Le sens de l’Eglise
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Les éditions Chora continuent d’exhumer des auteurs et leurs textes qui servent la culture, l’intelligence et la soif de spiritualité qui sourd chez nombre de nos contemporains. Ici, dans l’ouvrage Le sens de l’Eglise, ce sont les conférences tenues dans les années 1922 par le prêtre catholique et théologien Romano Guardini qui nourrissent le lecteur en quête de vérité et de réflexion profonde.
Quelle est cette Eglise souvent vilipendée, soumise aux tempêtes, qui garde et proclame envers et contre tout, depuis deux mille ans, la bonne nouvelle du Christ mort et ressuscité?
C’est celle capable d’affronter les vents de la modernité et d’affirmer à temps et à contre-temps les vérités sur l’homme et sur Dieu : « Je crois que personne, à moins de vouloir maintenir une position dépassée, ne doute sérieusement de la réalité de l’âme. On parle d’un « monde des choses spirituelles », c’est-à-dire que le psychique est déjà suffisamment reconnu comme réel pour y voir un ordre entier ontologique qui transcende l’ordre sensible. Pour la science, la difficulté demeure cependant de trouver comment passer de ce déni dogmatique, dépassé et mensonger, au fait inévitable et incontestable que l’âme existe. Et il est tout aussi évident que Dieu est. »
Guardini explique que chacun nous est un proche, mais aussi que chacun est un monde en soi d’une valeur irremplaçable. De là découle une joie enthousiasmante : nous sommes frères et sœurs, nous sommes un peuple. Le théologien se défie néanmoins de l’homme moderne, « d’apparence déracinée, mesquine et vide de valeur », tel que l’ont engendré l’humanisme et les Lumières : « Un type d’homme qui a délaissé l’espace organique de la vie psycho-physique pour tomber d’une part dans l’abstrait et d’autre part dans la simple corporéité ; qui a délaissé le lien essentiel avec la nature pour se retirer dans un espace artificiel ; qui a délaissé la communauté pour s’isoler. Sa plus profonde aspiration doit être de redevenir « peuple » ». Le brillant ecclésiastique décrit le passage d’une société holiste à la société anomique des individualismes patentés, ce qui constitue un glissement puissamment pervers : « La simple addition numérique d’individus n’obtient jamais qu’une masse informe ». Le désir d’un retour à la communauté est une étincelle qu’il faudrait susciter dans le cœur de l’homme. Il y aurait à réhabiliter « la signification ontologique des faits moraux » assurant la cohésion sociale : l’essence de la famille, de la société, de l’Etat, de la loi, du bien, et plus encore.
L’individu chrétien ne peut se tenir à l’écart de l’Eglise. Consubstantiel parce qu’appartenant au tout qu’elle représente, le chrétien qui se montrerait indifférent serait dans la pire des postures. Le membre doit se soucier du corps entier. Guardini rappelle à toutes fins utiles que nominalisme et personnalisme de la Renaissance ont œuvré au détachement de l’individu d’avec la totalité de la société. Et le phénomène ne s’est jamais démenti depuis. Aimer l’Eglise est la plus grande grâce offerte au chrétien : « L’Eglise est le lieu spirituel où l’individu se voit confronté à l’Absolu. » Mis face à l’Infini, l’homme comprend qu’il est limité jusque dans son être le plus profond mais aussi que seul l’Infini le comble.
Puissions-nous connaître l’avènement d’une morale catholique retrouvée, d’une société reconstruite sur l’intérêt général, le sens de la nation, le tout œuvrant à la sauvegarde de notre civilisation et à la recherche de la Vérité.