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Cercles intérieurs, Thibault Biscarrat

Cercles intérieurs, Thibault Biscarrat

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Avec Cercles intérieurs publié aux éditions Conspirations, Thibault Biscarrat signe un recueil de poésie d’une rare puissance. C’est que derrière la dérisoire existence de ce petit livre d’or, se cache une ambition démesurée, celle de mettre toute la mystique de la Bible dans un poème et de recommencer à chaque page. Traduire la Bible en poème, faire échouer le Livre dans ses vers. Il nous livre donc un « fragment du Livre éternel et indivis », fractale toujours recommencée de la Bible. Oracle du poète !

Cercles Intérieurs est un triptyque : La nuit souveraine / La septième demeure / Un talisman redoutable. Séries de variations en trois mouvements pour dire la promesse. « L’humanité rêve d’un seul Livre, des diverses intonations d’un Dieu d’encre et de papier. » Le poète a des visions et il nous en fait part, il partage. Il ne s’agit pas de réenchanter le monde mais de s’ouvrir soi-même au chant du monde par lequel parle le Dieu non révélé. Le poète écrit à haut débit pour ne pas laisser de place à la laideur, pour manifester que le poème surabonde toujours.

La première partie est une espèce de poème épique de l’amour. Il y a un couple élu. Le Dieu est non révélé et « le verbe s’incarne dans notre amour véritable. » On pense bien sûr au Cantique des cantiques. Le poème est aussi récit de voyage. Il s’agit de revenir. Ce retour chanté et scandé transforme la source en devenir. « J’écris à chaque seconde pour faire naître le Verbe au plus près de ton âme. »

La septième demeure est respiration du matin. Petit mouvement au cœur du livre qui nous apporte la confirmation que le poète est prêt à remplir sa mission, à recevoir la parole qui fera de lui un prophète. « Je dois vivre au plus près du Livre. » Il s’agit de confondre vivre, écrire et prier. Les faire converger dans sa chair et en apporter la preuve dans le poème chanté. Fusionner le poète et le messager et faire du petit volume d’or un livre témoignage.

Un talisman redoutable, le dernier mouvement de ce recueil laisse la parole au Dieu non révélé. C’est lui qui parle, le poète l’introduit comme un Moïse, comme celui qui aurait pris l’habitude de dialoguer avec son Seigneur : « Il m’a dit » Et que t’a-t-il dit ? Il envoie le poète en mission, en fait un prophète. « Poète, tu siégeras à ma droite. » La responsabilité est grande. « Tu devras écrire jusqu’à la fin des temps. » Ainsi, le poème qui devient permanent semble abolir le temps. Au risque de se répéter d’ailleurs, et peu importe. Pourquoi ne pas répéter ce que l’on ne comprendra jamais totalement et toujours davantage ? Il dit encore : « Que tes mots soient une prière d’encre et de papier. »

Le poème toujours recommencé. « L’écriture est une épiphanie », c’est-à-dire une manifestation de l’éternité dans l’ici et maintenant. Le poète aurait bien tort de ne pas être à la tâche en permanence comme son père est à l’œuvre. « Il existe un poème pour chaque seconde. » « Tout advient, tout chante, tout se répète. »

Cercles Intérieurs, Poésie de Thibault Biscarrat, Conspirations éditions, 94 pages, 9€


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