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L'Équipe est morte

L'Équipe est morte

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Longtemps j’ai lu L’Équipe. Ce fut mon art de la mémoire. En tournant les pages, ma vie remontait et j’y reconstruisais toujours ma demeure où que je sois, à Paris comme à New-York, sur la terre, dans les airs et souvent dans les chiottes. Un ancrage. Bien sûr, je ne lisais plus ces dernières années que les titres, le contenu étant devenu une vaste comédie métallique, si loin de la dimension tragique des héros d’antan, mais je continuais ma gesticulation quotidienne, comme on fait sa gymnastique chinoise, très lentement, avec l’amplitude du geste, les bras tendus, comme un Christ Pantocrator.

Mon père ne lisait jamais L’Équipe : « Comment peux-tu lire un journal collabo ? » Loués soient Onesta, fils de républicain espagnol, et les handballeurs de l’Équipe de France pour avoir saccagé les locaux de L’Équipe, à leur retour de Londres, clamant dans le désert médiatique de la bien-pensance : « Les collabos vont être tondus ! » Ils m’ont rendu la voix de mon père.

Les nouveaux collabobos qatariens de L’Équipe viennent de transformer la maquette du journal de ma vie. Une petite pastille l’annonce en couverture : "Nouveau Journal". C’est dur à avaler. Ils ont changé le lieu de ma mémoire en espace publicitaire. L’Équipe est morte.

Une déroute pour former les bleus du XV
Une déroute pour former les bleus du XV
Les Bleus déçoivent… encore !
Les Bleus déçoivent… encore !
Les Bleus ne déçoivent pas, les Bleus, c'est nous
Les Bleus ne déçoivent pas, les Bleus, c'est nous

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