Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Et Houellebecq fit ouin ouin

Et Houellebecq fit ouin ouin

Par  

Evénement ! Houellebecq a poussé un nouveau livre hors de ses tuyaux ! Il faut se précipiter… sans doute pour la dernière fois après une série de déceptions. Avec Quelques mois dans ma vie, la tête de gondole des rayons livres ne fait pas œuvre de littérature, mais simplement de justifications vis-à-vis de scandales médiatiques autour de sa petite personne. Il produit une sorte de témoignage pleurnichard pour attendrir le grand juge de l’opinion et ainsi, peut-être, maintenir son lectorat le plus large possible. Le pauvre veut faire pitié : « J’entrai véritablement en enfer, j’y suis encore aujourd’hui. » Deux sujets sont donc traités : ses propos sur l’islam et sa participation à un film porno.

L’autojustification niaiseuse du pornocrate vénal

Sur l’islam, il transforme ses outrances écrites pour Front populaire, en juste mesure. Il ressent le besoin d’édulcorer ses « sempiternelles chamailleries avec les musulmans » pour échapper à toute condamnation pour incitation à la haine raciale et explique au passage qu’il considère comme scandaleux qu’Onfray refuse de retirer de la vente le hors-série où il avait accepté de paraître en une. Houellebecq fait le niais pour nous pointer du doigt le philosophe qui est vraiment très méchant. Le véritable motif est sans doute encore plus mesquin, puisqu’il regrette d’avoir témoigné gratuitement et estime que son manque à gagner avec le maintien du hors-série s’élève à peu près à 225 000 €. Il n’a pas fait l’effort de calculer combien de livres ça lui a fait vendre, mais passons sur l’exactitude du raisonnement économique pour ne s’attacher qu’à la conscience que l’auteur a de la valeur marchande de sa moindre virgule. L’écrivain est avant tout un homme d’affaire, il n’oublie pas de rappeler ses origines de gauche pour continuer d’être partout, il nuance ses propos réacs tout en les rappelant pour à la fois rassurer les macronistes et conserver les zemmourriens, il se vautre dans le porno pour ses vieux lecteurs New Age d’une gauche élitiste et pour exciter quelques conservateurs sous cape culturelle. C’est le en même temps de Houellebecq qui lui permet d’élargir sa base de consommateurs.

Le deuxième sujet qui occupe quasiment les trois quarts du livre est sa participation à un film porno. Ayant perdu son procès, il produit son témoignage public pour conserver l’opinion. Au passage, ça lui fait une rentrée d’argent facile. Quand on perd ses procès, l’écrivain sait qu’il lui reste encore l’arme du livre. Sa justification est méandreuse : oui il aime le porno mais pas tout ; oui il a tourné quelques scènes avec une espèce de prostituée du net mais c’était à des fins de divertissement dans l’ignorance naïve que le compte de ladite prostituée était public ; oui il a signé un contrat pour tourner des pornos avec une espèce de maquereau souteneur de la partenaire mais il n’a pas lu toutes les clauses (peut-être l’écrivain ne sait-il pas lire…) ; oui ils ont tenté de tourner des scènes à trois avec sa femme mais tout ça s’est mal passé et le courant n’est pas passé… Et comme tous ces gens se quittent fâchés, il se dit que rien n’a existé, qu’il faudrait tout effacer. Comme le maquereau refuse, comme le maquereau gagne son procès, Michel vient pleurnicher comme un incontinent entre nos mains. Il ne regrette rien, non surtout pas ! Pour celui qui considère la sexualité comme la plus grande joie de sa vie, la pornographie n’est qu’un divertissement innocent. Ce pornocrate assumé, revendiqué, est bien plus coupable que Sade qu’il qualifie de dégueulasse, car il nie le mal. Cette espèce de gamin malsain a produit sa propre loi morale pour dégager en touches toute responsabilité. Quand Sade se drape du mal pour l’assumer et le montrer dans son continuum le plus vertigineux, lui s’en nappe dans une philosophie de comptoir : y’a pas de mal à se faire du bien ! En ce sens, il s’inscrit pleinement dans le monde qui métastase le pêché contre l’esprit pour en faire le bain du peuple dans sa vie ordinaire et dont l’objectif est d’introduire le monde des backroom chez madame Michu. Mais passons là-dessus pour revenir à la morale de l’écrivain plaintif et contempler ses aphorismes de comptoir : « Comme chacun au fond le sait, l’élément le plus important dans la sexualité est l’amour. » Il nous donne sa vision de la loi morale, il nous fait donc la morale ! La bonne farce ! Le libidineux pisse-copie jouit dans tous les sens, nous explique en nous salissant l’importance de certaines combinaisons sexuelles mais, il a des sentiments ! Nous ne sommes pas des bêtes tout de même ! Un écrivain a forcément une âme ! Rien n’est moins sûr. Houellebecq n’existe plus, il n’est plus que sa seule forme médiatique. L’être social a dévoré l’être lui-même. C’est son grand remplacement à lui. Cela lui permet d’être sacrilège avec le sentiment le plus haut, celui qui nous rend le plus humain, l’amour.

Houellebecq l’a-littéraire

Un écrivain écrit toujours. Celui-là nous prouve avec son dernier objet qu’il n’écrit jamais. En temps ordinaire un écrivain fait feu de tout bois pour faire œuvre de littérature, même une recette de cuisine pétille, là nous voyons que dépouillé de l’artifice narratif, Houellebecq écrit comme un pauvre type. Il se révèle un impuissant littéraire véritablement. L’écrivain est aussi faux, méprisable et inintéressant que ses personnages. Il s’affirme paumé, décalé, inadapté, rongé par l’aboulie et l’indifférence vis-à-vis de tout et de lui, cependant, au-delà de la forme, nous constatons juste le contraire, nous voyons un homme habile, intéressé par son succès et l’argent, très investi dans la réussite de ses entreprises. L’écrivain est faux tout comme les personnages de ses romans. Anéantir et Sérotonine furent de très mauvais livres rachetés par ses précédents et quelques phrases de génie dans un océan sans sel. Ce petit livre noir censé le blanchir nous a permis, au-delà de la perte de temps, de faire une relecture de l’ensemble de l’œuvre de Houellebecq et de définitivement tout jeter de cet étalage égotique. Il cite Lermontov pour se hisser au niveau de tous ceux qui écrivent à l’infini sur lui. En parlant d’un « portrait composé des vices de toute une génération, dans leur plein épanouissement », il se l’applique à lui-même pour permettre la glose psycho-sociale de son œuvre. Cette œuvre n’est effectivement qu’une littérature miroir qui flatte tous les gloseurs qui s’y mirent. Houellebecq ne dit jamais rien (il n’a rien à dire) et la place qu’il laisse vide attire comme par une loi physique des tonnes de commentaires intelligents et flatteurs pour ceux qui les produisent. Et nous prenons tous collectivement l’ensemble de l’œuvre et de ses commentaires pour l’œuvre elle-même, mais disons-le, les livres de Houellebecq sans la glose des prétentieux, ne sont rien, ils forment un creux où tout le monde se love pour faire partouzer ses neurones.

Michel maîtrise le filon et balance quelques clefs de lecture de ses livres pour hameçonner les peines à jouir de Saint-Germain et déclencher leur glose précoce. « Je suis souvent considéré comme un auteur pessimiste. ». Pas par moi ! Pour être pessimiste encore faut-il voir au-delà de son nombril. « Je ne crois pas aux idées, je crois aux gens. » Ah la belle personne ! Je raffole de ce genre d’auto-déclaratif à la fois niais et prétentieux. On croirait entendre une miss France. Et il continue pour ceux qui le croient philosophe (il a peut être envie de revenir en une de Front populaire, qui sait ?) : « Je ne crois pas à la matière davantage qu’à l’esprit. » Mon Dieu, il expose son néant ! Puisqu’on vous disait qu’il n’y a rien dans Houellebecq, ce n’est qu’une concavité qui aspire pour conduire chacun qui se reconnait dans ce néant à produire le raisonnement qui sera flatteur pour lui. La glose se déverse à l’infini dans l’œuvre de Michel Houellebecq comme dans un puits sans fonds, une glose infatuée d’elle-même qui flatte ceux qui la produisent et se font la concurrence comme des chercheurs en fouille archéologique. Eureka ! J’ai trouvé, Houellebecq nous dévoile le néant abyssal de l’homme post-moderne, quel génie ce Michel !

Tout ce que fait Houellebecq est désormais sacrilège. Oser accéder au livre pour faire sa petite plainte est sacrilège. Oser assimiler le sentiment amoureux à ses parties fines, on l’a dit, est sacrilège. J’ai tout lu. Je ne lirai plus rien. Passons tout ça aux oubliettes. J’espère que ma sénilité m’apportera l’oubli de l’avoir lu, l’oubli d’avoir perdu mon temps. BHL venu consoler le pornocrate-vénal lui déclare : « La littérature gagne toujours à la fin. » Puisse-t-il dire vrai ! Gageons qu’elle aura leur peau à tous deux alors.


Houellebecq : celui qui ne sait ni écrire ni vivre
Houellebecq : celui qui ne sait ni écrire ni vivre
Tsss… Houellebecq, Houellebecq !
Tsss… Houellebecq, Houellebecq !
Soumission de la personne humaine
Soumission de la personne humaine

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :