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Indécence…

Indécence…

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Indécence est le mot qui revient le plus souvent en tête et à la bouche ces derniers jours. Indécence du printemps, de ce ciel bleu au-dessus de nos têtes bien sûr. Un collègue me disait mardi dernier que la météo après le journal parlé était sans doute l’émission la plus indécente qui soit en période d’apocalypse à la petite semaine. C’est juste. Mais tellement peu de choses semblent ajustées. Gloser sur la situation tel que je fais en premier lieu, et puis faire le malin via les réseaux sociaux en relayant des images animées, des vidéos, pour sourire malgré tout, pour le fun. Indécence des niaiseries aussi vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué et évoquant d’ores et déjà le calme après la tempête, la reprise après l’arrêt, la victoire après la défaite, etc. C’est encore cette foutue manie de faire louange de tout chez ceux qui ont transformé la foi en moyen de développement personnel ! Il y a un temps pour tout, on ne joue pas du tambourin le vendredi saint ! Pour l’heure, notre actualité, ce sont les lits qui se remplissent, les morgues qui dégueulent, les camions militaires qui font la ronde entre les morgues et les crématoriums.

Indécence. Mon fils, mon troisième enfant, m’a lancé au moment de notre exode urbain, « Toi qui te prépare depuis des années à la guerre civile depuis ton canapé, c’est finalement un virus qui met la panique ! » Mais l’un n’exclut pas l’autre, on peut très bien avoir les deux ! Il suffit d’imaginer les conséquences d’un confinement imposé à une population hermétique à l’ordre, il suffit d’imaginer les conséquences de l’arrêt du trafic de drogue, il suffit d’imaginer les conséquences de l’oisiveté des jeunes tandis que des boutiques pleines les attendent en ville. Il est vrai, mon fils, que je ne sors pas de mon canapé pour autant. Indécence.

Indécence. Que cette France qui cultive le déni et voudrait tant croire à la mondialisation heureuse selon Alain Minc, qu’elle croit sur parole les représentants de l’usine du monde. Comment continuer à croire que le plus grand pays totalitaire du monde a eu moins de morts que l’Italie ? Quelle indécence que de masquer derrière nos intérêts commerciaux l’irresponsabilité de ces communo-capitalistes ! La Chine a menti au monde, le mensonge lui est intimement lié, elle continuera de nous mentir. Et nous continueront, en Occident, de nous mentir.

Indécence. Que ce gouvernement qui tâtonne, qui hésite. La cacophonie fut à son comble cette semaine quand, deux jours après nous avoir demandé de rester à la maison, Macron et Muriel Penicaud ont sommé les Français de se remettre au travail. Et puis, on nous dit un jour qu’il faut deux documents pour aller travailler, l’attestation d’employeur doublé de sa déclaration sur l’honneur, puis le lendemain on nous dit que l’attestation d’employeur seule suffit. Après avoir fermé toutes les boutiques, on réfléchit à rouvrir les librairies. Il faut bien garder le réflexe de ménager l’opinion pour une élection à venir. Mais comment pourrions-nous reprendre le chemin du travail dans les mêmes conditions qu’il y a une semaine. La reprise du travail ne sera envisageable qu’avec des équipements de protection individuelle, à savoir une dose de gel hydro-alcoolique et un masque pour chacun. Ce pouvoir semble tout mettre au même niveau sans plus rien prioriser entre la grande distribution, l’électricité, les télécoms, les pétroliers, les hôpitaux, les libraires, les tabacs, les plages, … La vérité est que cet épisode apocalyptique confirme désormais une impossibilité de faire confiance en l’Etat. L’Etat n’est plus fiable ni stable. Nous l’avions constaté à l’aune des conflits sociaux, quand le pouvoir décidait le changement des règles en cours de jeu. Aujourd’hui les fonctionnaires, les grandes entreprises, les experts, en fait tous les sachants, inspirent davantage confiance que les élus. Faudra-t-il un jour que les élites se débarrassent des élus ?

Ce sentiment de perte de confiance dans l’Etat entre en contraste total avec la prestation de Macron qui fut au petit écran, une fois de plus, brillant et dans le ton. Le souci est que Macron est conscient de l’état fictionnel du monde et en joue. Il y ajoute une touche de fiction supplémentaire. Macron n’est juste que dans l’imitation. Cette fois-ci, il a mélangé de Gaulle et Hollande, fallait le faire. Le « je » lévite en permanence comme marque d’un sacrifice personnel au profit de la nation, tandis qu’il tente à l’image de son prédécesseur, le comique de répétition. « Nous sommes en guerre » répond à « Moi président de la République ». Ce tique de langage aurait dû nous faire comprendre que, derrière la posture de chef de l’Etat, se cachait encore un velléitaire ! Indécence que ce comique de répétition. Indécence. Indécence. Indécence.


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