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Alain Delorme peint la lumière en noir et blanc

Alain Delorme peint la lumière en noir et blanc

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Alain Delorme peint en noir et blanc. Cela s’est imposé à lui à la fois du fait d’un handicap (un léger daltonisme) et dans une quête de l’essentiel. En effet, la couleur ne dure pas, elle se travestit avec le temps, la patine, l’usure. Les masses restent, la matière reste, la lumière reste. Il est parti de ce constat et c’est devenu la marque de fabrique du peintre. Ses toiles ont l’élégance photographique des films anciens, l’esthétisme des photos en noir et blanc. Jamais, on ne pourrait penser à les coloriser sans les gâcher.

Ce que l’on observe semble être le souvenir d’une promenade solitaire. Le moment où un paysage n’existe que pour soi est saisi, c’est dire si nous sommes privilégiés. A l’image des grands classiques, Alain Delorme réalise des variations autour d’un sujet choisi, toujours un paysage. Il prend parfois un dessin dans un carnet au moment de sa pérégrination, à chaud en quelques sorte, puis se lance dans deux encres préparatoires et enfin trois peintures. Les encres fixent l’équilibre des masses claires et sombres et les gris permettent de construire la lumière. Ici, ce n’est pas la couleur qui peut porter le sens, mais la matière avec la variété des textures, le mouvement, l’eau, les gris, le dessin. « Ma préoccupation c’est vraiment la lumière, elle est d’ailleurs totalement subjective, peu importe les saisons pour moi. »

Dans son obsession pour la lumière, Delorme fait montre d’un goût pour les arrêtes, les formes, la géométrie. L’arête est la frontière, le lieu où le paysage se caricature et accède au dessin. Il faut des points d’appui pour élever les sens. Dans ces paysages en noir et blanc d’Alain Delorme, il n’y a jamais personne. C’est un choix déterminé et têtu. « J’aurais l’impression d’être dans la narration, d’en dire trop, d’être dans une sorte d’illustration » explique le peintre. Son parti pris est la poésie uniquement. Il veut que les moyens plastiques l’emportent sur le sujet. Pas de personnage… mais pourtant ses arbres dansent. L’arbre squelette semble se faire manège avec ses branches simplifiées qui se tordent et font tourner la lumière autour de lui. Si l’arbre est manège, c’est que les éléments sont là, l’eau, le vent… peints au même titre que les formes. Et à force de variations, les éléments nous amènent à la frontière avec l’abstraction. C’est notre mémoire qui nous joue des tours, ce que l’on retient de notre balade se floute. Il en reste le parfum, le désir.


François Xavier de Boissoudy
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