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Apôtres d’opérette : entre fiction et réalité

Apôtres d’opérette : entre fiction et réalité

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Maximilien Friche nous offre son dernier opus : Apôtres d’opérette. Entre fiction et réalité, nous frayons dans ce roman au milieu des gargouilles et des écrivains dont l’ambition est d’écrire pour la gloire de Dieu et le salut du monde : « Les vraies identités de tous sont oubliées cette nuit. Leurs pseudos ne sont que ceux de la narration qu’ils se sont choisie. » Des attentats sont perpétrés, des attentats contre l’espèce. A Paris, Toulouse et Auch. Un processus trilogique qui a sa signature, « sur la place du Capitole, devant la cathédrale d’Auch et au Bouddha-Bar. »

Friche nous décrit un groupe, son groupe fondé sur l’enthousiasme et l’adhésion à un esprit esthétique : « c’est sans doute ce qui relie le plus ce groupe, ce même goût esthétique, davantage que la crise métaphysique, l’espérance ironique, ou même l’anti-révolution perpétuelle. » Le paradoxe est là, logique de fronts renversés où la quête de l’idéal inaccessible utilise puis transcende la violence : « nous ne sommes pas une société secrète, affirme Maximilien, une secte ou même un groupe terroriste, nous sommes une narration en actes, destinée à déboulonner le monde, nous sommes les agents de l’Espérance, celle de créer un chaos salvifique. » La violence engendrant le salut : voici donc ce bien curieux renversement de perspective, à rebours de la doctrine chrétienne. Mais en est-on si sûr ? N’est-ce pas finalement la clé originale, disruptive dirions-nous aujourd’hui pour paraître moderne : ce choix de l’annonce de la mauvaise nouvelle précédant la bonne, le rappel de la mort sur la scène des hommes oublieux, le tragique réapparu dans l’ordre immémorial des choses ? Marcienne, membre du cercle, dans ses vers, évoque la « danse des morts », itérative et entêtante depuis la nuit des temps, prélude d’une espérance comparable à un très mince filet d’eau serpentant sur une terre aride. « Mors ubi est victoria tua », questionne-t-on dans la nuit de Pâques, et Marcienne, elle, nous partage sa poésie, et nous dansons sans fin :

« Depuis quand les morts dansent-ils ?
Depuis que l’angoisse m’a pétrifié sur place.
Depuis quand les morts ricanent-ils ?
Depuis que la poisse m’a barbouillé la face.
Les anges gardiens ont tous des têtes-de-mort
Ils sont mon futur en impasse
Les agents ailés se fichent bien de mon corps
Et que l’humain ait une masse.
Entrons dans la ronde furieuse,
La danse des morts, le flash-mob égalitaire.
Du squelette voisin, tenons bien la main osseuse,
Le monde se passe de notre chair !
Les squelettes et les corps s’alternent
Sur la fresque de la prédestination des hommes
Les os qui ricanent mettent nos âmes en berne
Font de nos chairs rien qu’une somme.
Les squelettes et les corps s’embrassent
Dans la chaîne interminée des générations
Les êtres à la queue leu leu naissent et s’entassent
Une chance de vivre la passion ?
Les squelettes et les corps se suivent
Et se ressemblent maintenant de plus en plus
Fresque et mur ne racontent rien de l’autre rive
Quand même prier, quand même miser plus.
Urgence Pardon Pénitence Rédemption et basta
Que l’on mette ma chair en Verbe
Je suis illisible mais viable
Il est temps que l’on me traduise en justice. »

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