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Le libéralisme raté et un parti uni(que)

Le libéralisme raté et un parti uni(que)

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Les récentes actualités politiques, depuis juillet 2024, nous surprennent par une certaine violence et par la peur du chaos qui s’installe. Au lieu de voir le président responsable, comme un pyromane coupable, démissionner ou se faire destituer, celui-ci redevient un démiurge incontestable.

Le plébiscite du premier tour de Rassemblement National était un rejet déguisé de la Macronie et du Macronisme et pas seulement : c’était une articulation de la peur que la guerre en Ukraine ne se propage sur le continent. Et aussi c’était une expression de soucis de sujets tels que l’insécurité ou le pouvoir d’achat.

Puis l’hystérie des surmulots et des castors de la politique pour faire un barrage et le vote, certes démocratique, voire « utile », mais incongrue pour l’extrême gauche. Cette démarche a été antidémocratique, infantile et hystérique à l’image du président désavoué mais qui maintient les clés de sa monarchie, qui est non seulement infantile, narcissique, incompétent depuis 2017, et surtout depuis le 24.2.2022 (début de la guerre armée en Ukraine), il parait aussi limité dans son jugement. Sans aucun mandat, sans aucune concertation populaire ou parlementaire, après son voyage en février 2022 à Moscou et à Kiev pour ne pas appliquer le traité de Minsk dont il était pourtant un des garants, avec l’Allemagne, le Président nous a informé que nous allons soutenir l’Ukraine contre la Russie. La suite s’enchaîna. La conférence de la paix de Munich rappelle tristement celle de 1938 à propos des Sudètes.

Il en résulte l’opposé de ce que les urnes ont exprimé : la majorité des votes obtenus sont à droite et l’Assemblée nationale a une majorité relative à gauche. La soi-disant percée de la gauche et de son extrême, La France Insoumise LFI, sous l’étiquette du Nouveau Front Populaire, NFP, est un vol manifeste des urnes au profit de l’adversaire idéologiquement incontestable, plus acceptable da la lignée historique récente, rival encré du réel gagnant de l’extrême droite, le RN. Mais au niveau pragmatique, programmatique et pratique, il semble que les deux forces flirtent avec le marxisme étatique, comme le ministre actuel démissionnaire, Bruno Lemaire, l’avait correctement souligné. Je ne veux pas donner des points au différents acteurs, un tant que binational et travaillant avec des migrants, j’ai du mal à encaisser la haine permanente qui surgit partout de LFI, La France Insoumise, au RN, Le Rassemblement National, en passant par la Macronie, LR Les Républicains, Modem, Communistes ou divers droites… le chauvinisme français est profondément décourageant et navrant. Il n’a rien à voir avec le patriotisme politique, dont la philosophie m’échappe autant que l’islamo gauchisme ou l’islam politique, et la mondialisation du mauvais gout. Je défends la globalisation des marchés, c. à d. l’abolition des barrières artificielles selon Schumpeter, tout en gardant les spécificités culturelles locales.

Venant de L’Est du continent, de la Tchéquie, donc Slave, je suis particulièrement sensible pour voir comment la démocratie occidentale française dégringole vers une idéologie monolithique et une organisation d’un parti unique ou vers une cacophonie parlementaire comme dans mon pays d’origine : La Renaissance qui porte si mal son nom est un agglomérat de divers opportunistes, comme l’était le LREM, La République en Marche. La nouvelle Assemblée Nationale est organisée sur la base d’un barrage fait contre un parti du spectre démocratique. Le parti des Républicains que je soutiens depuis fort longtemps et qui veut jouer un rôle pivot, est moralement disqualifié par sa collaboration « constructive » avec le LREM, La République en Marche, pendant les dernières réformettes dont l’étendard était celle des retraites. Cette réformette fut tellement « vitale, nécessaire et essentielle » que le premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, a pu la suspendre entre les deux tours des élections ! Combien de temps peut-on rester en apnée ? Le nouveau parti unique va du LFI au LR-RN incompatible, tous « démocrates » pour exclure un autre parti et avec lui, 11 millions de voix sur 36 millions de votants qui se sont, bien sûr aux yeux des « démocrates », « trompé ». (NB : Le RN, le Rassemblement National, fut créé en 1972 par le mythique orateur Jean Marie Le Pen et des anciens cadres de la Waffen-SS ce qui lui vaut son rejet encore aujourd’hui.)

Il y a énormément de commentateurs, pamphlétistes, analystes, etc…. et je ne veux pas m’ajouter à cette foule. Mais si je n’ai vu nulle part déchiffrer que la crainte de la guerre était à l’origine du plébiscite du premier tour, je n’ai pas vu non plus une analyse technique ni stratégique du vote « utile » du deuxième tour : la « cohabitation » n’est plus pensable car depuis la réforme électorale, le quinquennat fait du président un super premier ministre qui lui s’efface, et les coalitions de circonstances ne correspondent pas à la structure non proportionnelle (mais majoritaire) des institutions françaises. Mais les deux tours reflètent bien un rejet du libéralisme raté, celui qui n’était pas libéral, pour seulement une petite partie entrepreneuriale (et encore il faut débroussailler son chemin à travers la jungle bureaucratique française !), mais pas du tout pour toute la sphère budgétaire : arts, santé, éducation et recherche, retraite. Ces quatre piliers du totalitarisme comme je les appelle souffrent d’un interventionnisme étatique fort, injuste, inefficace, insupportable basé sur une redistribution injuste, réglementaire, elle-même corrompue. Chaque pilier est un chapitre, mais en quatre mots, pourquoi ces piliers bloquent efficacement l’individualisation de la société en la gardant collectiviste : les retraites par capitalisation sont plus justes car nous travaillons toute la vie pour vivre et nous ne vivons pas pour travailler ; idem pour la santé qui est le plus noble investissement individuel et le capital précieux et non la charge pour autrui, l’éducation doit nous procurer l’ascension sociale et non des diplômes diplômants et inutiles, la science et la recherche non étatique stimule l’invention et l’activité individuelles avec une possibilité d’acquérir aussi la sagesse et, finalement, les arts sponsorisés idéologiques font fuir des spectateurs qui se désintéressent par la suite à la haute culture pour trouver un refuge dans un miasme vulgaire.

Le libéralisme raté est celui qui a réussi implanter des bases du libéralisme schumpetérien avec destruction créative en économie et on a bien observé les effets économiques en développant fortement les micro- et petites entreprises dans les années 1990-2010, mais les effets sont bridés par les impôts, taxes, charges écrasantes et la bureaucratie. Ces démarches ne sont pas accompagnées par la même libéralisation dans les sphères budgétaires. Il n’y a eu quasiment pas d’amaigrissement de l’État providentiel, gourmand et dispendieux.

Le libéralisme raté et sourd continue donc sa marche boiteuse, d’un coté il boite sur le dictat des arts, santé, éducation et science, et retraites selon l’état Léviathan, d’un autre côté, il boite sur les aspirations économiques peu régulées entrepreneuriales.

La France n’a aucune tradition du dialogue, malgré ses prouesses diplomatiques : cette culture de confrontation me semble révolue. A la place du vocabulaire majoritairement agressif : rapport de forces, questions tranchées, combat des idées… on peut voir naitre un autre lexique de coopération, compromis, échange… On ne peut pas atteindre l’harmonie avec le nouvelle Assemblée Nationale dont ni la culture du compromis proportionnel, ni la majorité gouvernementale n’existent. Le parti unique et uni, « tous sauf RN », est voué à une dictature même douce, comme celle d’un parti unique à l’Est du Continent des année 1980 avant la « perestroïka » car la discussion entre fractions ne sera pas suivie d’actes d’opposition. Le consigne de vote est une démarche honteuse.

L’année parlementaire avant la prochaine dissolution s’annonce comme un temps suspendu, comme un plongeon en apnée. Un certain déblocage peut venir de la démission ou de la destitution du président. Mais même un nouveau président avec un parlement incohérent et un barrage au milieu de ses sièges ne sera qu’un camouflé de l’alternance.


Urgence et tragédie
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Han pasado !
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La vague rose marine…
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