Découvrez la collection Mauvaise Nouvelle, aux Éditions Nouvelle Marge.


Les Français, ces abandonnés par l’État…

Les Français, ces abandonnés par l’État…

Par  

La France et les Français sont placés entre la mexicanisation et l'amnésie volontaire de l'État face à la violence imposée en continu.

La "mexicanisation" constatée, violence et corruption du Mexique appliquées à la France, c'est chez nous d'abord le résultat de placer l’État face à ses manquements réguliers, à son absence d'action et de réaction pourtant nécessaires. Si la "mexicanisation" proclamée en France par l’État n'est qu'un masque jeté devant les drames, qu'un mot policé et politisé utilisé devant ce qui relève de l'urgence d'agir et de la nécessité de son devoir protecteur envers son peuple, ce mot ou ce concept ne sera qu'un masque-trouille de plus et de trop. Voire un pousse-au-crime. Prenons garde aussi à un autre aspect, oublié mais possible, de la comparaison mexicaine : celle qui concerne la longue tradition de fabrique dans son armée de bien plus de généraux que de soldats efficaces.

Par ailleurs, pour répondre plus vite que l’État, face à la sauvagerie que subit quotidiennement le peuple français, l'humour et l'humeur ne suffisent plus, même si la meilleure formule nous est, pour les deux mots, encore et valablement, fournie par feu Michel Audiard: « La coexistence pacifique ne se conçoit qu'entre gens du même monde… Elle peut même ne pas se concevoir du tout ! »

Si l'on peut admettre que toutes les époques du passé ont été difficiles, rien n'empêche d'y trouver du répit, de la grandeur, des beautés réelles. Et cela n'interdit en rien de dire que, par trop d'aspects, notre temps, notre présent traversé, ce temps plus ou moins long, qu'il soit enfin subi ou même consenti, rien n'interdit d'affirmer avec clarté, franchise et force qu'il est essentiellement et en profondeur déplorablement inscrit dans une dominante navrante.

Que la violence sache hélas exister de toute Eternité, soit. Mais l'on n'est pas obligé de donner face à la violence actuelle, si généralisée, une forme d'admiration par lassitude, une forme de soumission par lâcheté, une forme de panique molle et de résignation par débilité de forces pour s'y opposer.

Ce qui s'est passé à Poitiers (et que réfute avec une effronterie minable un certain nombre d'aveugles et d'aveuglés volontaires, parlementaires et partisans ou non), ce qui se passe à Rennes, ce qui se passe dans l'Ardèche ou la Drôme depuis un an, ce qui se résume à revolver, au couteau, à la hache ou via diverses armes de puissances multiples, ce qui bouleverse non seulement les grandes villes de France, mais largement aussi, et de plus en plus, ses villes et villages plus modestes par la taille (mais pas moins importants par leur réalité profonde et leur valeur exacte et nette), de ce que l'on appelle souvent avec trop de mépris, la province, et de toute la province (en oubliant la beauté vive et claire de ce mot bien taillé, réel et doux à l'oreille), ce qui vise et menace la jeunesse de ce pays, ce qui assassine bien des innocents, ce qui blesse bien du monde en France et donc, partout en ce pays, c'est une forme de sauvagerie constatée, analysée, décortiquée de déjà longue date, mais c'est aussi une forme folle de rage contre laquelle trop de responsables et de gouvernants, trop d'acteurs publics semblent résolus à l'accablement, à la trouille molle, à l'abandon, au découragement total et plus facile à vivre pour eux, enfin.

Or, ce découragement ne serait qu'un signal de consentement abject.

Une violence massive, une forme aussi d'aveuglement ou de prétention dite élitiste et de fait d'abord lâche, voilà ce qui est placé en face-à-face.

Il ne suffit pas de constater l'ensauvagement, de mesurer qu'il y a désormais une forme d'hystérisation largement répandue et accomplie chez la truanderie juvénile ou non, il ne suffit pas non plus de constater le refus de la citoyenneté sereine par une massive et de plus en plus active réunion d'enragés, partout en France, des enragés pour lesquels le simple fait de voir d'autres qu'eux exister devient un prétexte à la haine, à la violence gratuite, à la violence la plus féroce et la plus sanglante.

Bien des abandons sont d'abord de la responsabilité et de la volonté de l’État lui-même, et l’État lui-même justement a trop oublié ou trop donné d'ordres de résignation devant la sauvagerie élargie, devant une véritable guerre déclarée par des violents absolus et résolus, devant des groupes maffieux qui tiennent rues et quartiers, qui tiennent aussi à bien des profits, à bien des trafics. l’État en premier lieu n'a pas le devoir d'acheter à tel ou tel groupe de "Grands frères" autoproclamés et à féroces prétentions " la paix sociale". L'Etat n'a qu'un seul devoir, entièrement dépendant de lui et qui devrait le définir exactement, devoir régalien de premier lieu et de prime importance : celui de protéger le peuple entier et si menacé dont il a la charge et la responsabilité.

Un État qui oublie que sa justice et ses moyens n'ont qu'un but premier, l'entière protection par lui de son peuple, n'est qu'un Etat sans mobile, sans réalité, sans essence, sans vertu et sans valeur aucune.

Il ne sert à rien, au sommet de l’État - et de ce plus haut sommet jusqu'au moindre des échelons et degrés -, de hululer des valeurs et de se draper dans diverses prétendues lumières - voire Lumières - il ne sert à rien d'afficher des prétentions musclées ou des assurances morales après tout, quand, au bout du compte, cet État -là et ceux qui l'incarnent, prétendent encore le diriger, même quand cette direction se fait au défaut essentiel du service, ce fameux service qui définit strictement ce qu'est d'abord un ministre -, il ne sert à rien de prendre un certain ton ou de donner une certaine "image" quand on ne se limite qu'à la parole, toutes résolutions étant mortes en fait, quand on joue en vain avec la seule capacité de décision qui y demeure, quand ceux qui auraient dû agir et frapper juste depuis si longtemps, évoquent, se dispersent, palabrent et toujours ou décidément ne se bornent à rien qu'à l'inaction, qu'à l'incantation stérile, et, au final, à ne jamais plus défendre personne ni rien en France. Et clairement et strictement : en France, et d'abord : les Français. Ces abandonnés. Disons-le clairement, ou plus clairement encore. C'est l'impuissance de l’État, impuissance volontaire, par consentement criminel et sordide, c'est l'impuissance la plus virulente de l'Etat, il convient de le hurler et de le redire, de le répéter autant de fois qu'il sera nécessaire : c'est l'absence de volonté et le refus d'action de l’État depuis trop d'années, c'est l'admission voire la paralysie volontaire de l’État devant le fanatisme déterminé et assassin froid, surtout, qui a tué Samuel Paty. Et tant d'autres belles figures avant lui, puis, hélas et encore, après…

C'est l'absurdité d'affirmer la nécessité d'un "vivre ensemble" mou, en refusant de voir d'abord la rigueur nécessaire et valable d'une primauté du "bien vivre ensemble" cher à Aristote et à tant d'autres lucides esprits de civilisation franche et honnête, qui a conduit à tant de tragédies sanglantes dont les Français de tous âges et tous lieux sont au quotidiens les victimes sacrifiées. Volontairement sacrifiées. Que cela soit au profit final du terrorisme islamiste que l'on n'ose parfois dénoncer que du bout des dents ou dans un vague pincement de lèvres, ou qu'on préfère ne pas dénoncer du tout, voire que certains crieurs parlementaires ou politiciens aiment soutenir par bien des moyens, que cela soit devant les ravages des réseaux de la drogue et des multiples formes de trafics et de banditisme le plus violent, le sacrifice imposé continue, et le discours de l’État ne reste qu'un discours, sans vraie réplique active.

Ce qui fait prospérer les violences les plus sauvages, c'est en somme une réalité présente et trop longtemps niée, réfutée, réduite à "un sentiment". Il ne s'agit pas d'un "sentiment", cela n'a rien de vague, d'hésitant, de vaporeux, de filandreux ou d'inexistant. Ce qui fait proliférer la violence, c'est la négation qui l'entoure. C'est l'esprit de la tête dans le sable. C'est la panique de l'homme politique, du gouvernant, ou du responsable public, de tout un bloc et d'un ensemble devenu soudainement autruche.

Il y a une réalité sauvage, brutale, saignante et sanglante du terrorisme, de la Terreur actuelle et subie, imposée et laissée sans réponse vive, au fil des décennies passées et du temps présent et cruel, il y a une réalité de sang et de drame de la violence dans notre société, dans les zones ravagées, dans les provinces et bonnes villes mises en coupe réglée. Il y a une voyoucratie massive et largement impunie.

La responsabilité de l'Etat face à tout cela est engagée. Directement et dans l'urgence. Son devoir régalien et protecteur s'impose. Il ne suffit pas de dénoncer "la mexicanisation" de la France pour donner à cette violence une couleur encore lointaine, voire folklorique. Le constat étant peut-être juste, il ne suffit plus. L'action franche et nette doit suivre. Trop de discours ont servi depuis des années à dissimuler la réalité, comme les discours de MM. Macron et Le Maire ont cru pouvoir servir à masquer la réalité de notre désastre financier.

En appeler aux Lumières pour justifier l'impuissance, en voilà par ailleurs assez. Surtout quand les prétendues Lumières actuelles en France, celles toujours qui refusent de voir la violence subie par le peuple français laissé bien seul et isolé dans son malheur, semblent-elles, décidément et le tout en donnant leçons moites après leçons mornes et veules, ne s'éclairer qu'aux quinquets de leur pensée formée en angles morts. Pour ne consentir de valeur acceptable qu'aux enragés et aux acteurs tranchants du fanatisme.

Ce fanatisme souvent exporté ou expédié jusque dans nos villages modestes et qui mériteraient de vivre ou de retrouver surtout et activement une vraie paix, ce fanatisme dirigé par les partisans ou les serviteurs sinistres ou incultes de pays où la peine de mort joue si aisément du sabre ou du fouet, devient, somme toute un fanatisme trop souvent appliqué ainsi chez nous. Et appliqué avec une froideur qui vaut la glaciation la plus nette, appliqué avec une rage complète contre nous tous. Nous tous, les abandonnés !

 


10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
10 ans, 20 ans maxi … et tout bascule
Partir !
Partir !
Les bonnes intentions d’un jour de colère
Les bonnes intentions d’un jour de colère

Commentaires


Pseudo :
Mail :
Commentaire :