Thibault Biscarrat, Maelstrom
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Thibault Biscarrat, Maelstrom
L’abîme est glacé / Les corps sont lourds
Nous amorçons le recueil de Thibault Biscarrat par une poésie de la chute. Nous lisons ces courtes phrases, ces discrètes respirations en nous disant : jusqu’ici tout va toujours plus mal. Alors sachons patienter, un ver en bouche, sachons contempler la fin. Finalement, rien n’a changé, nous sommes Enfants de Lascaux. Nous avons toujours peur et nous sommes toujours en quête d’un refuge. Le monde que nous avons engendré et qui désormais s’effondre, nous tient toujours pour inadaptés. Pas viable dès le début, aucune raison qu’on s’en sorte dans le monde qui s’effondre.
Nul n’est indemne / Le réel est une blessure
Les lettres sont mortes ? C’est donc que l’on ne nous répondra plus. De quoi de moins en moins se plaindre, de quoi se refugier dans le mot et abandonner la phrase, se réfugier dans le son, rejoindre les oiseaux peut-être ? Pour ne pas rester inadaptés, encore et toujours, il reste l’art. L’art qui nous justifie et nous imagine une bonne place ailleurs. Si la civilisation a chuté avec nous au-dedans, il nous reste également la nature comme temple, chambre d’échos de notre chant.
Le haut vol est béni / Voici les symphonies du soir
Est-il un chemin droit comme la mélodie d’une flûte ?
Il convient d’aller jusqu’au bout de la vocation de la poésie : ressusciter. La traversée des textes le rend possible.
La mort déjouée ; le chant parait
La première partie du recueil de Thibault Biscarrat, Maelstrom a vu la poésie se dépouiller jusqu’à l’Haïku pour tenter le pied de nez dans la chute. Comme dans des sables mouvants, il ne faut surtout pas se débattre, l’enjeu est le souffle, rester vivant et le prouver dans le souffle d’une poésie la plus brève possible. Dans la deuxième partie du recueil, Règnes et métamorphoses, le poète se fait lyrique à outrance. Il repeint le monde avec son monde intérieur, il badigeonne son temple en enthousiasme. Nous le constatons, le poète n’a pas une langue mais plusieurs, il les parle toutes, il est toujours l’homme de la Pentecôte. Dans la même logique sacramentelle, le poète ne cherche jamais à convaincre, il dit les choses, il parle avec autorité et se fait source d’aphorismes : l’innocence est un souvenir incréé. La poésie donne des ailes comme la foi permet de bouger les montagnes. Je suis sûr que le poète n’est pas loin d’avoir un corps glorieux.
Ma poitrine soulève l’Horizon, les frontières mouvantes et infinies.
Thibault Biscarrat, Maelstrom, ed. ars poetica, 92 pages, 18€