Machiavel, chantre de la liberté du Prince ep.3
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III. Une politique positiviste et pragmatique
Nicolas Machiavel est avant tout un positiviste : un analyste des faits sociaux. Il inaugure ce que l’on peut bien appeler « l’ analyse politique de la conjecture à partir d’ un événement présent » en évaluant les intentions manifestes ou cachées des décideurs, leurs intérêts, les forces en présence, les enjeux et les chances de succès.
On ne peut pas comprendre Machiavel si on ne comprend pas que c’est un homme qui a fréquenté les princes de ce monde : il occupe la charge de secrétaire de la seconde chancellerie de la république de Florence avant d’être rattaché à la magistrature des « Dix » qui était l’organe chargé des affaires extérieures. C’est ainsi qu’il a été à plusieurs occasions envoyé comme émissaire de sa Cité dans de nombreuses villes Italiennes et a rempli des missions diplomatiques en France et en Allemagne. Il observe les bouleversements survenus en Italie dès 1494 qui devient le théâtre d’une guerre de conquête et d’expansion territoriale de puissances étrangères. Après la chute de la république de Florence, Machiavel ne cesse de faire allégeance aux nouveaux maîtres du moment, les Médicis et va demander en vain de reprendre du service.
« Le sort ayant fait que je ne sais discuter ni de l’art de la soie, ni de l’art de la laine, ni des gains et des pertes, il me faut discuter de l’Etat ».
Finalement résigné à son sort, il passe ses journées à s’encanailler et à jouer aux cartes dans les tavernes et le soir, se met à la lecture des textes anciens et à l’écriture. Dans une lettre célèbre, il dit revêtir le soir des habits royaux pour converser avec les hommes d’Etat anciens. Ce qu’il vise maintenant comme Thucydide dans ses histoires, c’est un « acquis pour toujours » : se faire un nom dans l’histoire.
Le statut de la vérité est chez lui issu du scepticisme. Son argumentation est fondée sur la vérité de fait et non sur la vérité de droit définie par la raison. Son approche est celle du diplomate pragmatique, du fonctionnaire soucieux de l’efficacité pratique à donner des règles de conduites et des conseils selon les circonstances.