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Grégory Rateau : De mon sous-sol

Grégory Rateau : De mon sous-sol

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Ecrire ne se commande pas. Cela s’impose à l’être comme un devoir de crier, pas le choix, la poésie serpente des entrailles jusqu’à la glotte, et sort sans discontinuer. Grégory Rateau connaît ça. De mon sous-sol est sortie d’une traite de la bouche de l’adolescent de Clichy-sous-Bois. Il convient de revenir à cet âge comme on revient à sa source, pour se souvenir de pourquoi on écrit. Pas en rentier non, mais en fidélité à celui que l’on était, rester ni enfant ni adulte, rien qu’un témoin, de sa conception ridicule. Au solitaire incapable de trouver sa place dans le monde, il ne reste plus qu’à devenir maudit poète, la seule option possible. Il en est là. Hors de question de devenir un homme… hors de question d’entrer dans l’âge sans âme, l’âge adulte qui réduit l’être à sa fonction sociale. Il vaut mieux encore et toujours être ivre de légende, pariant sur son futur.

Le poète a surgi seul au cœur de la violence, comme symbole de l’incompréhension. Ce long poème jaculatoire a été écrit d’une traite. L’âge adulte est un leurre qu’il faut quitter. « oui il est temps de ne plus jouer cette comédie / d’espérer que la jeunesse continuera / sans attendre d’éloges funèbres ». De mon sous-sol est une longue insulte slamée à l’avenir. Grégory Rateau est ce semblable qui écrit et écrira envers et contre tout, contre toutes les conspirations. Vieillir, grandir, est bien la première des conspirations contre l’être. « La poésie fera ci, la poésie fera ça ! / Elle ne fera rien / elle se consumera. » Nous avons lu le poème, et un goût du sang nous reste dans la gorge, nous avons peut-être crié de concert avec le poète sans nous en rendre compte en fuyant notre métro, en fuyant une banlieue ou une autre, un fuyant notre âge trop avancé.

Je n’avais pas souffert en vain
quelqu’un viendrait
me serait envoyé
une âme à la peine
et ensemble nous réparerions le préjudice

De mon sous-sol, poème de Grégory Rateau, ed. Tarmac, 10€, 52 pages.


Imprécations nocturnes, Grégory Rateau
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Conspiration du réel
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Mon cher jeune ami,
Mon cher jeune ami,

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