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C’était le monde d’avant

C’était le monde d’avant

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Surnommé « le biographe des présidents », Eric Roussel, écrivain et journaliste, membre de l’Institut a écrit C’était le monde d’avant, ouvrage dans lequel il partage les évènements et les anecdotes qui ont jalonné l’histoire de la Vème République et de ses grandes figures politiques.

On y trouve celle du Général de Gaulle qui recourut en 1962 au référendum pour faire aboutir la réforme constitutionnelle instituant l’élection du président de la République au suffrage universel direct. En mai 1968, nous raconte Roussel, il fit bloc avec le Premier ministre, Georges Pompidou : « Ils ne partageaient aucune intimité, seuls les rapports hiérarchiques les amenaient à se rencontrer, mais leur culture classique et leur humanisme les rapprochaient objectivement. Grâce à Grimaud, Pompidou put contenir, à la fois, la pression des manifestants, chaque jour plus inquiétante, et la volonté du Général d’en découdre trop brutalement. L’opinion ne s’y trompa pas du reste : pour elle, Pompidou était celui qui avait tenu bon en évitant le pire. Il devint président de la République un an plus tard, en grande partie pour cette raison. »

Notre auteur, qui publia en 2000 une biographie du Général où il confrontait la légende et la vérité d’une vie, poursuit : « De Gaulle, évidemment était inévitable – « hors de toutes les séries », selon l’expression qu’il utilisa pour caractériser son destin après son entrée dans l’Histoire le 18 juin 1940 … Epuisante entreprise. Périlleuse aussi tant les clichés avaient la vie dure. A l’arrivée, mon admiration resta intacte, mais je ne voyais plus le héros de la même façon. En conclusion, je citai le mot du grand diplomate américain David Bruce lors de sa mort : « Ses qualités comme ses défauts étaient de grande envergure – d’une dimension inconnue en France depuis Napoléon. » … De Gaulle n’était pas un modèle de sainteté… Malheur à ceux qui ne voyaient pas les choses comme lui ou qui se mettaient en travers de ses projets. Après son retour aux affaires en 1958, les harkis et les pieds-noirs l’apprirent à leurs dépens. Quelques 80000 musulmans fidèles à la France furent abandonnés sciemment au moment de l’indépendance et périrent, victimes de représailles de leurs compatriotes, souvent odieusement torturés. Les Français d’Algérie n’étaient peut-être pas sans reproche. Ils n’avaient guère manifesté beaucoup de zèle à réclamer l’égalité des droits pour les musulmans. Reste que parmi eux se trouvaient quantité de citoyens sans responsabilité dans le drame qui s’était joué et, notamment, des femmes et des enfants traités sans beaucoup d’humanité. »

La figure de Jacques Soustelle est évoquée : « Son itinéraire est connu. Issu d’une famille protestante d’origine cévenole, il devint dès avant la guerre, au sortir de la rue d’Ulm, l’un des espoirs de l’ethnologie française. Disciple de Paul Rivet, spécialiste des Indiens Lacandons et de la survivance de la civilisation maya, il fut nommé dès 1938 sous-directeur du musée de l’Homme. A partir des accords de Munich, juste à ce moment-là son itinéraire bifurqua… Opposé à l’Armistice en 1940, il rejoint la France libre dès l’été 1940, mène pour le compte de De Gaulle des missions en Amérique latine et devint commissaire national à l’Information puis directeur des fameux service spéciaux de la France libre. » Plus tard, dans l’affaire algérienne, il est indigné par les attentats du FLN et sensible au sort des Européens soumis sans cesse à des exactions. Il pense que le rôle de la France en Algérie est justifié, que les petits musulmans feront de bons Français si on leur enseigne les valeurs républicaines : « Après le retour au pouvoir de De Gaulle, cela le conduira, après un bref passage au gouvernement, à épouser la cause de l’Algérie française, à entrer en dissidence, à s’exiler, à flirter avec l’OAS. »

Inaltérable et infatigable ministre des Affaires étrangères de 1958 à 1968, Maurice Couve de Murville est, dans l’histoire de la diplomatie, un personnage presque légendaire. Mitterrand, quant à lui, est pour notre auteur une sorte de Casanova qui entre à l’Elysée en 1981 : « D’une manière générale, l’économie a fini par se venger de ce président qui ne s’en souciait guère. Dès 1983, une bonne partie du programme réalisé après l’alternance se trouva virtuellement annulée en raison du changement de cap décidé au sommet : passage à la rigueur et priorité donnée à la construction européenne. » Ce moment fut baptisé « le tournant libéral » du septennat.
« Mitterrand surclasse, en revanche, tous ses contemporains, et même une figure comme Talleyrand, par le caractère éminemment romanesque de sa vie. Devant la postérité, c’est en définitive son titre le plus solide, d’autant plus qu’il subsiste dans son itinéraire bien des zones d’ombre et une part de mystère que l’on ne percera jamais. »

Les portraits de Mendès France, Jean Monnet, Brossolette, Giscard, Chirac, Le Pen et d’autres se succèdent en autant de courtes fresques qui aident utilement à comprendre cette époque révolue, le XXème siècle, où la France compta dans les affaires du monde plus qu’elle ne compte aujourd’hui.


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