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Le sage et le ménestrel

Le sage et le ménestrel

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Il était un pays où l’on aimait les mots.
Poésie, éloquence coulaient des jours heureux,
Les idées fleurissaient en jolis camaïeux,
Le penseur y était célébré en héros.
Hélas en ce royaume vînt une malédiction
On en chassa le Verbe, tout y perdit du sens,  
Chacun de son côté, confiné dans l’absence.
Là où Babel passait, plus de conversation.
Le roi fit convoquer un immortel sage.
Ce scribe, bretteur né à l’encre de sa plume,
Essaya de ses traits de déchirer la brume
Mais le peuple oublieux en dédaigna les pages.
Le royaume s’enfonça dans une terrible nuit
Que désertait la langue en desséchant les cœurs
Qui ne pouvaient traduire leurs joies ou leurs bonheurs.
C’est là que retentit quelques notes de vie.
Un ménestrel usé aux portes de la mort
Se mit à psalmodier son rêve de bûcher
La foule à son exemple se mit à chanter
Et par sa communion se fit rompre le sort.
Voici donc la morale de cette aimable fable :
Qui vide de leur sens les mots dont nous usons
Se fait le serviteur de vile désunion

Une vie heureuse
Une vie heureuse
Le guetteur nu au plein vent
Le guetteur nu au plein vent
Lettres chronophages
Lettres chronophages

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