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Et si on aimait la France ?

Et si on aimait la France ?

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L’écrivain et économiste Bernard Maris publiait en 2015 un livre au titre iconoclaste tant le système républicain et ses élites politiques, médiatiques et universitaires rivalisent à longueur de temps en détestations, repentances et autres dénigrements du pays : Et si on aimait la France ?

Notre intellectuel est un lettré façon Debray ou Gauchet, appartenant à la famille très française de ceux qui pensent, famille qui se dépeuple un peu plus tous les jours au fil des disparitions de ses grandes figures (Revel, Le Goff, Gallo) et au contact du puissant dissolvant qu’est notre société des images, écrans et mirages virtuels. Maris reste arrimé à la gauche mais se montre soucieux dans son ouvrage de bousculer le politiquement correct qui rend irrespirable la vie des idées dans notre pays. Bien lui en prend.
Il apostrophe les endormis, les chloroformés par la bien-pensance et les pusillanimes : « Un livre pour dire : non, Français, vous n’êtes pas coupables, vous ne devez rien ; le chômage, la catastrophe urbaine, le déclin de la langue, ce n’est pas vous, contrairement à ce qu’on veut vous faire croire. Vous n’êtes pas coupables. Retrouvez ce sourire qui fit l’envie des voyageurs pendant des siècles, au « pays où Dieu est heureux » ».

Le ton se veut parfois lyrique pour décrire la grandeur perdue de la France : « Aux 800 millions de morts dormant sous la terre de la douce France, comme l’écrivait en 1982 Pierre Chaunu, labourage et pâturage et béton et goudron ? Je ne sais pas. Aux patronymes merveilleux des 30000 monuments aux morts, avec leurs prénoms si ridicules, Antonin, Toussaint, Adolphe, Marcelin ? Oui, certainement. A M. Vergniaud, mon instit, je dois ; à André Breton et à la gare de Perpignan, centre du monde pour Dali, je dois. Je dois au sacre de Reims et à la fête de la Fédération, pour résumer avec Marc Bloch : « Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’Histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du Sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération. »

Il fustige la folie qui anime les déconstructeurs de la France : « Et j’ouvre les yeux sur ceux qui lui ravissent… ce que vous voulez. Son âme, sa beauté. Le salaud au sens de Sartre qui construit dans la Somme la « ferme des mille vaches » ; les salauds qui la conchient de bretelles, de ronds-points, de promotions immobilières, de supermarchés, de zones industrielles, d’immensités pavillonnaires parsemées de rues aux noms d’arbres, filles de tristesse d’architectes couverts par leurs maquereaux de promoteurs qui la bétonnent et la goudronnent ; les veules édiles qui laissent quelques rues occupées par des idiots en prière, à qui j’envoie les Dupont-Dupond de « Tintin au pays de l’or noir » pour leur botter le cul ; ceux qui lui arrachent ses vêtements, l’éducation, la connaissance, la langue, la République, la sociale, le peuple dans la ville, l’égalité, la laïcité, l’intelligence, le rire… Malgré tout, ils ne parviennent pas à masquer de leur burqa couleur d’argent cette « madone », selon de Gaulle, cette « femme » pour Michelet. »

Il pointe de son verbe haut la grave responsabilité des éducateurs -rééducateurs- qui sévissent au sein du système scolaire : « Maintenant, dans certaines écoles primaires, la coutume est de demander aux enfants de définir fièrement leur origine devant les autres : « Je suis fier de venir… » Et qui vient du Mali, qui d’Algérie, etc. Dans quel but ? Sacraliser la diversité ? Prévenir le racisme ? Ce genre de pratique nous eût complètement ahuris. « Je m’appelle Calestroupat, je viens d’Algérie profonde ; Pelizari, des Pouilles ; Sahliger, d’Autriche ; Granovski, juif, de Russie ; de Roquemaure, de Toulouse, petit-cousin de Joseph de Villèle, ministre de Louis XVIII, Chevalier de la foi, réactionnaire ; je m’appelle Gomez, fils d’anarchiste et tueur de curés… »
Lucide : « Il faut admettre que la France est un pays profondément chrétien, profondément marqué par le catholicisme – on ne canonise pas une Jeanne d’Arc pour rien-, même s’il n’a plus grand-chose à voir avec sa haute tradition, et que, précisément, la distance prise avec cette tradition peut lui rendre insupportable l’arrivée d’une religion, l’islam, dont les adeptes n’ont pas encore pris cette même distance. » ; « Nous avons les plaines et les plus hautes montagnes. Nous avons les Basques, qui n’appartiennent à personne. Et pour coiffer le tout, nous avons même Dieu et le Ciel, à Chartres, Reims et ailleurs, que les flèches de nos cathédrales saluent. Quelle merveille d’équilibre que ce pays situé à égale distance du pôle et de l’équateur, au contour harmonieux d’une régularité presque géométrique, où le blé, l’olivier et la vigne méditerranéenne côtoient la lande et la bruyère et l’élevage du limousin pluvieux. »

Sévère envers sa famille politique, et donc d’une certaine manière conscient de ses propres turpitudes, Bernard Maris peut tardivement, et paradoxalement, déplorer les effets dont il chérit depuis toujours les causes : « Que certaines mairies socialistes gèrent en toute bonne conscience ce qu’il faut bien appeler du communautarisme, en autorisant par exemple des horaires de piscine réservés aux femmes musulmanes, ne semble pas poser de problème : la diversité, les droits de l’homme, le communautarisme ont remplacé, pire, ont été confondus avec le social. »


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