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La vie normale d'un président privé

La vie normale d'un président privé

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Tromper sa compagne est immoral. S’en cacher est mensonger. Persévérer est pernicieux. Pour qui que l’on soit. Mais que notre président ose proclamer, et tant d’autres avec lui, que son comportement personnel relève de sa vie privée, est choquant. L’opinion aurait été en droit d’ignorer ses frasques, si sa vie privée n’avait pas fait une entrée fracassante, avec lui, sur le tapis rouge de l’Élysée au jour de sa prise de fonction. Les citoyens auraient compris la discrétion du président si celui-ci n’avait affirmé, au temps des promesses de campagne (et, murmure-t-on ici ou là, de compagne) avec arrogance que « lui, président… » son comportement personnel serait irréprochable. Les contribuables auraient accepté de voir cette affaire « traitée » comme un dossier privé s’ils n’avaient pas déboursé d’impôts pour assurer à Mme Trierweiler, bureau, cabinet, secrétaire, voyages officiels, réceptions, parole publique, œuvres philanthropiques, logement de fonction, gardes du corps, chauffeur et vacances varoises.

Laissez le président gérer son agenda tout seul


François Hollande traite donc les « affaires privées en privé ». La même réplique, mot pout mot, que celle qu’il avait sentencieusement prononcée le 14 juillet 2012, lorsque les intervieweurs officiels avaient timidement osé demander une explication sur l’affaire « tweetterweiler ». Affaire publique, déjà, puisque des propos publics tenus par une personnalité publique sur un réseau social, contradictoires avec la position publique d’un parti politique, ne relèvent évidemment pas de la sphère privée.

Ainsi donc, les femmes, les sentiments, les relations affectives, les promesses, les projets, l’avenir sentimental se « traitent » comme des dossiers normaux, dans la masse des tâches à accomplir. Ce sont de simples rendez-vous dans l’emploi du temps, qui ne réclament pas d’investissement personnel, d’éthique, de charge émotionnelle, d’engagement sentimental. Cela se traite comme une ligne ajoutée à l’agenda. Un simple possible logistique. Une virée en scooter, ou un dîner officiel avec le président allemand. Une escapade clownesque rue du Cirque, ou un aller/retour au stade Soccer City de Soweto. Selon son « bon plaisir ». Et aux frais du contribuable. Du moment que celui-ci l’ignore…

La revanche masquée du mariage contre le président


Sans lien juridique (pas de mariage), sans passé (5 ans d’ancienneté pour une histoire de cœur, c’est peu), sans mémoire familiale (pas d’enfants), sans patrimoine (voir la déclaration de patrimoine de célibataire) commun, le président a lui-même versé le contenu de sa chambre à coucher dans la sphère publique. Que nous a appris Closer ? Que les échanges de fluides organiques, qui avaient justifié la présence publique et officielle de VT, ne sont pas exclusifs. Rien de très révolutionnaire. Sauf que ce lien privé était devenu la cause nécessaire et suffisante d’une mise en scène publique. Et l’on s’aperçoit dès lors, que ce lien est faible, et en tout cas insuffisant.

Zemmour relève, à juste titre, que cette affaire est « la revanche douce-amère du mariage », qui protège les femmes contre les tromperies de leur mari. Anciens présidents volages, sans doute, mais épouse légitime solidement arrimée. L’équilibre de la terreur en somme. La dissuasion nucléaire. Mais ce « Gayetgate » est aussi la preuve que le mariage noue un lien officiel et juridique entre les conjoints, qu’il serait fou de vouloir supprimer hors d’un tribunal, lien public et officiel, bien plus fort qu’un sentiment ressenti à un moment donné, ou qu’une union charnelle.

Trierweiler a perdu sa seule légitimité de première Dame


La relation sexuelle entre VT et FH était la seule raison de sa présence aux côtés du président. En la mettant en scène officiellement, il a, de fait, rendu publique une affaire privée, et même, plus que privée, intime. Infiniment plus que lorsqu’il a déclaré que VT était « la femme de [s]a vie ». On a souligné l’absence de diplomatie, d’élégance, voire de reconnaissance envers SR. Mais il n’était que candidat, et s’adressait à la presse people pour prouver à l’électeur que sa normalité incluait sa sensibilité. Conquérir le pouvoir était son métier, la bataille dans laquelle il était à tout mettre, tout mélanger, tout mobiliser. À partir du 6 mai 2012, exercer le pouvoir est devenu sa charge, sa fonction. Il devient un homme public. Il ne peut plus opposer son droit à la vie privée dans une situation embarrassante, quand il l’impose au plus haut sommet de l’État, pour faire « normal ».

Qui a rappelé cette évidence ? Qui a posé la question mardi dernier ? Qui s’en est étonné ?

Nous n'admirons pas sa capacité à être aimé en privé


La lâcheté normale d’un président immoral, qui agit en homme badin et menteur, nous saute aux yeux. Notre regard est sans doute beaucoup plus méprisant qu’admiratif pour l’adulescent que nous avons porté au sommet de l’État. N’en déplaise aux observateurs complaisants, nous n’accordons aucune importance, nous ne ressentons aucun attendrissement devant le fait qu’il soit amoureux. Il ne nous semble pas plus humain, plus sympathique, ni plus désirable. Nous n’admirons pas sa capacité à séduire, à être aimé en privé. Nous tâtonnons dans l’opacité des relations qui lient le président au pays réel et public. Les média, qui ne médiatisent plus rien, se contentent de tendre leurs micros pour recueillir la parole officielle de l’auto-justification et du mépris envers le peuple, qui n’a pas le droit aux explications qu’il attend légitimement. Quand serons-nous tous guéris de notre aveuglement collectif ?

VT est sortie de l’hôpital samedi après-midi. Elle était escortée par des motards et gardes du corps de l’Elysée. Direction ? La Lanterne. Elle qui voulait continuer à habiter son appartement parisien pour rester libre et indépendante. Elle qui voulait continuer à travailler, pour ne pas vivre aux dépens du contribuable. Elle qui refusait le terme de Première Dame. Elle qui prend l’avion, ses repas et du repos après son chagrin d’amour à nos frais. Allez, santé, madame ! C’est notre tournée. Ça nous fait plaisir. Le pardon n’est pas l’oubli. C’est Nelson Mandela, à qui vous avez rendu un hommage public et officiel, aux côtés du président, qui nous l’a appris.

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