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Europe morte au cadavre encore lâche !

Europe morte au cadavre encore lâche !

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L'Europe de la paix n'existe pas. Si elle a un jour pu exister, ce qui n'est pas certain, elle est morte en Yougoslavie, par les massacres, par les horreurs subies puis généralisées d'une guerre politico-civile, religieuse et partisano-ethnique, orchestrée par les anciens commensaux et complices de feu Tito, ses dauphins saignants ou manqués, depuis largement défunts pour certains, d'autres encore accrochés au pouvoir et toujours comme alors, jouant sur la carte nationaliste et ex-communiste dans le pays.

L'Europe fut lâche face à la Yougoslavie, incapable d'action. Ne sachant que suivre à la fin les USA et l'Otan, dans un pays en décomposition, éclatant et brisant tout et tous : en guerre civile et ethnique, de Sarajevo jusqu'à Dubrovnik martyrisée, guerre multiple et sauvage, marquée aussi sinistrement et étroitement par les 78 jours des bombardements massifs de l'Otan sur Belgrade. Belgrade, symbole voulu mais qui ne réglait rien du tout. Le maire était le petit-fils du général Mihailovic, austère, fervent et patriote rival de Tito. Ce maire de l'ère otanienne à Belgrade, ce descendant du héros trahi par les Alliés entre 1944 et 1946, c'était alors un bonhomme courageux, adversaire résolu, lui, de Milosevic, ce caméléon marxisant-nationaliste plus que cynique et sordide. Quant au premier Mihailovic, si facilement calomnié par les journalistes pressés, c'était qui donc, ce grand-père du patriotisme yougoslave ? Un combattant, un vaillant, un monarchiste, opposé aux Allemands et à Tito, ce fut donc, abandonné par les Occidentaux, au final, l'Infortuné, le général fusillé. Qui fut le De Gaulle yougoslave.

Belgrade, donc et son bombardement otanien. Constatons. Ce dernier cas bombardé, et le reste avant, cela déjà valait bien un crime de guerre. Pour une paix manquée ensuite… L'Europe dite de la paix était donc déjà au moins moribonde. La Yougoslavie montrait à la fois l'arrogance et la faillite des logiques de l'Otan, la faiblesse politique et la faillite publique de l'ex-URSS.

La Yougoslavie est passée (presque sur le ton funèbre d'un anglicisme de mauvaise cuisine langagière et peu diplomatique), et l'Europe a cru se prolonger. Mais c'est chez elle, aujourd'hui, largement, que les Etats-Unis entendent prolonger aujourd'hui, face à la Russie, avec la Chine aux arrières, en guetteur, leur volonté et leur triste théâtre tragique d'une version très chauffée et risquée de la fameuse guerre froide…  Donc, l'Europe servira de tatami de bombes possibles. Si j'ose dire ! Faute de pratiquer elle, et directement, au bénéfice de ses peuples, un certain art martial, mettons un karaté diplomatique, ou un judo du même ordre, utilisant les forces de chaque adversaire pour raisonner faire venir à la paix, et au bon arbitrage, l'ensemble des combattants tout comme celui des provocateurs restés dans les coulisses.

Le vrai quant à l'Europe, c'est qu'elle s'est largement détruite encore et toujours, en suivant en Irak les mensonges de M. Colin Powell et de l'équipe et de l'équipée Bush fils. Elle s'est aussi achevée en version rampante ou de bombardement, avec la France de M. Sarkozy, rembarquée dans le comité directif de l'Otan, avant de sombrer en Libye . Elle est aujourd'hui étouffée par ses compromissions et ses facilités, sa veulerie devant l'islamisme terroriste notamment, même et surtout frappant sur son sol.

L’Europe est résolument lâche : quant à son passé ; quant à son Histoire ; quant à ses racines ; quant à son sens de la vie. Et ses logiques de guerre et de finances…
Europe, ton Histoire meurt, tes symboles s'effacent, tes peuples sont laissés seuls, par toi.
Toi, la sans foi. Toi, aux lois tragiques ou ridicules. Toi, sélective et méprisante.
Europe lâche, sans mémoire…
Pas sans guerre.
Mais ostensiblement sans courage ni vertu aucune, Europe non gouvernante, assommante pourtant, vague monstre qui avance mais qui abandonne et sacrifie tout.
Europe sélective, pro-turque, tolérante envers ceux dont M. Zelensky armant les Azéris (ce qui vaut bien un crime de guerre, notamment au Haut-Karabagh), Europe qui se fout des Arméniens comme elle se fout en fait des Ukrainiens en tant que peuple, Europe qui ne comprend rien, Europe des marchands d'armes et des banques, Europe sans charité ni diplomatie, Europe, tu me dégoûtes, sans plus du tout me surprendre.
Europe, tu choisis l'alignement de l'Otan. Tu choisis donc la Turquie (son plus gros effectif !), en ayant dans ta bureaucratie la lourdeur des régimes communistes les plus staliniens. Eh bien, voilà qui confirme que tu n'es qu'une usine d'armements au profit de l'Allemagne d'un chancelier orgueilleux, après tant d'autres.
Adieu, Europe actuelle. Je me contenterai de la vieille Europe, celle qui savait pourquoi vivre, se battre et prier.

Je me retire sur mon Aventin, un Aventin intérieur. Je ne prendrai plus part au moindre débat public, plus rien avant très longtemps. Epoque veule et larvaire. Qui accepte des zones de guerre partout, du moment que l'Amérique gâteuse et politicienne est d'accord, quitte à jouer des boutons, de l'atome et de la bombe à outrance et en service rapide. Eh bien, sans moi ! Cette époque mérite de se faire cracher au visage, triste prosopopée inutile, sans patrie, sans ferveur, sans hauteur, sans grandeur. Epoque sans force, sans morale et qui me fait vomir !

Voilà, c'est dit ! L'Europe n'est plus qu'un cadavre lâche, qui risque, en réarmant l'Allemagne dans une forme de joie féroce et étrange, dans un consentement trouble, de fabriquer des cadavres en masse parmi les peuples qui sont encore sur son pont, sa coque, son tillac. L'Europe politicienne et affairiste (avec la large complicité étatique française actuelle, à diplomatie décapitée, à parole absente et froide ou manquée, sourde et faussée) reste une forme vide, vidée, mais finalement dangereuse, fatale et dangereuse. Elle est une étrange morte qui marche et nous conduit, sans autre foi ni espérance aucune, vers la mort générale.

Le bilan de l’Europe ? Un échec global quant à la confiance de ses peuples. Puis des échecs et des suivismes évidents, sordides et tragiques : le martyre yougoslave, sans rien y régler, avec l'Amérique clintonienne (elle : pour faire oublier ses turpitudes et ses mensonges, entre robe sale et clitoris) et suivante également criminelle. L'abandon de l'Afghanistan —par Biden, puis par l'ambassadeur navrant de la France, quelles images ! — le martyre de la Libye, l'abandon enfin de l'Arménie, et le maintien de la guerre (et non la recherche d'une paix définitive) en Ukraine. L'entrée dans la guerre après le signal Biden-Pentagone. Enfin, le réarmement lourd de dangers de l'Allemagne satisfaite. Et la marche somnambulique vers une potentielle et complète troisième guerre mondiale, cette fois-ci, nettement atomique.

Une "Apocalypse en édition populaire", évoquée déjà par Michel Audiard. La fin risquant d'être rigoureusement ignoble, par refus généralisé de tous moyens diplomatiques. Comme si le seul mot de "paix !", comme si le seul mot de "diplomatie", de "solution négociée", comme si vraiment tout ce vocabulaire ne formait en somme, d'Amérique en Europe et jusqu'en Turquie gouvernementale et fréquentable, qu'un blasphème…

Alors, face à cette certitude armée, dotée de missiles et de bombes, la parole devient suspecte, puis gênante pour de bon. Quand la musèlera-t-on ? Mais, voyons, d'Europe en Amérique et jusqu'en Turquie, voilà qui est déjà fait… Et l'Europe se montre zélée en la manière comme en la matière… Tout cela signe un bilan de mépris de la vie. On ne construit pas ainsi, on détruit. Et l'on bascule la Russie non vers l'Europe mais vers la Chine, et l'on fait de la Turquie une puissance sans limite, ou qui, au moins, impunément, en Arménie, face à la Grèce, face à Chypre, ailleurs, se croit libre de n'avoir aucun arrêt dans ses abus.

Quant à l'Europe … Qu'est-ce donc ? Plus rien, sinon une forme rampante, moribonde ou inerte, qui tue, fait tuer, ou laisse tuer. Qui abandonne ses peuples, tout comme d'ailleurs elle abandonne froidement, sans souci, en s'en fichant, dans le sordide métier qui est devenu le sien, celui isolé, courageux, magnifique devant Dieu et devant la triste et inactive pitié des hommes et de l'Homme, celui, noble et martyrisé de siècle en siècle, de l'Arménie…

Toute parole face à cela ne rencontre que des monstres froids. Et une masse écrasante de lâcheté primaire. J'en suis hélas convaincu. Mais c'est une conviction vaine. D'où le retrait et l'Aventin intérieur à long terme !

Seul, en soi, on peut rester un peu plus libre, respirer et pleurer, respirer et prier !


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