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La langue de Rimbaud sert de guide de randonnée à Tesson

La langue de Rimbaud sert de guide de randonnée à Tesson

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Article publié une première fois pour Le Bien Commun n°34, Novembre 21. (https://lebiencommun.net/)

 

Pour Tesson, voyager et lire sont une seule et même chose, un seul et même geste. Lire le fait voyager. Voyager le fait écrire. Et là, c’est la poésie de Rimbaud qui lui sert de guide de randonnée.

Tesson ne boude pas son plaisir d’user de sa liberté de mouvement (et de pensée) tant mise à mal par l’ordre cybersanitaire… Il goûte l’incapacité de l’époque techniciste à comprendre le poète qui voulut d’abord trouver une langue. « Cette langue sera de l’âme pour l’âme. » explique Rimbaud. Il imagine donner des couleurs aux voyelles, plutôt que des nombres aux lettres. La poésie n’est pas un code, c’est de l’âme. Rimbaud est avant l’avant-garde, pour toujours. Tesson dénonce tous ceux qui ont cru comprendre le poète : « L’hermétisme des poèmes donne à chaque lecteur l’occasion de se prétendre le Champollion de la pierre de Rosette. » Il libère ainsi Rimbaud de toutes les récupérations des gloseurs qui voulurent s’en faire les héritiers : aussi bien de Claudel qui le voulut catholique, que de Breton qui le voulut surréaliste et désormais des cancelleurs qui en font une icône LGBT. Or « Les poètes ne sont pas des militants. » Et celui choisi par Tesson pour passer son été se contente de mettre le feu au Verbe. Pas de thèses, juste des images qui se logent dans nos crânes pour sans cesse crier et nous consoler dans le même temps. « Il malmène la langue parce qu’il l’aime. » Et l’on retrouve les portraits paradoxaux de Rimbaud : alchimiste-vandale, voyant-voyou, ange et démon… Le poète en quelques pages n’a cessé d’abattre la langue pour la réinventer et de « se souiller au passage pour renaître purifié ».

Tesson chemine aux côtés de celui qui espérait des bohémièneries et s’est retrouvé cloué à son grabat par un cancer des os. On comprend que le wanderer Tesson se compare un peu, lui qu’une mauvaise chute a failli immobiliser définitivement, lui mû par la fuite et la quête du graal littéraire. En attendant les formules de Tesson ressuscitent l’ange et le démon : « Rimbaud est le monstrueux prématuré de la poésie, expulsé de la cuisse du Verbe. »

Un été avec Rimbaud, Sylvain Tesson, Éditions des Équateurs, 14,50€, 217 pages


Tesson rend hommage à la Grande Armée
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Rimbaud par Tesson
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Rimbaud et la Mer Rouge
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