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Le dos large

Le dos large

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Notre pays en particulier, notre continent, la société occidentale en général, traversent une crise de la culture sans précédent dans l'histoire doublée d'une crise morale grave. La culture devient de plus en plus élitiste, réservée à quelques privilégiés appréciant surtout ce qui flatte leur orgueil. Les enfants ne lisent plus, les adultes non plus. L'appétence pour la littérature se réduit progressivement à un cercle d'initiés. Les écrivains d'ailleurs ne savent plus ne parler que d'eux-mêmes et surtout d'eux-mêmes faisant pour la plupart leur psy en public dans leurs ouvrages. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils écrivent mal, mais il y a comme un rétrécissement de l'imaginaire…

Le mot culture lui-même devient une lubie de « bobo », une manie de bourgeois de gauche. Cela devient une excuse de beaucoup d'ignorants pour se justifier de leur inculture. Ils ne sont pas comme ces prétentieux, eux, c'est pour cela qu'ils n'ouvrent jamais un livre, ne vont jamais au musée…

Cette crise de la culture touche tous les milieux, les plus aisés comme les plus pauvres. Il est de bon ton dans la haute société de se prétendre autodidacte, de se dire mauvais élève, mais un mauvais élève ayant finalement réussi mieux que les premiers de la classe…

Et lorsqu'il s'agit de désigner un responsable, systématiquement l'école est mise en accusation sans parler des ministres de l'Education Nationale, excepté peut-être le dernier, réputé presque réactionnaire alors que dans la substantifique moelle de son discours on trouve encore le même pédagogisme que chez Meirieu ou Najat Vallaud-Belkacem. Si la culture n'est plus transmise, c'est la faute des profs qui sont laxistes avec les étrangers, tous gauchistes, démagogues et nuls de toutes façons car il est bien connu qu'on les intègre selon des moyennes ridicules au concours à l'enseignement.

N'en jetez plus…
L'école a le dos large !

Curieusement, sur le terrain, les professeurs gauchistes, anciens de 68, sont pour beaucoup encore plus réactionnaires que les réputés réacs. Je pense par exemple à mon ami Denis Colin, philosophe, ancien libertaire, et pourtant soucieux de transmettre aux élèves un peu de son immense culture classique. Il l'est plus que Vincent Badré, jeune historien dit politiquement incorrect, qui quand on discute un peu avec lui, que l'on creuse son discours a rigoureusement la même rhétorique que les autres enseignants.

Notre société a une école qui est son exact reflet peu réjouissant.

Ce n'est pas l'école le premier lieu de transmission de la culture ou d'idéaux, rappelons le, mais la famille. Si les parents ne lisent pas, les enfants ne liront pas. Si les parents ne vont pas au musée, les enfants n'y mettront pas les pieds. Si les parents n'écoutent pas de grande musique, pourquoi leur progéniture s'y intéressait-elle ? Et bien entendu, si les parents ne se soucient pas de transmettre des valeurs morales, leurs gosses s'en ficheront complètement…

…Et par qui déjà ces profs montrés comme incultes et incapables ont-ils donc été éduqués ? Comment pourraient-ils avoir le goût pour des domaines auxquels personne n'a songé à les initier ?

Parfois, certes, un professeur peut donner cette étincelle aux enfants. Mais c'est extrêmement rare. Il faut aussi que le terreau soit propice, déjà un peu cultivé. S'il est en friche ce sera beaucoup plus difficile, un travail de patience, le professeur devra faire preuve de beaucoup de patience et d'abnégation. Et de ceux-là il en existe encore quelques uns bien que l'on préfère toujours montrer l'arbre qui cache la forêt. Ainsi les parents se défaussent, ce n'est pas de leur faute si leur enfant est un cuistre ou un ignare, c'est celle de l'école.

Il est aussi quelque chose que tout le monde oublie. La culture est d'abord une question de sensibilité. Il s'agit d'y être sensible. Si devant une peinture de Rubens, ou des pages de Chateaubriand, on reste coi et sec, c'est qu'elle est absente, ce n'est pas qu'une question de savoir ou d'érudition. Il faut dire que ces enfants plus sensibles aux arts, dans une société qui glorifie un abject darwinisme sociale, souffriront bien plus que les autres…

Après avoir lu cet article je ne saurais trop conseiller à l'internaute me lisant d'éteindre son ordinateur, son téléphone et d'ouvrir un livre après s'être confortablement installé dans un bon fauteuil ou sur un transat abrité par une ombre propice. C'est tout ce qu'il y a à faire…


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