Luc Le Garsmeur, réformateur pour un faubourg frondeur
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Luc Le Garsmeur, réformateur pour un faubourg frondeur
Par Maximilien Friche
4 mars 2014 0:00
MN cherche à comprendre à travers des entretiens-portraits avec de jeunes gens honnêtes, ce qui les pousse à entrer en politique. Luc Le Garsmeur, 32 ans, membre du SIEL (Souveraineté, Indépendance Et Libertés), le parti fondé par Paul-Marie Coûteaux en 2012 dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine, se présente aux municipales dans le Xème arrondissement de Paris. Si Luc Le Garsmeur est un réformateur dans l'âme, il reste inflexible sur ce qui a trait à la vie et à la famille, deux dimensions "non négociables". Et c'est lorsque l'on évoque l'identité du Xème arrondissement, son histoire et ses maux actuels que le politicien est le plus passionné, farouchement déterminé à agir pour le faubourg frondeur.
La question qui vient immédiatement en voyant ce jeune homme est : pourquoi s'investir en politique aujourd'hui ? Pourquoi au SIEL et pas au FN, pourquoi au SIEL et pas à l'UMP, dans l'objectif de prendre le pouvoir ou de faire diversion, de réformer le pays ou de le bousculer, … ? Bref, au fond, c'est le mystère de l'agir et particulièrement l'agir en politique qui nous brûle les lèvres. Comment quelqu'un d'apparemment aussi droit accepte-t-il de prendre un chemin aussi tordu que celui de la politique ? Luc Le Garsmeur s'est déjà posé toutes ces questions, sans doute depuis très longtemps. Aussi n'hésite-t-il pas une seule seconde pour entrer dans l'explication du mystère de l'engagement politique d'un homme de convictions.
De sa voix grave et assurée, Luc Le Garsmeur m'explique qu'il n'est pas naïf mais refuse la fatalité : « L’intégrité des hommes politiques est souvent mise à lourde épreuve, de par l’ampleur des tentations, les mœurs, la finance, etc… Mais il n’y a pas de différence ontologique entre l’action politique et l’action professionnelle. L’activité politique est une activité professionnelle comme une autre. » Et c'est donc le métier que ce professeur ayant exercé en ZEP se choisit maintenant. Rentré au SIEL en 2012, le candidat à la mairie du Xème arrondissement a participé avec enthousiasme au mouvement de La Manif Pour Tous. Il n'est néanmoins pas dupe de certains défauts de raisonnement des catholiques nouvellement investis en politique, attachés par réflexe selon lui, au providentialisme ou bien au pessimisme messianique. À la question directe que je lui lance, faut-il avoir le pouvoir ? Luc le Garsmeur répond sans aucune hésitation "oui" et le redirait trois fois de suite si j’osais arquer un sourcil. Il précise : « Je ne crois pas et ne souhaite pas de révolution, de changement dans la violence. Je crois surtout à un ensemble de réformes. Et le moyen le plus légitime reste les urnes. Ma contribution individuelle au redressement de la France à l’intérieur comme à l’extérieur passe par la politique. Quand on s'y lance, il y a un véritable refus de la fatalité. »
Mais quelle frustration que de faire campagne et de n'avoir que 5 minutes de cerveau disponible pour parler de la France ou du Xème arrondissement sur un marché ! Le candidat identifie deux points de vigilance pour continuer de faire usage de la raison : la médiatisation qui transforme le candidat en mannequin et le caractère clivant de toute proposition. « L’exposition médiatique des candidats a tendance à réduire la partie de propositions, de réflexions, mais la plus forte entrave à l’usage de la raison en politique reste le caractère nécessairement clivant de toute proposition. » Et il refuse de s'en tenir à cette médiocrité suggérée par le jeu de certains en campagne : « Le problème de fond effectivement, c’est ce que dit Athos dans Les 3 mousquetaires, c’est-à-dire qu’il ne faudrait pas spéculer sur les qualités mais sur les défauts des gens. Ne cédons pas à cette tentation d’être un tentateur ! »
Nous voyons vite que nous avons à faire à quelqu’un qui a mûri son engagement politique dans une volonté de réforme, mais la question qui nous brûle les lèvres est : pourquoi le SIEL ? Pourquoi ce petit parti méconnu de 600 adhérents, créé en 2012 pour être dans le Rassemblement Bleu Marine ? Est-ce raisonnable de chercher à prendre le pouvoir et de choisir ce parti ? Luc Le Garsmeur connaît toutes ces questions légitimes. « J’ai adhéré pour 2 raisons. La première est que la réflexion du SIEL part des points non négociables que sont le respect de la vie et la protection de la famille. La seconde raison de mon adhésion a été la rencontre avec Paul-Marie Coûteaux en qui j’ai vu une volonté de réforme et de rassemblement sincère. » Face à mon étonnement de voir cet intellectuel qui a soutenu librement Chevènement en 2002, puis Villiers en 2007, se décider désormais à créer son propre parti et à l’inféoder dès son début au Front national, Luc Le Garsmeur se veut pédagogue. « Paul-Marie Coûteaux a poursuivi une réflexion intellectuelle et patriotique, c’est lui qui a introduit en France la notion de souverainisme. Il est profondément gaulliste. Le but actuel du SIEL est de favoriser l’élection de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, d’étendre l’électorat du Front sans lui faire perdre l’électorat populaire et de permettre les coalitions sans lesquelles il est impossible de gagner une élection présidentielle. Le but est simplement de revenir sur un contentieux historique, entre le Front et le Gaullisme, qui est aujourd’hui sans fondement et que le SIEL permet de dissoudre. » On peut dès lors se demander légitimement si le SIEL est libre vis-à-vis du Front National. Mais pour Luc Le Garsmeur, il y a tout de même des différences de sensibilité entre le SIEL et le Front. Les deux points essentiels avancés sont la laïcité et la création de richesses. Pour Luc Le Garsmeur, le SIEL se veut plus précis dans sa définition de la laïcité qu’il ne confond pas avec le laïcisme. Par ailleurs, tout en réfutant d’être plus libéral que le Front, mot mal choisi selon lui, il explique : « Si le SIEL comme le Front sont unanimes dans la condamnation du mondialisme, le SIEL est particulièrement préoccupé par le fait de permettre la création de richesses. Le Front est un parti très attaché à la grandeur de l’État. Le SIEL attend moins de l’État en matière économique. »
Venons-en au cœur des préoccupations du candidat, le Xème arrondissement. Ce qui est intéressant avec les élections locales, c’est qu’elles révèlent des maux plus globaux tout en proposant des actions très concrètes localement. Pour Luc Le Garsmeur, les mots-clés de l’arrondissement sont : immigration, fiscalité, ordre public. Des mots qui résonnent pour l’hexagone également. Immigration parce c'est un arrondissement où la population immigrée est très importante et très variée. Notre discussion évoque la communauté subsaharienne à Château d'Eau, les populations originaires du sous-continent indien et les enfants Roms proches de la gare du Nord, la population maghrébine un peu partout et plus particulièrement près de la Chapelle ou à Barbès et Belleville, les buralistes chinois, et les juifs d'Afrique du Nord aux portes du Sentier.
Le deuxième mot-clé est la fiscalité. Sur ce point, Luc Le Garsmeur n’hésite pas à durcir le ton : « le Xème arrondissement subit, comme l'ensemble du pays, une fiscalité trop importante, que les Français ne rejettent pas tant parce qu'elle est abondante que parce qu'ils n'en voient plus les contreparties. » Le mot est lâché juste après : Extorsion fiscale. « L'attribution des aides sociales confine très souvent avec un réel clientélisme. La politique communautariste très perverse menée par la mairie fonctionne avec un cahier des charges pour arroser telle ou telle communauté afin de s'en attirer les voix. On peut citer à titre d’exemple les milliers d'euros versés à la communauté kurde pour la saisie de leurs archives. On cherche où est l'intérêt du Xème arrondissement… » Effectivement, on peut se demander. Le communautarisme se retrouve de fait en filigrane de tous les problèmes de ce quartier. Le candidat SIEL renchérit : « La traduction du communautarisme coupable mené par le maire, c'est la mono-activité. On retrouve comme au Moyen-Âge, sans les corporations bien sûr, des rues entières où on ne retrouve qu'un commerce, et on en vient à choisir en fonction de sa communauté d'origine son commerce. » Autant de lieux possibles pour Luc Le Garsmeur pour le rassemblement, et surtout le blanchiment d'argent… Effectivement, une balade avec le candidat qui connaît par cœur toutes les rues de son arrondissement nous fait découvrir ici des boutiques de téléphones en série, là des salons de coiffure en chaîne, et ailleurs l’émergence de ces fameux salons de massage avec prestations particulières… Où est le commerce de proximité ? La vie en clan a-t-elle définitivement remplacé la vie de quartier ?
Et on en arrive fatalement à la question de l'ordre public. Question on ne peut plus cruciale en période électorale. Le maire actuel a beau jeu d'avoir eu un regain d'exigence vis-à-vis de la préfecture pour obtenir 25 policiers de plus récemment, cela ne fait pas illusion aux yeux de Luc Le Garsmeur. Ce dernier craint surtout que ces policiers ne servent qu'à sécuriser la salle de shoot qui ouvrira inéluctablement si les socialistes conservent la majorité à Paris. Et sur la question de la sécurité des habitants du Xème arrondissement, le candidat à la mairie pose le problème : « Il ne s'agit plus seulement de dire que la sécurité publique n'est plus assurée, mais de soulever la question de la fragilité de l'ordre public sous lequel on vit. Et parfois sa force est plus problématique que sa faiblesse. » De l’énigme, il passe à la démonstration. « On peut se demander exactement ce qui maintient l'ordre public dans le Xème arrondissement. On sait par exemple qu'aux alentours de Château d'Eau, l'ordre public n'est plus assuré par la République, puisqu'il y a une délégation de service publique (dissimulée) à une milice communautaire. Ce qui suppose, système mafieux, impôt clandestin sur les commerces, etc. » Le candidat n'est dupe de rien.
Pour quelqu'un qui s'est investi dans le mouvement de la Manif Pour Tous, l'investiture de NKM par l'UMP a pu être une motivation supplémentaire pour se lancer dans la course. Effectivement, Luc Le Garsmeur part au combat et ne prend pas de gant pour dire la vérité : « NKM n'apporte absolument aucune garantie en matière de protection de la famille et c'est une litote, elle correspond à cette évolution de la droite depuis quelques années, dans le sillage de Nicolas Sarkozy : un affairisme continuel et un scepticisme au mieux ou au pire un mépris complet vis-à-vis des corps intermédiaires ou vis-à-vis des familles. » Le candidat à la mairie du Xème s'amuse d'ailleurs que Nicolas Sarkozy soit venu soutenir NKM et se montrer lors de son premier meeting le 10 février dernier. « NKM est un bling bling parisien qui ne porte pas le moindre intérêt à l'entreprise fondamentale que mène chaque Français, qui est de construire une famille, élever ses enfants. »
Luc Le Garsmeur soupire, secoue doucement la tête. Quand il y pense, ce n'est pas possible de laisser à n'importe qui la gestion de son faubourg. Et aussitôt, les yeux brillants, la voix plus claire, et la phrase plus rapide, parle avec passion de son faubourg. « C'est un faubourg populaire, héritier de la tradition, autour du canal St Martin, de débardeurs, de haleurs, héritier également en littérature du courant prolétarien porté par Eugène Dabit avec l'hôtel du Nord et, bien sûr, c'est aussi le faubourg du cinéma puisque le roman d'Eugène Dabit a été porté aux écrans avec Arletty, le Xème, c'est atmosphère atmosphère, l'hôtel du Nord qui jouxte le canal St Martin. NKM est particulièrement peu appropriée à un faubourg qui, malgré une forte population bobo, reste un faubourg populaire, un faubourg finalement très frondeur. » Si on évoque le projet du Grand Paris de NKM, Luc Le Garsmeur le dit sans détour, ce projet ne ferait que transformer le Xème en périphérie de la banlieue de la Seine Saint Denis, via la Gare du Nord et les portes censées achever d’être des plaques tournantes urbaines. « Je souhaite profondément que Paris garde son identité propre. L'enjeu est simple : soit faire de Saint Denis un Paris bis, soit faire de Paris un Saint Denis bis. » Et à ceux qui lui disent que toutes les grandes capitales ont grossi, que Londres est bien plus vaste que Paris, il lance avec humour : « à ce que je sache, la Tamise ne coule pas à Paris ! » Et dans le Xème, c'est le Canal Saint Martin, et avec lui toute une histoire, une culture, que Luc Le Garsmeur ne veut pas voir gommer simplement parce que les politiques ne sont plus au service d'un arrondissement, d'une ville et de ses habitants.
Pourquoi entrer en politique aujourd'hui ?
La question qui vient immédiatement en voyant ce jeune homme est : pourquoi s'investir en politique aujourd'hui ? Pourquoi au SIEL et pas au FN, pourquoi au SIEL et pas à l'UMP, dans l'objectif de prendre le pouvoir ou de faire diversion, de réformer le pays ou de le bousculer, … ? Bref, au fond, c'est le mystère de l'agir et particulièrement l'agir en politique qui nous brûle les lèvres. Comment quelqu'un d'apparemment aussi droit accepte-t-il de prendre un chemin aussi tordu que celui de la politique ? Luc Le Garsmeur s'est déjà posé toutes ces questions, sans doute depuis très longtemps. Aussi n'hésite-t-il pas une seule seconde pour entrer dans l'explication du mystère de l'engagement politique d'un homme de convictions.
De sa voix grave et assurée, Luc Le Garsmeur m'explique qu'il n'est pas naïf mais refuse la fatalité : « L’intégrité des hommes politiques est souvent mise à lourde épreuve, de par l’ampleur des tentations, les mœurs, la finance, etc… Mais il n’y a pas de différence ontologique entre l’action politique et l’action professionnelle. L’activité politique est une activité professionnelle comme une autre. » Et c'est donc le métier que ce professeur ayant exercé en ZEP se choisit maintenant. Rentré au SIEL en 2012, le candidat à la mairie du Xème arrondissement a participé avec enthousiasme au mouvement de La Manif Pour Tous. Il n'est néanmoins pas dupe de certains défauts de raisonnement des catholiques nouvellement investis en politique, attachés par réflexe selon lui, au providentialisme ou bien au pessimisme messianique. À la question directe que je lui lance, faut-il avoir le pouvoir ? Luc le Garsmeur répond sans aucune hésitation "oui" et le redirait trois fois de suite si j’osais arquer un sourcil. Il précise : « Je ne crois pas et ne souhaite pas de révolution, de changement dans la violence. Je crois surtout à un ensemble de réformes. Et le moyen le plus légitime reste les urnes. Ma contribution individuelle au redressement de la France à l’intérieur comme à l’extérieur passe par la politique. Quand on s'y lance, il y a un véritable refus de la fatalité. »
Mais quelle frustration que de faire campagne et de n'avoir que 5 minutes de cerveau disponible pour parler de la France ou du Xème arrondissement sur un marché ! Le candidat identifie deux points de vigilance pour continuer de faire usage de la raison : la médiatisation qui transforme le candidat en mannequin et le caractère clivant de toute proposition. « L’exposition médiatique des candidats a tendance à réduire la partie de propositions, de réflexions, mais la plus forte entrave à l’usage de la raison en politique reste le caractère nécessairement clivant de toute proposition. » Et il refuse de s'en tenir à cette médiocrité suggérée par le jeu de certains en campagne : « Le problème de fond effectivement, c’est ce que dit Athos dans Les 3 mousquetaires, c’est-à-dire qu’il ne faudrait pas spéculer sur les qualités mais sur les défauts des gens. Ne cédons pas à cette tentation d’être un tentateur ! »
Pourquoi SIEL ?
Nous voyons vite que nous avons à faire à quelqu’un qui a mûri son engagement politique dans une volonté de réforme, mais la question qui nous brûle les lèvres est : pourquoi le SIEL ? Pourquoi ce petit parti méconnu de 600 adhérents, créé en 2012 pour être dans le Rassemblement Bleu Marine ? Est-ce raisonnable de chercher à prendre le pouvoir et de choisir ce parti ? Luc Le Garsmeur connaît toutes ces questions légitimes. « J’ai adhéré pour 2 raisons. La première est que la réflexion du SIEL part des points non négociables que sont le respect de la vie et la protection de la famille. La seconde raison de mon adhésion a été la rencontre avec Paul-Marie Coûteaux en qui j’ai vu une volonté de réforme et de rassemblement sincère. » Face à mon étonnement de voir cet intellectuel qui a soutenu librement Chevènement en 2002, puis Villiers en 2007, se décider désormais à créer son propre parti et à l’inféoder dès son début au Front national, Luc Le Garsmeur se veut pédagogue. « Paul-Marie Coûteaux a poursuivi une réflexion intellectuelle et patriotique, c’est lui qui a introduit en France la notion de souverainisme. Il est profondément gaulliste. Le but actuel du SIEL est de favoriser l’élection de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, d’étendre l’électorat du Front sans lui faire perdre l’électorat populaire et de permettre les coalitions sans lesquelles il est impossible de gagner une élection présidentielle. Le but est simplement de revenir sur un contentieux historique, entre le Front et le Gaullisme, qui est aujourd’hui sans fondement et que le SIEL permet de dissoudre. » On peut dès lors se demander légitimement si le SIEL est libre vis-à-vis du Front National. Mais pour Luc Le Garsmeur, il y a tout de même des différences de sensibilité entre le SIEL et le Front. Les deux points essentiels avancés sont la laïcité et la création de richesses. Pour Luc Le Garsmeur, le SIEL se veut plus précis dans sa définition de la laïcité qu’il ne confond pas avec le laïcisme. Par ailleurs, tout en réfutant d’être plus libéral que le Front, mot mal choisi selon lui, il explique : « Si le SIEL comme le Front sont unanimes dans la condamnation du mondialisme, le SIEL est particulièrement préoccupé par le fait de permettre la création de richesses. Le Front est un parti très attaché à la grandeur de l’État. Le SIEL attend moins de l’État en matière économique. »
Le Xème arrondissement, fractale de la France : communautarisme, ordre public, fiscalité
Venons-en au cœur des préoccupations du candidat, le Xème arrondissement. Ce qui est intéressant avec les élections locales, c’est qu’elles révèlent des maux plus globaux tout en proposant des actions très concrètes localement. Pour Luc Le Garsmeur, les mots-clés de l’arrondissement sont : immigration, fiscalité, ordre public. Des mots qui résonnent pour l’hexagone également. Immigration parce c'est un arrondissement où la population immigrée est très importante et très variée. Notre discussion évoque la communauté subsaharienne à Château d'Eau, les populations originaires du sous-continent indien et les enfants Roms proches de la gare du Nord, la population maghrébine un peu partout et plus particulièrement près de la Chapelle ou à Barbès et Belleville, les buralistes chinois, et les juifs d'Afrique du Nord aux portes du Sentier.
Le deuxième mot-clé est la fiscalité. Sur ce point, Luc Le Garsmeur n’hésite pas à durcir le ton : « le Xème arrondissement subit, comme l'ensemble du pays, une fiscalité trop importante, que les Français ne rejettent pas tant parce qu'elle est abondante que parce qu'ils n'en voient plus les contreparties. » Le mot est lâché juste après : Extorsion fiscale. « L'attribution des aides sociales confine très souvent avec un réel clientélisme. La politique communautariste très perverse menée par la mairie fonctionne avec un cahier des charges pour arroser telle ou telle communauté afin de s'en attirer les voix. On peut citer à titre d’exemple les milliers d'euros versés à la communauté kurde pour la saisie de leurs archives. On cherche où est l'intérêt du Xème arrondissement… » Effectivement, on peut se demander. Le communautarisme se retrouve de fait en filigrane de tous les problèmes de ce quartier. Le candidat SIEL renchérit : « La traduction du communautarisme coupable mené par le maire, c'est la mono-activité. On retrouve comme au Moyen-Âge, sans les corporations bien sûr, des rues entières où on ne retrouve qu'un commerce, et on en vient à choisir en fonction de sa communauté d'origine son commerce. » Autant de lieux possibles pour Luc Le Garsmeur pour le rassemblement, et surtout le blanchiment d'argent… Effectivement, une balade avec le candidat qui connaît par cœur toutes les rues de son arrondissement nous fait découvrir ici des boutiques de téléphones en série, là des salons de coiffure en chaîne, et ailleurs l’émergence de ces fameux salons de massage avec prestations particulières… Où est le commerce de proximité ? La vie en clan a-t-elle définitivement remplacé la vie de quartier ?
Et on en arrive fatalement à la question de l'ordre public. Question on ne peut plus cruciale en période électorale. Le maire actuel a beau jeu d'avoir eu un regain d'exigence vis-à-vis de la préfecture pour obtenir 25 policiers de plus récemment, cela ne fait pas illusion aux yeux de Luc Le Garsmeur. Ce dernier craint surtout que ces policiers ne servent qu'à sécuriser la salle de shoot qui ouvrira inéluctablement si les socialistes conservent la majorité à Paris. Et sur la question de la sécurité des habitants du Xème arrondissement, le candidat à la mairie pose le problème : « Il ne s'agit plus seulement de dire que la sécurité publique n'est plus assurée, mais de soulever la question de la fragilité de l'ordre public sous lequel on vit. Et parfois sa force est plus problématique que sa faiblesse. » De l’énigme, il passe à la démonstration. « On peut se demander exactement ce qui maintient l'ordre public dans le Xème arrondissement. On sait par exemple qu'aux alentours de Château d'Eau, l'ordre public n'est plus assuré par la République, puisqu'il y a une délégation de service publique (dissimulée) à une milice communautaire. Ce qui suppose, système mafieux, impôt clandestin sur les commerces, etc. » Le candidat n'est dupe de rien.
NKM inappropriée pour un faubourg frondeur
Pour quelqu'un qui s'est investi dans le mouvement de la Manif Pour Tous, l'investiture de NKM par l'UMP a pu être une motivation supplémentaire pour se lancer dans la course. Effectivement, Luc Le Garsmeur part au combat et ne prend pas de gant pour dire la vérité : « NKM n'apporte absolument aucune garantie en matière de protection de la famille et c'est une litote, elle correspond à cette évolution de la droite depuis quelques années, dans le sillage de Nicolas Sarkozy : un affairisme continuel et un scepticisme au mieux ou au pire un mépris complet vis-à-vis des corps intermédiaires ou vis-à-vis des familles. » Le candidat à la mairie du Xème s'amuse d'ailleurs que Nicolas Sarkozy soit venu soutenir NKM et se montrer lors de son premier meeting le 10 février dernier. « NKM est un bling bling parisien qui ne porte pas le moindre intérêt à l'entreprise fondamentale que mène chaque Français, qui est de construire une famille, élever ses enfants. »
Luc Le Garsmeur soupire, secoue doucement la tête. Quand il y pense, ce n'est pas possible de laisser à n'importe qui la gestion de son faubourg. Et aussitôt, les yeux brillants, la voix plus claire, et la phrase plus rapide, parle avec passion de son faubourg. « C'est un faubourg populaire, héritier de la tradition, autour du canal St Martin, de débardeurs, de haleurs, héritier également en littérature du courant prolétarien porté par Eugène Dabit avec l'hôtel du Nord et, bien sûr, c'est aussi le faubourg du cinéma puisque le roman d'Eugène Dabit a été porté aux écrans avec Arletty, le Xème, c'est atmosphère atmosphère, l'hôtel du Nord qui jouxte le canal St Martin. NKM est particulièrement peu appropriée à un faubourg qui, malgré une forte population bobo, reste un faubourg populaire, un faubourg finalement très frondeur. » Si on évoque le projet du Grand Paris de NKM, Luc Le Garsmeur le dit sans détour, ce projet ne ferait que transformer le Xème en périphérie de la banlieue de la Seine Saint Denis, via la Gare du Nord et les portes censées achever d’être des plaques tournantes urbaines. « Je souhaite profondément que Paris garde son identité propre. L'enjeu est simple : soit faire de Saint Denis un Paris bis, soit faire de Paris un Saint Denis bis. » Et à ceux qui lui disent que toutes les grandes capitales ont grossi, que Londres est bien plus vaste que Paris, il lance avec humour : « à ce que je sache, la Tamise ne coule pas à Paris ! » Et dans le Xème, c'est le Canal Saint Martin, et avec lui toute une histoire, une culture, que Luc Le Garsmeur ne veut pas voir gommer simplement parce que les politiques ne sont plus au service d'un arrondissement, d'une ville et de ses habitants.