Tout le swing de Gilbert Houbre

Texte publié une première fois dans L’Incorrect

En regardant les toiles de Gilbert Houbre, on devine immédiatement le geste du peintre, sa rapidité, sa force, sa nécessité. La fulgurance du geste palpable. Il y a quelque chose de vital dans cette peinture-là. On sent bien qu’il y a eu combat, et que ce que nous voyons en est non pas le résultat, mais son expression permanente, comme si rien n’était figé. Le combat qui a lieu est entre ce que le peintre a observé à l’extérieur et la traduction intérieure qu’il opère. Le corps à corps a lieu, Houbre fait vite, il ne veut pas exécuter l’œuvre mais opérer la rencontre pour que la toile survive toujours au combat.

Gilbert Houbre s’intéresse au vivant, c’est son énergie qu’il veut traduire en peinture. C’est peut-être pour ça que cela continue à bouger sous nos yeux. Tout est corps, tout est chair, tout est vivant. Toutes les formes-couleurs semblent organiques. Houbre travaille à partir de photos de famille ou de photos de presse, qu’il réinterprète. Il est parti du défi de peindre des corps, de saisir la chair qui crie, le mystère de la peau-étendard, et une fois cette chair apprivoisée, il a conféré à toutes les formes-couleur la même vibratilité qu’un corps.

Comme la forme et la couleur se confondent chez Houbre, il va tisser une matrice comme on écrit un texte. Il y a un vrai rythme dans l’ordonnancement proposé. Houbre a un swing. Il joue avec le vide et le plein, le silence et le bruyant, le froid et le chaud, la douceur et la violence. Il veut nous confondre. On croit le voir improviser sur sa grille d’accord de couleur pour créer une ambiance. C’est ainsi que l’énergie se propage jusqu’à nous.

Pour voir les œuvres de Gilbert Houbre :
exposition du 9 au 27 juin 2023 au réfectoire des moines de Tournus, Place de l Abbaye
"la guerre des trois n'aura pas lieu" à la Galerie B+ (1 rue Chalopin, 69007, Lyon) du 8 au 29 juin 2023