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Bras d'honneur et calibre 49.3

Bras d'honneur et calibre 49.3

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Après les bras d'honneur moulinés, sans rémission ni démission à la clé, à la représentation parlementaire, après avoir voulu se payer le plaisir dans bien des domaines graves et sérieux d'emmerder les Français, le gouvernement du jour, si craintif devant le vote, prend à vif et sans étonner j'imagine grand monde, à nouveau, le risque du 49.3 face au pays. Absolument pas une surprise. Mais une évidence. Sordide et simple. Celle d'un usage de trop (sinon, stupéfiant) de ce moyen de gouvernement. Rappelons qu'à l'origine le 49.3 a été conçu non pour l'usage abusif mais pour sortir des blocages quand les lois et projets comptaient pour l'ensemble des Français, allant dans leur bénéfice ou dans le sens d'un bien général quoique contrarié par des caprices partisans.

Son usage actuel, moins capricieux en apparence, apparence floue et relative, que du temps de la gauche et du gouvernement de Michel Rocard, autre époque de majorité relative - parce que le 49.3 en dernière tendance est de fait, lui, déjà réformé et limité -, est manifestement pourtant d'un calibre lourd. Ce bombardement du 49.3 dans l'ère Macron n'est pas exactement massif. Soit, ce n'est pas un tapis de bombes ou un barrage complet, mais à coup sûr, c'est un recours excessif, et qui va excéder bien du monde.

Preuve de trouille et de mépris envers les usages parlementaires, preuve aussi de lâcheté publique et politique. Preuve, encore et enfin de crispation personnelle, présidentielle autant que gouvernementale, et d'un certain "personnel" politicien. Qui dans cette phase ultime et potentiellement très grave ne conjurera pas la crispation, elle aussi évidente, du pays ! Qu'on ne nous rétorque pas qu'il y avait dans l'affaire de la réforme des retraites ainsi conclue en force (mais sans véritables forces politiques concrètes, absolues, palpables et vérifiables par le vote, par la légitimité du vote), une quelconque ou réelle : urgence nationale. Ce serait là un aussi gros mensonge que les chiffres mal fagotés et si mal présentés publiquement sur le régime des retraites et son financement par le gouvernement.

L'actuelle réforme qui passe encore une fois en force quant aux retraites n'a visiblement pas l'assentiment du pays, je ne parle pas en disant cela des poignées de syndicats et du maigre pourcentage qu'ils représentent, elle n'a pas la moindre portée ni valeur durable quant à la gestion du problème des retraites en France, et cela notamment parce qu'elle est orchestrée et tronquée déjà dans les chiffres qu'elle manipule. Vanité et insincérité s'y répondent et répandent. Réforme faite par vanité toute personnelle, égocentrique et exclusive, pour essayer de convaincre enfin que les quinquennats Macron 1 et 2 auront pu servir à quelque chose. Or, Macron 1 et Macron 2 n'auront été qu'un orgueilleux et sectaire néant, aux ralliements puérils et stériles…

Disons-le clairement, sans abus, sans matraquage, sans retard, le gouvernement se fiche ouvertement du pays, et si certains membres de ce ministère se comportent grossièrement envers les parlementaires, ces derniers ne sont pas en reste non plus; ils sont là, inertes et ineptes comme farouchement inaptes, depuis des mois, incapables de mettre le gouvernement devant la faillite de toutes ses responsabilités, allant, parlant, chantant mais enfin: chicanant pour ne jamais voter efficacement aucune des possibles et bien nécessaires motions de censure, qui sans leur hésitation permanente, sans leur défaillance volontaire, sans leurs absurdités répétées, enfin, sanctionneraient légitimement un tel amateurisme d'État. Et celui, de seule constance aussi, des garants de l’État : ainsi, élus ou agents et acteurs de l'Exécutif national et élus de la Nation se montrent indignes à égalité de leurs fonctions ou de leurs charges, et hélas, cela pour beaucoup d'entre eux, certes pas tous. Se ficher du pays est une chose déjà inacceptable, au sommet des responsabilités publiques - qu'importe d'ailleurs le degré, qu'importe l'échelon à considérer.
Mais que les parlementaires acceptent encore une fois, une fois de plus et abusivement menée ainsi, une conclusion aussi abrupte et forcée, faite et imposée en raisonnant et menaçant encore et toujours via un dosage supplémentaire dans le mépris, qu'ils acceptent encore d'en passer par l'usage sévèrement et grossièrement dégainé du 49. 3, tous groupes parlementaires confondus et mélangés ici, globalement pris donc, ce serait une inefficacité de plus, une inefficacité de trop. Qui signerait aussi leur indécence définitive devant le pays…

Voter la censure, d'où qu'elle vienne ou soit proposée, enfin, et sanctionner ce gouvernement et son mépris d'évidence s'imposerait, du moins si le monde politicien français avait quelque logique forte et quelque dignité et fermeté.

Depuis des mois, nous assistons dans ce pays si anciennement policé et désormais plus politicien et stérilisé que jamais à des caprices multiples, sans valeur ni bonheur, mais pas sans portée néfaste, hélas… L'amateurisme vulgaire de la Nupes, la lâcheté du groupe LR, la servilité des divers groupes de la relative majorité, l'inefficacité de l'ensemble des forces parlementaires dites ou proclamées d'opposition, toute leur incapacité à s'entendre et à se former solidement et dans une logique de combat net et clair contre les fausses urgences et les risques de sorties, les fausses routes et les serpentins intérieurs et les dérapages guerriers et internationaux du gouvernement, l'un des plus orgueilleux, des plus ineptes et des plus coupables de ce long temps républicain en cinquième mouture fatiguée, voilà qui en dit long sur la "valeur faible", comme l'exprimait in extremis Malraux, de notre temps et de ses troupes politiques et publiques, moins agissantes en vérité que "réagissantes", si l'on ose employer ce mot.

On pouvait penser ce que l'on voulait du Général de Gaulle, et de certaines de ses méthodes en temps de crises majeures, mais il n'avait pas envoyé dire aux Français qu'ils étaient des veaux. Le drame est que cela vaille toujours aussi fortement aujourd'hui, face aux armes lourdes de l'arsenal gouvernemental, dans un débat retranché et aussi coincé et entravé désormais que celui des retraites, débat sans urgence absolue, mais pas sans conséquences problématiques prochaines, et dans un avenir politicien probablement compté désormais, compté peut-être rudement. Cela n'est qu'une des faces du drame, d'ailleurs. La logique des veaux est en effet tragiquement valable pour nos parlementaires du jour, apparemment sans volonté, sans conviction franche, et de maigres ressorts. Elle est plus grossièrement valable et démontrée aussi par les successeurs du Général de Gaulle. Qu'il s'agisse du gouvernement, ou qu'il soit question du fiévreux degré de caprice de son représentant présidentiel actuel. Malheureusement.

Le 49. 3, c'est le thermomètre actuel et factuel le plus mal placé qui soit pour guérir d'une fièvre générale. C'est le suppositoire politicien, l'artillerie certes pas fondante quoique dotée des périls classiques de la manipulation de la glycérine sous ses diverses formes, y compris de barrage antiparlementaire, moyen laissé au bénéfice étroit d'un gouvernement à la logique de sous-chef de rayon ! Et le dernier recours d'un garnement présidentiel qui se bouche autant les yeux que les oreilles face aux réalités de mépris qu'il a tout fait, depuis 2017, pour entretenir, nourrir et aggraver. Et dans lesquelles, apparemment, il fait tirer de temps en temps, en monarque animalier étrange et réjoui mais non lucide, un coup en hiver, un coup en été, au gré de saisons et de logiques déréglées par ses soins indifférents ou abrupts, quitte à s'y complaire en espérant ensuite l'étang si balourdement par lui troublé, tant qu'il y croit gouverner, devenu soudain tranquille…

C'est là un faux système, et hautement dangereux. Il faudrait bien, enfin, et hors du "et en même temps" agaçant, irritant et trompeur, si fallacieux et faussement mielleux, que M. Macron s'en rende compte. Son 49.3, son attitude généralisée de mépris, ce "tout ensemble" du "et en même temps", c'est une mauvaise médecine autant qu'un sale et mauvais jeu d'allumettes… Déjà que M. Macron, triste imitation en masque amer de M. Jourdain ou du pauvre Georges Dandin de versions mal jouées et mal apprises à l'école, volontairement ne comprenne rien à Molière, voilà qui n'est pas sans gravité. Mais qu'il manipule les chiffres si mal, ainsi que plusieurs de ses ministricules et si curieux serviteurs sectaires ou mal embouchés, voilà qui ne devrait pas le réconcilier avec l'esprit vif du sieur Blaise Pascal. Ni nous… avec M. Macron et ses sbires de gouvernement et sa clique de fâcheux !

On peut tout craindre des suites de l'absence de logique de gouvernement du sire ou du roitelet mal chantant et déplumé que devient de mois en mois le président Macron, y compris qu'il maltraite au knout ou à la baguette prussienne, et toujours plus, par aveuglement et par indifférence cruelle, le pays, et qu'il finisse et en "même temps" et tout sourire affiché en vue d'une prochaine campagne présidentielle passée en force, elle aussi, en 2027, par penser que tout se règlera. Qu'il agisse au final, en ténor furieux de l'opéra mauvais et non sentimental qu'il joue et crie, ou comme en ayant mal tiré profit des hautes et belles morales ou nettes et ironiques ou graves moralités des fables, des pépites de La Fontaine, en fonction de ses violents et trop stricts désirs, de ses grimaçants effets de comédien sinistre, et de ses exclusifs jugements de cour. Ceux de la cour de l’Élysée ou de celle de Matignon, actuellement et vraiment, rendront peut-être les Français blancs de dépit ou noirs de colère. Traits de caractères profonds, tragiques, mais pour le moment, rentrés ! Jusqu'à quand donc ? Face aux Français, qu'avons-nous ? Une inertie parlementaire, ou une dérive groupe par groupe. Et aussi, un gouvernement aux allures et méthodes voyoucrates, si l'on peut dire : bras d'honneur puis calibre 49.3 en pogne ! Quelle honte !


Guerre à la fessée !
Guerre à la fessée !
10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
Ils viennent jusque dans nos bras !
Ils viennent jusque dans nos bras !

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