Ukraine : de Ioulia à Tymochenko
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Ukraine : de Ioulia à Tymochenko
Par Guillaume de Mazalle
23 février 2014 20:00
Après des semaines d'affrontements dans les rues, après des jours de discussions entre les parties et les chancelleries européennes, c'est en quelques heures que la majorité pro-russe s'est effondrée. Tymochenko, qui avait été battue dans les urnes par Ianoukovitch en 2010, fait un retour éclair sur le devant de la scène politique ukrainienne.
Vendredi, après la conclusion d'un accord entre le pouvoir ukrainien, l'opposition et la diplomatie européenne, la situation semblait pouvoir s'enliser, ou du moins tarder à évoluer, la feuille de route ne prévoyant qu'une élection présidentielle au cours de l'année 2014. Pourtant les événements se sont accélérés dès le lendemain.
Difficile pour l'heure d'expliquer une telle déroute, des éléments cruciaux nous sont nécessairement inconnus. Dès les premières heures du jour, les rats quittent la navire, parmi lesquels plusieurs députés du parti au pouvoir. Perdant ses appuis, le président du parlement donne sa démission. Les forces gouvernementales, celles-là même qui jusqu'à présent acceptaient de tirer sur le Peuple, ont déserté le quartier gouvernemental. L'armée déclare officiellement sa neutralité dans la crise.
S'il est suicidaire pour un régime autoritaire de ne pas faire tirer sur le Peuple, ce nouvel épisode ukrainien montre que la terreur ne suffit pas. N'est pas Bachar El-Assad ou Vladimir Poutine qui veut… Ianoukovitch n'était qu'un tigre de papier, capable de tuer mais incapable de régner. Bien qu'il n'a pas été arrêté dans une quelconque Varennes ukrainienne, chacun a compris que le président a pris la fuite. Le parlement donne le coup de grâce : la déchéance est votée.
Ianoukovitch écarté du pouvoir, se pose maintenant la question de sa succession. L'enjeu est majeur, puisque ce sont les vives tensions au sein des forces composant la Révolution Orange de 2005 qui a conduit l'Ukraine au retour de Ianoukovitch au pouvoir. En 2005, deux personnalités dominaient le mouvement révolutionnaire : Viktor Iouchtchenko et la célèbre Ioulia Tymochenko. Tous deux usés par le pouvoir et par leur déchirure, c'est dans les urnes que le candidat de Moscou avait pris la présidence en 2010.
Il y a fort à parier qu'à Kiev le plus difficile est à venir. Une nouvelle lutte se fera bientôt jour entre Tymochenko, la martyre fraichement libérée, et Klitschko, le leader de cette nouvelle révolution. Heureusement pour l'Ukraine, le rapport de force semble largement déséquilibré cette fois. L'égérie de la révolution orange, rompue à l'exercice du pouvoir, reconnue à l'international et oligarque de longue date, devrait prendre très vite l'ascendant sur son adversaire. Angela Merkel ne s'y trompe pas puisqu'elle l'a déjà contactée ce dimanche pour l'appeler à œuvrer en faveur de l'unité de l'Ukraine et de l'opposition.
À l'intérieur de l'Ukraine non plus, la popularité de Tymochenko ne fait pas l'ombre d'un doute : à peine libérée, sur ordre du parlement, là voilà acclamée par les manifestants de la place Maïdan. « Maintenant je suis de retour », prévient-elle. Arrivée en fauteuil roulant, mais distillant des paroles de combattante, elle allie à la perfection la force de la parole politique et la légitimité affective du martyr : une Ségolène Royal ukrainienne, le talent en plus. Les pions s'avancent délicatement en vue des combats à venir, ce sont déjà deux de ses proches lieutenants, Olexandre Tourtchinov et Arsen Avakov, qui ont été désignés aux postes hautement stratégiques de Président par interim et Ministre de l'Intérieur.
Un tigre de papier
Vendredi, après la conclusion d'un accord entre le pouvoir ukrainien, l'opposition et la diplomatie européenne, la situation semblait pouvoir s'enliser, ou du moins tarder à évoluer, la feuille de route ne prévoyant qu'une élection présidentielle au cours de l'année 2014. Pourtant les événements se sont accélérés dès le lendemain.
Difficile pour l'heure d'expliquer une telle déroute, des éléments cruciaux nous sont nécessairement inconnus. Dès les premières heures du jour, les rats quittent la navire, parmi lesquels plusieurs députés du parti au pouvoir. Perdant ses appuis, le président du parlement donne sa démission. Les forces gouvernementales, celles-là même qui jusqu'à présent acceptaient de tirer sur le Peuple, ont déserté le quartier gouvernemental. L'armée déclare officiellement sa neutralité dans la crise.
S'il est suicidaire pour un régime autoritaire de ne pas faire tirer sur le Peuple, ce nouvel épisode ukrainien montre que la terreur ne suffit pas. N'est pas Bachar El-Assad ou Vladimir Poutine qui veut… Ianoukovitch n'était qu'un tigre de papier, capable de tuer mais incapable de régner. Bien qu'il n'a pas été arrêté dans une quelconque Varennes ukrainienne, chacun a compris que le président a pris la fuite. Le parlement donne le coup de grâce : la déchéance est votée.
Quel avenir pour l'Ukraine ?
Ianoukovitch écarté du pouvoir, se pose maintenant la question de sa succession. L'enjeu est majeur, puisque ce sont les vives tensions au sein des forces composant la Révolution Orange de 2005 qui a conduit l'Ukraine au retour de Ianoukovitch au pouvoir. En 2005, deux personnalités dominaient le mouvement révolutionnaire : Viktor Iouchtchenko et la célèbre Ioulia Tymochenko. Tous deux usés par le pouvoir et par leur déchirure, c'est dans les urnes que le candidat de Moscou avait pris la présidence en 2010.
Il y a fort à parier qu'à Kiev le plus difficile est à venir. Une nouvelle lutte se fera bientôt jour entre Tymochenko, la martyre fraichement libérée, et Klitschko, le leader de cette nouvelle révolution. Heureusement pour l'Ukraine, le rapport de force semble largement déséquilibré cette fois. L'égérie de la révolution orange, rompue à l'exercice du pouvoir, reconnue à l'international et oligarque de longue date, devrait prendre très vite l'ascendant sur son adversaire. Angela Merkel ne s'y trompe pas puisqu'elle l'a déjà contactée ce dimanche pour l'appeler à œuvrer en faveur de l'unité de l'Ukraine et de l'opposition.
À l'intérieur de l'Ukraine non plus, la popularité de Tymochenko ne fait pas l'ombre d'un doute : à peine libérée, sur ordre du parlement, là voilà acclamée par les manifestants de la place Maïdan. « Maintenant je suis de retour », prévient-elle. Arrivée en fauteuil roulant, mais distillant des paroles de combattante, elle allie à la perfection la force de la parole politique et la légitimité affective du martyr : une Ségolène Royal ukrainienne, le talent en plus. Les pions s'avancent délicatement en vue des combats à venir, ce sont déjà deux de ses proches lieutenants, Olexandre Tourtchinov et Arsen Avakov, qui ont été désignés aux postes hautement stratégiques de Président par interim et Ministre de l'Intérieur.