute cela, un chef d’œuvre, et c’est dans cette fabrique qu’il est plus que jamais nécessaire de nous ressourcer. »


Hommage à Roger Nimier
Hommage à Roger Nimier
Quand les Sophistes proposaient le règne des jargonneurs
Quand les Sophistes proposaient le règne des jargonneurs
Aristote, l’ennemi des libéraux libertaires
Aristote, l’ennemi des libéraux libertaires

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :