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L’antiracisme devenu fou

L’antiracisme devenu fou

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Le philosophe et essayiste Pierre-André Taguieff a publié L’antiracisme devenu fou qu’il a, sans ambiguïté sur ses intentions, sous-titré Le « racisme systémique » et autres fables.

L’introduction du livre va droit au cœur du problème : « La situation étrange, cocasse et inquiétante dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui pourrait, avec un zeste d’ironie, être décrite de la façon suivante : dans les démocraties occidentales, des victimes prédestinées ou professionnelles du racisme accusent en permanence des racistes par nature ou par héritage culturel d’être les causes de leurs malheurs. Il n’est nul besoin de préciser que les racistes ainsi accusés sont toujours et nécessairement des « Blancs », ni que les victimes du racisme sont toujours et nécessairement des « non-Blancs » ou des « personnes de couleur ». C’est aujourd’hui l’évidence même. Et cette évidence idéologique se situe au cœur d’une vision politique du monde fondée sur les différences de couleur de peau, à la fois manichéenne, victimaire et identitaire, qui s’est baptisée « antiracisme » et dont les adeptes prétendent lutter contre un « racisme » largement imaginaire. »

Avec, et par conséquent, une inversion étonnante de perspectives : les antiracistes imaginaires s’ingénient à accuser de racisme ceux qu’ils ne reconnaissent pas comme antiracistes, c’est-à-dire comme semblables à eux. La spirale victimaire et la course à la mémoire battent ainsi leur plein : « L’« éveillé » néo-antiraciste milite d’une manière nouvelle : il ne prépare pas une révolution afin de réaliser une utopie, il accuse, dénonce, appelle à l’exclusion, voire à la mort sociale et culturelle des coupables qu’il désigne. Il vise leur « annulation », dans le vocabulaire de la « cancel culture ». Il exige aussi des « réparations », d’une façon insatiable. Il agit comme un symptomatologiste, un inquisiteur et un épurateur, en état de vigilance permanente dans une société qu’il perçoit comme structurée par quelques oppositions, les principales étant dominants/dominés et racisants/racisés. »

Mais les idéologues néo-antiracistes ne s’en tiennent pas là. Par la magie de l’intersectionnalité -le croisement et le cumul des discriminations supposées-, qui emprunte à la thématique néo-féministe, ils ne cessent de fabriquer des catégories de super-victimes ; la super-victime par nature et culture peut être ainsi caractérisée : personne de couleur, femme, lesbienne ou trans (et plus largement LGBTQIA+), pauvre, obèse, handicapée. La société atomisée que ces idéologues dangereux souhaitent ériger, larmoyante et éternellement créancière des agressions qu’elle subirait, doit être en soi la réponse aux quatre fléaux absolus : le privilège blanc, le patriarcat, le capitalisme, l’hétérosexualité. Dès lors, à leurs yeux, le biais idéologique a un parfait droit de cité, l’obsolète neutralité axiologique chère à Max Weber devant disparaître de toute étude sociologique ou sociétale pour permettre la réparation des fautes du passé et du présent.

Portés par le souffle américain ou encore par le propos vengeur du turc Erdogan fustigeant le racisme institutionnel français, les activistes du décolonialisme vont à loisir dénoncer le « privilège blanc » et le « racisme systémique » opérant en France, temple de « l’islamophobie d’Etat » masquée par le « mythe de l’égalité républicaine ».

Comment sortir d’un tel marasme intellectuel et moral où le simplisme le dispute à l’absurde, s’interroge-t-on à la lecture de l’ouvrage de Taguieff ?

L’auteur a cette phrase en guise de réponse : « On connaît le mot de Tocqueville : « La tyrannie n’est rien d’autre que la démocratie se mettant en congés d’elle-même. » De la même manière, on pourrait dire que, désormais, le racisme n’est rien d’autre que l’antiracisme se mettant en congé de lui-même – au point de se retourner contre lui-même. »

Plus profondément, notre intellectuel reprend le mot du philosophe Coleman Hughes qui invite à mettre en avant l’idée simple mais fondamentale que ce que nous avons en commun est plus important que ce qui nous divise et nous oppose.


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