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Campagne : vanités et tragédie

Campagne : vanités et tragédie

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« Je ne suis pas sûr que nos intermittents nous préparent des cathédrales pour le printemps. » Nous sommes à la campagne et il se prépare une fête pour la fin du printemps. Sur cette terre qui ne peut mentir, un déferlement idéologique va se produire par l’aide de néo-ruraux et vieux hippies installés de longue date. Falcone aurait pu appeler son roman : Homo Festivus en pays réel. Il nous livre en fait ce qui ressemble à une fable des temps modernes dont il laisse le lecteur écrire la morale. La fête qui vient au printemps est sensée célébrer avec le plus grand sérieux, la diversité, les solidarités et la planète dans un gloubi-boulga de vanités. Les slogans LGBT, antiracismes ou écolos révèlent leur absurdité dans le monde rural : « Les idées ne sortent pas de campagnes. »

L’histoire nous est contée à travers l’amitié bruyante des gens du village. L’ami du narrateur est appelé le Fou, car c’est à lui que revient le rôle de rabat-joie, de porteur de mauvaise humeur. La fille du Fou, Mylène, mère quasi célibataire, erre en quête d’ivresse pour s’oublier. On refait le monde en buvant des coups au café de François le barman qui se voudrait mécène en ruralité, avec le jardinier qui se veut poète, avec un couple d’amis néo-ruraux… Ces verres et cette palabre qui permettent de se coudoyer semblent finalement incarner le plus petit dénominateur commun de l’identité française. « C’est qu’on n’est pas né d’hier dans ce pays. On dirait même que l’homme s’y est révélé à lui-même. »

Il y a donc la Campagne, l’amitié… que vient donc faire la fête idéologique là-dedans ? L’idéologie s’apparente à l’écume par rapport à ce qui ne change pas même à l’ère du réchauffement climatique, à savoir les saisons. Cette écume de printemps cristallise les énergies pour une montée lente vers le drame. Car la fête ne peut empêcher le retour de la tragédie. C’est la dimension de la vie. Le drame, le cancer vient donner la gueule de bois à ce petit théâtre des vanités. Le narrateur reste avec le meilleur ami de l’homme, son chien Kylian, à nous conter cet étrange enchaînement.

Campagne, Matthieu Falcone, éditions Albin Michel, 18,90€, 300 pages
Article publié une première fois dans Le Bien Commun n°35 de décembre  (https://lebiencommun.net/kiosque/‌)


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