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Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.1

Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.1

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Les racines philosophiques de la société libérale : Épisode 6

Fils d’un trésorier papal, il mène dans un premier temps une vie agitée, partagée entre la politique militante, le libertinage et l'étude… Son acte philosophique politique est fondateur, puisqu'il introduit l'amoralisme en matière politique : une manière positiviste,  moderne, de dire qu’il introduit l’immoralisme… L'homme est un intrigant et malgré des déclarations plutôt démocratiques, il flatte le clan des Médicis, ses bourreaux,  afin d'obtenir d'eux un poste rémunéré.

Machiavel se moque de la morale, de la bonne foi, de l'équité, de la droiture. La fin justifie toujours les moyens. Personnellement, il est au fond, totalement incrédule : le Christianisme n'est envisagé par lui que comme une idéologie purement politique. Il n’envisage pas les finalités spirituelles et transcendantes. Comme plus tard Nietzsche, il n'y voit qu'un facteur d'affaiblissement et de décadence pour la société définie comme une guerre continuelle où les plus prédateurs doivent s’imposer selon la nouvelle loi de la nature clamée par les anglo-saxons.

La plupart de ses contemporains et successeurs immédiats l'ont eu en haute estime, Descartes lui-même l'admire, avec quelques réserves, mais Spinoza plus encore. Etonnamment, Rousseau fait son éloge : il estime que le traité du Prince est « le livre des républicains »… Pour Rousseau, Machiavel, bon démocrate au fond du coeur, aurait voulu dégoûter les citoyens par une noire description du tyran…

I. Afin de savoir qu'en penser, nous devrons distinguer chez Machiavel sa définition du meilleur régime politique et les relations entre morale et politique.

1) Le meilleur régime.

De conviction, Machiavel est certainement républicain, voire démocrate.

Bien que, connaissant la France, il admire le régime capétien pour son équilibre ferme et souple à la fois, il reste très individualiste et préfère les « états populaires » à la monarchie. Il fera ainsi l'apologie du peuple, quoique celui-ci puisse être trompé selon l’intérêt du moment. Il estime qu'il y a opposition nécessaire entre l'intérêt du Prince et celui du pays, et qu'un seul prince mauvais est pire qu'une mauvaise assemblée. Machiavel sera par ailleurs un patriote italien, désireux d'unifier son pays.

2) Morale et politique.

Machiavel veut légitimer l'immoralisme politique : l’idée d'une fécondité plus grande des vices que des vertus (voir plus tard Mandeville) est une constante de son attitude. On le verra encourager (par opportunisme arriviste) César Borgia, duc de Valentinois, à supplicier ses ennemis ou  louer la république romaine : c'est toujours la négation de la morale sociale qui l'anime. L'œuvre de Machiavel est ainsi en contradiction avec Platon et Aristote, qui ont toujours revendiqué la primauté du bien moral sur l'utilité empirique et sur la raison d'Etat.


Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.2
Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.2
Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.4
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Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.3
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