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Elle, Dé Dé : Diana Danesti.

Elle, Dé Dé : Diana Danesti.

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« Dans l'après-midi de ce jour, une jeune femme frappa à l'huis de l'auberge du Petit Chaperon Rouge avec le pommeau de sa cravache. C'était Diane de Mentana. Elle avait tout de l'héroïne de roman. Nous ne pouvons mieux la définir qu'avec une phrase qui dit tout : le type, le genre, la façon, la fatalité du monstre femelle qui doit tout ravager sur sa route (…) Cette femme est bien plus redoutable que bien des héroïnes romantiques. Pour tuer, elle n'a pas besoin d'aques toffena, au moins pour le moment, son impudence lui suffit. » Gaston Leroux. Tue la mort. Ciné roman en douze épisodes. »
Le roman du D doublé dans la zone d'attention suprême. Par Célestin Valois. Le 17 Juillet 2015. Shangri La. Ar Gelveneg.

Je me souviendrai toujours de ma découverte première de ce verbe déployé, enroulé, enchâssé, envoûtant, qu'un béotien n'aurait pas manqué de juger loufoque tant le style Parvelescoque nous arrache aux torpeurs mortifères de la langue utilitaire. Je fus sauvé car le sujet ne prêtait pas à rire. En cette année 1986, un fagoté brigadier voltigeur permissionnaire en transit à la gare de Nantes, l'artilleur infirmier Célestin, brisait son ennui dans la lecture d'une revue d'ésotérisme. Il réitérait le lire et le relire sans pouvoir s'en détacher de ce texte improbable : « j'avais un camarade… » Un hommage funèbre en forme d'appel à un nouvel ordre de mission, l'hommage de Jean Parvulesco à Raymond Abellio qui venait de passer la ligne dans son dernier refuge de Vence, était plus qu'un éloge.

Il trouvait le moyen de nous éclairer sur la dimension la plus intérieure d'une œuvre Abelienne que j'explorais depuis plusieurs années après un séminaire sur la kabbale, sans en avoir les clés. Il fallait les chercher selon lui dans « les Ennéades de Plotin, les songeries astrales, aussi nocturnes que lumineuses, d'un Jamblique, d'un Porphyre. » Oh, j'avais raté mon train, mais j'avais fait une rencontre, et mes premiers pas dans la carrière de l'un de mes chantiers gnostiques. Malgré des freins intérieurs récurrents, malgré la pulsion violente de se séparer de ses écrits, comme je l'ai lu sur internet d'un lecteur qui avait failli jeter par le fenêtre d'un train le livre dont je vais immédiatement parler, les écrits de Jean Parvulesco éliront sournoisement domicile dans mon esprit comme pour me prémunir selon la technique de Gurdjieff du rappel à soi, des ruses de mon idiotie congénitale, du sommeil et de l'oubli chaotique auquel nous condamne ce mode de survie dans le non être imposé par la vie dite moderne.

Un an plus tard, la lecture du livre Le Soleil rouge de Raymond Abellio allait me décider à écrire à l'auteur car j'avais eu une expérience décisive de type médiumnique. J'avais reçu au cours de ma lecture, comme en sur impression, un mot, non pas en clair audience mais comme soufflé, quelques minutes et donc quelques pages avant de le lire. Ce mot, je peux le dévoiler aujourd'hui, est Bételgeuse. Si dans le Kali Yuga seuls passent les agents secrets de la Divine Providence, en effet à la page 173 il y est précisé que ceux-ci sont « agents secrets de Bételgeuse », l'étoile de la constellation d'Orion. Il faudra un cheminement de 20 ans à l'homme des accomplissements tardifs, à l'homme si dos et si lent, desdichado des temps, pour avoir sa clé. Alors, seulement il comprendra, en lisant enfin le texte que lui avait recommandé A.S., un « conspirateur transparent » assigné à son instruction par Jean Parvulesco : Rapport secret à la nonciature.

J'avais raté un train en lisant un texte qui dans l'ensemble se refusait à ma compréhension, mais mon accroche tenait surtout dans la vibration de l'Amitié dont je me suis fait toujours une très haute idée, comme de la Femme ultime, de la Filiation, de la Religion, de l'Initiation, de la Littérature, de l'Art, du Royaume avant d'envisager l'improbabilité ou la probabilité de l'Empire. Notre relation aura duré environ 22 ans sans presque aucun lien matériel autre que de brefs échanges épistolaires et appels téléphoniques, mais elle n'a fait que s'affiner dans l'ordre de la vie onirique. Et je sais qu'il y a eu rencontre et je sais aussi qu'elle est enregistrée dans le grand livre de l'amitié.

Par le truchement du même « conspirateur transparent », lequel j'avais informé au printemps 2015 de la parution de mon article sur Jules Verne, Georges Sand et la terre creuse pour le site Les Baladins de la Tradition, est arrivé entre mes mains le roman de Tony Baillargeat Le secret de Diana Danesti paru aux éditions La Pierre Philosophale. Ainsi une grande boucle en lacets sinueux avait tracé la feuille de route écrite dans les constellations et qui sont circonvolutions obstinées du destin.
Mais au fait, je reconnais cette plume ! Cette lame devrais-je dire… Il a signé la préface de Dans la forêt de Fontainebleau qui achève le cycle arthurien des romans de Jean Parvulesco.

Qui est ce passeur entre Jean Parvulesco et moi puis entre moi et Tony Baillargeat ? Puisque je suis autorisé à abattre mon AS, il faut nommer Alain Santacreu. Le premier numéro de sa revue Contrelittérature donnant la parole à Luc Olivier d'Algange dans son article La voie droite de la chevalerie française nous donnait à voir la mobilisation résolue, clarifiée et gnostique d'une chevalerie française devant l'épreuve d'avoir à réaliser selon la formule de Raymond Abellion : La transparence entre quelques uns. Ce petit nombre en fait des conspirateurs s'ils retiennent ensemble leur souffle et le diffusent encore en commun. J'approuve Luc Olivier d'Algange pour lequel un homme qui sait garder un secret constitue un rempart contre l’infamie. Celui qui est missionné pour parler de ce qui a été dit sub rosa retient mon attention….

Le roman de l'amitié initiatique

Attention ! Si un train peut en cacher un autre, une voie ferrée peut nous conduire vers une porte induite pourvu qu'elle soit visible du balcon d'un appartement de la rue Suchet dans le XVIème arrondissement de Paris. Je ne suis jamais entré dans la tanière de l'écrivain roumain autrement que dans mon corps de lumière en songes, ce devait être sur invitation. Arrivé un jour dans l'immeuble, dans mon corps physique cette fois, à l'improviste, je suis resté coincé dans l'immeuble, il me fut impossible de monter à ce cinquième étage, j'étais comme un Perceval stupéfié et muet dans le château du roi pêcheur. Tony Baillargeat lui, a pu connaître le vertige de ce balcon, digne d'un haut grade maçonnique. Il sait que la « tranchée verdoyante de l'ancienne ligne du train de ceinture d'Auteuil » conduit à la forêt de Fontainebleau. Il a pu traverser les ronces de l'empêchement ontologique qui enfermait le très étrange Connaissant Jean dans sa solitude, Merlin dans un trou de verre cosmique, malgré sa générosité tonique, et il a pu surmonter la sienne propre. Ainsi, Pierre Laroche a pu entrer dans l'appartement parisien de la rue Houdart parallèle au boulevard Ménilmontant, comme il a pu pénétrer dans Le Gd Hôtel du Lion d'or, demeure hors du temps, bâtisse de cinq étages lézardée, refuge dérobé à l'ennemi ontologique mais plus pour longtemps, de son jeune ami Arthur Brenac.

Si Arthur est un peu le fils que Pierre Laroche n'a pas eu, alors, dans l'univers inversé du roman, c'est peut être que Jean Parvulesco a été un père pour Tony Baillargeat. Nous nous gaussons quelque peu des interprétations psychanalytiques sauvages, elles occupent assez les universitaires. Certes Pierre Laroche avoue n'avoir eu que peu de longues conversations avec son père, toutefois notre seul sujet ce sont les lignées spirituelles et véritablement aristocratiques, celles qui élèvent l'humanité par la transmission d'un sang rédempteur ou régénéré. Au demeurant, ils me font l'effet, le nouveau romancier et le personnage narrateur qui le double, Pierre Laroche, (tous les personnages d'un romancier le démultiplient, le cache et le révèle, Arthur Brenac c'est sa Madame Bovary) d'une sorte de Bautrelet à qui seront dévoilées les cuves au trésor d'Arsène Lupin ou plutôt des rois de France dans l'Aiguille creuse d'Etretat. Nonobstant, si Arsène avait liquidé l'héritage du trésor fort entamé par les rois, dans l'or et l'argent pour ne conserver que les pierres précieuses, Arthur quant à lui, est comme un roi du pétrole sur son immense cave à whisky. On ne peut désespérer de l'homme tout à fait en dégustant un excellent substitut à l'élixir de longue vie. Glenlivet de 1943. C'est déjà pas mal !

A ce stade nous l'avons vu venir de loin ce roman, sur la ligne d'horizon de l'amitié initiatique, roman de l'amitié initiatique lui-même.

A la fin, l’héraldique commande

Dans ma toute petite enfance, quand j'étais royaliste et quand j'étais petit disait Hugo, mais moi, ne n'ai pas tellement grandi, j'habitais la ville de Lyon non loin d'un quartier imprégné par le thaumaturge Philippe. Après des promenades au parc de la tête d'or, je me demandais souvent avant d'aller me coucher, si, puisque notre ville était Lyon, se trouvait parmi les fauves, un qui serait en or. Allons maintenant rêver : au lit on dort. La rencontre de Laroche et Brenac se fait dans la 17ème division sur le chemin de la Bédoyère du cimetière du Père Lachaise. Cette rencontre est aussitôt transmutée en une amitié forgée dans l'acte de bravoure chevaleresque, l'un se trouvant à aider l'autre pour sauver une jouvencelle en péril. C'est tout à fait comme on était autrefois adoubé sur un champ de bataille. L'un est un singulier corbeau solaire apollinien ou celte ou encore sorte de myste Mithriaque, mousquetaire du roi et l'autre collectionne les antiquités et les ostracismes sociaux, familiaux, abandonné de tout et de tous il peut s'abandonner à son tour aux décrets de la Divine Providence. Que le roman de Tony Baillargeat soit une réitération, voire une démultiplication alchimique ou une palingénésie de l'univers du roman de Jean Parvulesco entré en apocatastase avec la disparition de l'écrivain roumain, nous en avons sinon des preuves du moins le soupçon confirmé. Rien n'empêche pourtant de se contenter de voir le lien entre les deux auteurs comme un rayon vert surplombant l'océan Michaléien du Mont, capté par l'âme en sentinelle. Mais si filiation reconnue il y a, le disciple ne peut pas ne pas vouloir continuer à explorer et exposer, après l'avoir pressenti et compris en profondeur « quel est l'ultime mystère arthurien du roman, de la romance occidentale, tâche gigantesque suprahumaine, dévastatrice, qu'il s'agit de poursuivre sur les confins glacières de la ligne de partage de l'être et du non être. » Dans la forêt de Fontanebleau (p26) Nous sommes avertis en tout cas dans ce même texte du romancier roumain : « A la fin ce qui commande tout est l'héraldique. » A la fin nous y sommes et c'est bien l'héraldique qui commande ou détermine la progression du récit dans ce début des aventures d'Arthur Brenac.

Une fin, un début et entre les deux que du mystère et rien que du secret dont le dévoilement n'est qu'un mouvement de translation vers d'autres secrets, attendu que dans l'univers Parvulescoque ( ce néologisme signifie tout ce qui est ou invoque Parvulesco) tout ce qui entre dans la zone d'attention suprême ne saurait faire autre chose que franchir le seuil du secret : « Tout me semble constitué par des couches successives de secret, l'enroulement des bandelettes des momies Égyptiennes ne signifiait pas autre chose. Et ce que l'on trouve à la fin c'est un autre secret, le secret des secrets. Tout est, tout reste secret à jamais. » Il faudra lire ou relire l'épilogue de Le secret de Diana Danesti en ayant à l'idée ce tramage… Mais qu'aurait donc reçu Tony Baillageat en matière de secrets occultes du prêtre Jean de Transylvanie que Louis Pauwels jadis s'était vu refusé, désireux qu'il était d'entrer (mais pour y ou en faire quoi?) dans les arcanes interceptées, déviées, retournées par la catastrophe hitlérienne de la gnose hyperboréenne primordiale et polaire? Peut être nous risquons nous ici à soulever un coin du voile.

Les aventures d'Arthur Brenac ne sont-elles pas la relève dans les tranchées laissées vides par le départ de l'écrivain roumain sur la ligne de front des batailles galactiques en sorte que l'on puisse dire que tout entre à nouveau dans la zone d'attention suprême ? C'est ce que nous montre ce jeu, ce grand jeu Daumalien qui ne s'essouffle, de la mise en parallèle, du separatio, du solve, du dédoublement et de la substitution, et du coagula donc de la réunification ou encore de la démultiplication voir de la réitération alchimiques qui tous azimut ici opèrent : dédoublement du justicier Brenac tel un Kalki mineur dans sa montée en puissance et de son acolyte Laroche qui apprend vite, dédoublement de Diana Danesti ce double coup de D qui jamais n'abolira le hasard, dédoublement de la gentille et de la méchante, une et double, souchée sur la double lignée des Danesti et des Draculae des Carpates, cette Diane elle évoque son double dans la tradition occulte allemande du Doppelganger dans la cabane de vigne, elle porte un nom typiquement Parvulescoque dont elle pourrait être une émanation romanesque, une autre Diane aux portes de Memphis, elle est la rouge et la verte mais tout autant la femme bleue Zéméléo épouse tantrique du Dace Zalmoxis qui pourrait elle-même être un rappel de Herani, l'endormie dorée depuis 27 millions d'années de la sphère d'or N°1 du riche vignoble de la Cootamundra en Australie, héroïne du roman de Erle Cox que Parvulesco commente dans un chapitre de son livre Le Retour des Grands temps, chapitre introduit par une citation de mon étude sur Balzac portant sur la nature et les modalités opératives du secret initiatique. Il y avait bien plus dans cette étude que je savais y avoir mis, à l'époque, mais Parvulesco n'ignorait pas ce que je lui avais fait passer. De même Tony Baillargeat n'a pas encore vu peut être tout le donné à voir de lui dans son roman, mais que la suite des aventures d'Arthur Brenac risque d'exposer au soleil de minuit.

Réverbération

Mais reprenons nos doublons : dédoublement ou renvoi du blason d'Artanne sur Indre et de Corancy, substitution du frêne Yggdrasil par le chêne, passage des personnages du tableau Sainte Germaine et Saint Roch à leur représentants humains victimes propitiatoires que sont Germaine de Picou Simbrac et Henri Sinroc et dédoublement de chacun d'eux-mêmes par leurs propres têtes en phase finale de l'oeuvre au noir dite de décapitation du corbeau, réunification du christianisme et du paganisme, de l'ours représentant de la caste guerrière et du sanglier, représentant de la caste sacerdotale, séparation et réunification des clés pour accéder aux tombeaux Bibesco et Demidoff, séparation et réunification espérée du Temple et de Sion, derrière ces deux ordres les deux lignée monarchiques française et anglaise, doublement, triplement du 8… Mais à ce stade de mon énumération il me faut utiliser un autre vocable, il appartient en propre à la langue Parvulescoque c'est le mot réverbération, le seul à pouvoir rendre compte de ce qui se joue véritablement dans ce roman à savoir : le dévoilement partiel de la feuille de route des minorités agissantes qui sapent les fondements de la contre histoire et de la contre géographie par leurs pénétrations de zones interdites de l'une et de l'autre et la mise en résonance de ces lieux et de ces temps par-delà toute légalité dogmatique.

Cette réverbération concerne toute la géographie sacrée évoquée dans ce roman entre la région des Carpates en Roumanie et l'Aude, le mont Bugarach, porte vers la terre creuse selon certains ici et la chaîne Bucegi de Transylvanie ouvrant sur une autre centrale souterraine. Plus précisément il s'agit des montagnes au nord de cette chaîne, la montagne de Kogaïonon avec son sphinx, et la tête et la tête… une tête en résonance/réverbération avec la tête du sphinx de Giseh. La ville d'Arefu près de la rivière Argès où est née Diana ne nous évoque-t-elle pas Arques et son tombeau qui fascinent tant les passionnés des mystères de Rennes le Château ? Le discours somnambulique d'Arthur à Pierre Laroche à la fin du roman, au cimetière du père Lachaise à proximité du mausolée Demidoff, en dit long (p284) « Il m'expliqua que la chapelle ressemblait fortement à deux monuments essentiels et religieux de la Roumanie : l'église épiscopale de Curtea de Arges. » Arefu lieu de naissance de Diana forme un triangle isocèle presque parfait avec ces deux points et la proximité du Mont Bucegi mais aussi du château de Bran, le repère du vampire. Mais au fait Bran c'est Brenac, dès lors Diana et Brenac amants/ennemis sont étroitement liés voir interchangeables ? Solve Coagula. Doublement au passage d'un triangle roumain et d'un triangle français celui de Loches Jumièges, et Bourges où sont le corps, les cœurs et les cheveux d'Agnès Sorel la maîtresse de Charles VII. « Quel curieux triangle pour la plus jolie femme du royaume n'est-ce pas ? » (p103). C'est à Loches, que la pucelle d'Orléans va retrouver son gentil Dauphin pour le faire sacrer à Reims. La ville de Loches, voit au chapitre 11 se dérouler un épisode déterminant de notre récit à la chapelle Saint Ours.

La France sacrée en double ou relais de la Roumanie affirmée comme un centre antérieur de la Tradition Primordiale pour toute l'Europe occidentale, se démultiplie elle-même encore dans ce roman entre Paris, l'Anjou, la Bourgogne, la Touraine l'Aude, la Sologne comme à la recherche désespérée de son unité dans la nasse mondialisée, orpheline parricide, de son éternelle souveraineté, de son Pharaon de Haute et basse Egypte.

Chantez et on vous ouvrira

Les personnages du roman de Tony Baillargeat sont comme ceux des romans d'Olivier Maulin, propulsés de la vie citadine surtout parisienne dans le décor d'une vie provinciale gardée à part, Balzacienne en Touraine, Vincenotienne en Bourgogne, une vie rabelaisienne pour boire manger et dormir partout où l'on risquerait de mourir d'ennui ou d'épouvante. Comme chez l'auteur de En attendant le roi du monde le récit est dynamisé par des dialogues très vivants mais ici on n'attend pas le roi du monde, on va à Sa rencontre, on tente Le réveiller par les moyens les moins avouables. Au beau milieu de l'action, ces dialogues trouvent le moyen d'être instructifs y compris sur le plan ésotérique, surtout quand le texte est enrichi de précieuses et savantes notes. Arthur est particulièrement érudit et sagace qui peut parler torchon, pardon cornichons aussi bien que mythes, légendes, histoire héraldique. Son partenaire Pierre est incollable sur les meubles et objets antiques, l'architecture, mais surtout avec lui les secrets du whisky ne sont pas perdus dans les brumes celtiques pour tout le monde ! Et les méchants : La DD mauvaise et son fidèle Dragan ne sont pas avares de révélations occultes non plus. Les aventures sont jouées au rythmes des 11, 12, 13, 14, 17, 18, 88. Comme dans un rêve nous les traversons en ayant garde comme nous y avons été invités par la citation de Jorge Luis Borges ouvrant le premier chapitre à être « des oiseaux rares de bons lecteurs » ! C'est une lecture où on lit où on dort, où on s'éveille au lit on dort, ouh ouh ouh ! C'est l'épanchement Nervalien du rêve dans la vie réelle, le débordement du roman lui-même en cavale de son monde secondaire. Plus vrai que vrai : lorsque je termine ma lecture, je fouille dans mon portefeuille et tripote ma monnaie, geste de vieil Arpagon qui ne me ressemble pas et là je ressors une pièce de 5 roupies planquée qui roupillait parmi les centimes d'euros depuis plus d'un an… depuis mon dernier voyage en Inde du sud sur les traces d'un immortel Tamil, sorte de Lao Tseu de l'Inde antérieure, Agastya. C'est une petite pièce de cuivre et de nickel portant 4 lions, le dernier lion est caché. Ce sont les lions de l'Empereur d'Ashoka dont le modèle est un chapiteau retrouvé dans la cité Bouddhiste de Sarnat. Il devise en sanscrit veut dire que la vérité triomphera. En langue tamile je me suis armé de cette parole de puissance comme d'un poignard à ma ceinture : Unmai Vellum ! La vérité triomphera ! Jusqu'où peut se loger l'épanchement du roman dans la vie du lecteur ? Heureusement que j'ai pu lire et relire ce roman sans la moindre crise d'épistaxis comme en avait eu Samuel Liddle Mathers en présence des Supérieurs Inconnus de l'Ordre rosicrucien de la Golden Down dont il était Grand Maître et comme cela arrive à certains moments d'intensité dramatique dans ce premier volume des aventures d'Arthur Brenac.

Cependant m'étant exposé sur une plage du Finistère pendant la première canicule de Juillet 2015, j'ai trouvé le moyen d'oublier d'appliquer assez de crème solaire sur le bout de mon nez qui me cuit… Quand même ! Je n’avais jamais attrapé ce genre de coup de soleil avant… Aurais-je par cette lecture mis mon nez là où il ne faudrait pas selon certains gardiens jaloux ? Mais justement jusqu'à quel point la lecture de ce roman est-elle un acte de magie opérative alors que l'efficacité de la prononciation de certaines formules magiques en latin dépend de la mélodie qui les soutient? J'avais depuis fort longtemps grâce à Nerval appris à prêter attention à la souvenance de l'air des comptines. J'avais à l'esprit tout le développement transmis à partir de la réception via Alexandre Douguine par Sarmatikus à Moscou du roman de Graham Masterton, Walkers dont Parvulesco rend compte dans Le retour des grands temps. Évasion par entrée dans le mur de psychopathes d'une maison de fous en passant par les lignes ley, à l'aide d'un pentagramme Salomonique de sang et une simple flûte mais sur quel air ? Un air gaélique dont nous avions les paroles mais la mélodie? Il se rapprochait d'une ancienne comptine, un air enfantin intitulé le roi : « la lavande est bleue là là là. » Dans le même chapitre Parvulesco révèle le passage secret du Palais de Versailles une cheminée en marbre rouge offrant un espace supra temporel, zone d'acceptation qui n'est accessible qu'avec la musique jouée sur un orgue de Marie Antoinette sur l'air de plaisirs d'amour. Or l'équivalent est apporté dans ce roman par l'explication donnée p 275 à la formule latine « Filio noster mortus vivt rex ab igne redit et coniugio gaudet oculto » formule alchimique inscrite sur la porte de Palombara dans le mur nord du parc central de la place centrale Victor Emmanuel II à Rome. Là il serait possible de passer dans la quatrième dimension. Mais avons-nous la mélodie? Eh bien oui mais là je ne donnerai pas la page ! Cherchez et vous trouverez, chantez et on vous ouvrira…

Quel étrange nom !

Nous est confiée au début du roman la dédicace à son roman Clovis Dardentor datée au 17 janvier 1896 de Jules Verne à son très cher ami L.C. : « Je doute que beaucoup de personnes trouvent la clé de Sol, de Fa et d'Ut qui indiquent la hauteur des notes associées à chacune des lignes qui constituent cet ouvrage. » Tout n'est-il pas donné dans ce roman à travers une désarmante simplicité, masquée par l'apparent foisonnement des signes sur des pistes brouillées, pour tout dérober à notre portée? Comme dans le roman de Verne ne serions nous avertis que Tout s'y trouve et que rien n'est dit à qui n'a pas des oreilles pour entendre la musique ? De tableaux en tableaux tout y est mise en abîmes, vertiges, démultiplication dans ce qu'Anna de Noailles dirait cœur innombrable. Le mouvement giratoire effréné centripète et centrifuge y emportant tout, êtres, choses, prisonniers de la matière dans la fin du Manvantara.

Un sang galiléen(p38) recueilli lors de la mise au tombeau faite par Nicodème et Joseph d'Arimathie, puis introduit dans un gant et son étui de plomb glissé lui-même dans un figuier qui jeté à la mer dérivera jusqu'au littoral du pays de Caux donne son nom à la ville de Fécamp : le camp du figuier. Ce sang royal est le véritable sang royal du Christ ou Saint Graal, en tout cas cette relique semble vouloir ou pouvoir arrêter la course involutive du cycle comme le figuier s'est arrêté dans la vallée où est construite l'abbatiale de la Sainte Trinité. Fécamp était relié par un chemin à Etretat, voici d'intéressants prolongements entre Brenac et Lupin… Le sang rédempteur, c'est à dire la loi de l'auto sacrifice, (« qui n'a pas tout donné n'a encore rien donné » dit l'Ivanka de Medjugorjé à Jean ) n'est-il pas la seule voie d'accès à l'immortalité ? La loge noire ne fait que singer la connaissance, prise au piège dans le portrait diabolique de Dorian Gray. Tout le chapitre 9 du roman qui se déroule essentiellement dans la cabinoche de vigne est en tant que tel comme un arrêt de l'action, un repos, une station ouvrant sur une chance de renaissance au sein du désastre comme l'exprime le journal de Junger demandant l'arrêt des combats allemands lorsqu'il voit l'effondrement du 3ème Reich. C'est dans notre roman une phase d'instruction essentielle et même très technique si je puis dire en matière de tantrisme comme de transmission des ordres de mission. Il me fait penser à la rencontre de Jean Parvulesco avec la jeune donneuse de pain en Bosnie lors de sa deuxième tentative d'évasion ratée du camps de travaux forcés Titiste de Tuzla en 1849 près de Sarajevo décrite dans Rapport secret à la nonciature.» Cette apparition de derrière les buissons sera l'ouverture au Mystère de l'évaluation des quatre pains précédée par le don d'extraordinaires grappes de raisins. De plus ce dialogue m'interpelle : Qui êtes vous ?, demandé par Diana la verte dans la chambre verte (p57) ; Vous ne me connaissez pas ? redemandé par Diana la rouge dans la cabane de vignes, ( p 129), réponse d'Arthur Brenac puis réponse à la réponse : « Quel étrange nom ! » Cet échange me renvoie à celui entre Parvulesco et Ivanka ( p 38 et 39) :

« Comment vous appelez vous ?
- Et vous même ? Êtes-vous allemand ?
- Non, vous exagérez, vous savez parfaitement qui je suis même si moi je n'ai pas de certitude quand à votre véritable identité, je veux dire l'autre. Mais n'en parlons plus il ne faut pas. Je m'appelle Jean vous ne le saviez donc pas ?
- Ah oui ? (… ) Et la peur, vous n'avez pas peur de moi ? Du tout vraiment ? Qui je suis vous le savez ? Non vous ne le savez pas ? Mais sachez que nous portons vous et moi le même nom. Aujourd'hui je m'appelle Ivanka. »

Ivanka est naturellement le féminin de Jean. Brenac, Bran, c'est le nom du château non loin de l'endroit où est née Diana. « Ainsi tout était réuni pour que ces deux êtres se mythifient mutuellement. Dans les noms mêmes que le destin leur avait attribué étaient contenus les germes du rendez-vous qu'ils avaient ce soir. » ( p 61) Et comment ne pas mettre en relation cette question du nom, de son nom secret que l'homme ignore avant d'approcher la réintégration de l'androgyne original, avec le nom de l'étoile ce nom divin que Parvulesco sait devoir connaître un jour. Ceci nous ramène à l'expérience mystique, illuminative, l'étoile au front, ou foudre d'Apollon consécutive à son passage à tabac épreuve initiatique s'il en est, dans la prison de Tuzla après sa première tentative d'évasion en 1949. Si j'ai parlé de la réverbération horizontale entre les zones géographiques il ne faudrait pas oublier la verticale car l'errance de Parvulesco de même que son erreur de choix dans sa fuite, erreur assimilée par lui à une sorte de péché contre l'esprit qui l'aurait condamné tout le restant de sa vie à une sorte d'anti destin, par son refus de suivre les conseils de cette deuxième rencontre, celle de l'humble charité du deuxième pain, de Vlado Prusina, cette errance cosmogonique, pérégrination de survie se fait toute entière sous le regard des étoiles. Au lieu d'aller en Dalmatie, il ira à Sarajevo au Milieu embrasé où veille extatiquement la lionne Sekmet. C'est son lion d'or. L'endroit à Medjudorjé sur les hauteurs duquel il rencontre Ivanka est placé sous la ceinture d'Orion et celui vers lequel il lui fallait se diriger « se trouvait sous la garde de l'épaule d'Orion, sous la garde donc empourprée et nuptiale de Bételgeuse (p 36.) J'ai dit plus haut que c'est sous cette même étoile que ma rencontre avec Parvulesco a été mise en piste. J'ai mieux compris ensuite ce qui ne cessait de me surprendre, l'intérêt qu'il avait pu porter à ce Célestin venu ainsi à lui sans y rien comprendre avec à la bouche ce mot de passe.

La rencontre entre Arthur et la Diana gentille se passe dans un champs d'Héliotropes puis ils prennent refuge dans la cabane de vignerons (p13). Or Diana la gentille est aussi la boiteuse : la claudication est la marque du combat avec l'ange, donc de la qualification initiatique. Un autre boiteux joue son rôle dans le roman de Tony Baillargeat, c'est l'eduen moustachu Sinroc, rencontré à Corancy. Lui aussi bénéficie du mystère de l'évaluation des pains et ce sur une très longue période. Définitivement arrivé là dans ma lecture, je me suis demandé sérieusement quelle était la part de véracité dans ce roman. La note 303 en page 115 dans laquelle l'auteur affirme avoir été le témoin au café Rotonde (dont il sait qu'il était un des QG de Jean Parvulesco), entre l'écrivain roumain et le « Maître du sombre abîme de l'iniquité » me laisse supposer que la veine romanesque de Tony Baillargeat rend compte elle aussi de l'activité des minorités agissantes dans l'ombre et la lumière, passées et présentes et ce avec une grande et assez redoutable précision. De plus je crois volontiers au Yeti qui passe en nous laissant une odeur de soufre. Dans la série un roman comme un train peut en cacher un autre : Le secret de Diana Danesti n'est-il point lié au secret du Docteur Horniberger de Mircéa Eliade, ce roman que Parvulesco veut nous faire lire et qui traiterait de l'instruction de la voie des Hauts vents par l'étoile du Nord ? Et quel rapport Diana D. entretient-elle avec cette Atalanta Fugiens Parvulescoque qu'est Diane d'Apremont ? Enfin un personnage de roman peut-il cacher une personne réelle historique ? Oui Diana D et Anna de Noailles, mais aussi par exemple la jeune fille encagoulée dans les caves de l'allée 17 ne pourrait-elle pas nous renvoyer à Valentina cette voyante thaumaturge dont Parvulesco expose les révélations (p. 384) dans son dernier roman ? Celle qui devenue aveugle retrouvera la vue pour la voyance nous nous fait comprendre le sens profond de « Rien voir c'est tout voir » que Parvulesco donne à Tony Bailargeat comme un sésame dans la préface de Dans la forêt de Fontainebleau. Une centrale occulte sous les pieds du Sphinx de Giseh en relation avec une autre appartenant à un cycle de civilisation d'au moins 200 000 ans située dans le granit des Carpates en Roumanie. « Assez curieusement, celle-ci se trouve décrite pas Valentina d'une manière assez proche voire même à l'identique aux visions supra temporelles d'Erle Coxe dans sa Sphère d'Or. » C'est un lieu difficile d'accès voire impossible, tant les orages magnétiques le foudroient, mais voilà justement l'ambiance de la fin de notre roman dans les galeries souterraines du Père Lachaise !

« Valentina affirme que la découverte à venir de la centrale occulte des Carpates sera le signe annonciateur d'immenses bouleversements apocalyptiques, chargés de transformer entièrement la face de la terre et des destinées finales de l'espèce humaine dans son devenir d'ensemble. Tout renverser. » Alors je me pose la question de savoir si le secret de Diana D. ne nous avertit pas de l'imminence de cet accomplissement… Ne se pourrait-il pas qu'elle soit réitérée l'opération d'exploration de l'entrée Agartienne dans les Carpates menée par Rudolf Hesse en l'automne 1940 à l'occasion et consécutivement à sa venue à Bucarest pour les cérémonies funèbres d'inhumation des restes du fondateur de la Garde de fer, Andréi Cornéanu et de 13 de ses compagnons suppliciés, tentative qui s'était fort heureusement soldée par un cuisant échec ? Cette opération intitulée Lebendinges Fauer, se pourrait-il qu'elle soit à nouveau reprise ? Mais pour les forces de la lumière si le cycle de la civilisation peut reprendre son cours puisque la mésaventure Hitlérienne on ne le dira jamais assez a été à la fois le règlement d'un karma Atlante et le détournement, la déformation d'une gnose éminente par des entités ennemies du genre humain ceci quelque soit le respect que l'on peut avoir pour le courage et les vertus guerrières des combattants de ce camps qui se sacrifiaient dans un idéal qu'ils pensaient juste.

Alors rendez-vous dans le petite couvent de Padina dans les Carpates ?

Dans le roman initiatique, de Maurice Leblanc à Gaston Leroux souvenons-nous que tout est codé, chiffré en profondeur, le fauteuil hanté est le siège périlleux des chevaliers de la table ronde, le vert académique nous parle des vrais déboires de la quête d'immortalité, le secret de Thot est le même que celui d'Hermès, et le voyage est toujours plus dangereux que celui que l'on fait autour de sa cabine… (aïe mon nez me brûle!)… Les parfums sont plus tragiques qu'on ne le pense. Tony Baillargeat n'utilise pas l'italique mais ses notes sont charitables. Si nous pouvons être aussi fous que le Bel Enos, surmontant notre effroi, alors lirons nous paisiblement, les yeux voilés à la raison humaine, sur le lierre l'entourant et non le liseron, dans la colonne dorienne, les signes du mystère. Dans les romans de Jules Verne, Le château des Carpates, nous suivrons le sentier perdu de Jean Parvulesco et poursuivrons le secret de Diana Dianesti avec Tony Baillargeat. L'enseignement de la cabane de vignes de Junger nous a apaisé en nous affirmant simplement que « quand le monde vacille sur ses bases, un regard jeté sur une fleur peut rétablir l'ordre. » Voilà comment il faut écrire et lire. Le moindre vent dans les feuilles du frêne Yggdrasil nous susurre le second souffle de cet autre écrivain là. Alors, Polistes, prêtres rois, allons manger du pain ce qui se dit en langage elfique Medin Vast. Nous retrouverons tout si nous sommes assez attentifs. L'histoire cachée occulte des luttes entre les générations lunaires et solaires de la Tara Româneasca est l'histoire même de l'être national des grands peuples. Les sentiers perdus du vrai monde sont reliés aux Shangri La de toujours. Dans les montagnes sacrées de Kogaïonon, sur les traces de Zalmoxis, nous n'attendons plus le Roi du Monde, tous les chemins mènent à Tara Româneasca.

Alàmani ! ( Allez en ma bénédiction ! en langue elfique)

« Voici l'heure où le pré, les arbres et les fleurs
Dans l'air dolent et doux soupirent leurs odeurs.
Les baies où l'ombre se recueille
Sentant venir le soir se couchent sur leurs feuilles.
Le feuillage qui boit les vapeurs de l'étang
Lassé des feux du jour s'apaise et se détend. »

Anna de Noailles.


Le secret de Diana Danesti
Le secret de Diana Danesti
Chiffré en profondeur. Le songe de cent cinquante.
Chiffré en profondeur. Le songe de cent cinquante.
Le songe de cent cinquante
Le songe de cent cinquante

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