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Désespoir

Désespoir

Par  

Le monde est une boule morte.
Aucune pitié.
Juste retour des choses.

Je l’ai déjà vomi.
Juste retour des choses puisqu’il m’a vu naître.
Puisqu’il m’a vu paître.

Parce qu’il me contient cela suffit à me le faire vomir.

Dans un crachat chargé façon propriétaire d’atmosphère à casquette à l’envers, j’ai jeté le tout à mes pieds.
Pelote de déjection, luxuriance dégradée.
Ce monde est une pelote tiède, une pelote fraîchement morte.
Et je m’en moque.
J’éclate de rire. C’est bien fait.

Je loge au cœur de la planète comme une balle de fusil, un point létal.
J’ai bien fait de vomir le monde.
Je réinvente le déluge. C’est mérité !

Le monde est une boule morte rejetée par ma bouche grand ouverte sur un cri écrasé par les deux dimensions d’une photographie souvenir.
J’y loge. Dans ce monde.
Pour qu’il soit toujours mort.
J’y loge pour entretenir mes hauts le cœur, mes mouvements de glotte et de nuque préalables, mes simagrées d’écœurement annonçant l’expulsion de l’ensemble.

Hors de moi puisque j’y suis !
Hors de moi bouboule !
J’expire.

Je veux être le garant de la mort du monde. Je veux qu’il clamse à ma condition.

Ma mort quant à elle a toujours été garantie. N’est-ce pas ? Je joue à domicile.
Epitaphe du lucide : il connaissait déjà la mort.

Tout est tellement prévisible que l’étonnement est forcément coupable. Il faut préméditer non pas la fin du monde, mais le ratage complet de la création. Démontrer l’échec de Dieu par ma simple présence dans le monde. Signifier le gâchis de Dieu. Ne plus rien vouloir dire. N’avoir aucun sens.

Le monde est une boule morte que je vomis parce que j’y suis.


Saint Pétersbourg
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Une bien mauvaise nouvelle
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Coup de gomme
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