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Le monde du silence

Le monde du silence

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Si le débat sur le réchauffement climatique divise et explique, par son existence même, la difficulté à prendre et à faire appliquer des décisions, il existe un fait environnemental qui n'est guère sujet à controverses : la dégradation des océans. Toutes les études le montrent, tous les symptômes vont dans le même sens, tous les spécialistes et tous les organismes inter-étatiques sont à l'unisson.

Donnons un aperçu des faits avancés par Gilles Boeuf, biologiste, professeur au Collège de France : le quidam français ne le voit pas encore mais il pourrait bien lui arriver une déconvenue similaire à celle des Japonais qui ont vu le cours du thon rouge s'envoler à 6000 €/kg et un poisson vendu 1,28 millions d'euros… Pendant quatre siècles, l'activité de pêche se contentait du littoral. À partir des années 1950, il a fallu aller plus loin, puis plus profond, puis chercher de nouvelles proies. À la pointe de cette hystérie productiviste, quelques grandes sociétés de pêche ont, par leur chalutage depuis les années 1980, méthodiquement détruit les fonds marins propices au renouvellement de la ressource halieutique. Un chalut détruit en 5 minutes des écosystèmes stables depuis plus de 100 millions d'années. La morue a disparu des bancs de Terre Neuve, les dernières survivantes pèsent 50 kg au plus contre 200 kg en 1900… Un article de la revue Nature daté de 2006 prédit la disparition totale des poissons sauvages comestibles en 2048. Voilà pour la mauvaise nouvelle.

La bonne nouvelle, à l'opposé du réchauffement climatique, c'est que l'on sait très précisément ce qu'il faut faire. En trois points :
  • Augmenter la superficie des réserves marines. Les réserves marines représentent actuellement 1 % de la surface des océans : la Convention sur la diversité biologique a adopté dans le protocole de Nagoya d'arriver à un niveau de 10 %.
  • Interdire le chalutage en eau profonde : le parlement européen doit le 10 décembre prochain adopter une résolution en ce sens.
  • Lutter contre la pollution par les matières plastiques.

Tout va donc bien ? Hélas, il semble que des groupes de pression à vue courte et cupides s'opposent au vote européen du 10 décembre. La France les soutiendrait. L'homme va-t-il encore échouer sur ce point où l'urgence va de pair avec la simplicité de l'action ? L'être humain a tendance à être plus motivé par les succès que par les échecs. D'où l'importance, pour l'apprentissage, de faire des exercices de difficulté croissante. La sauvegarde des océans est un exercice simple et bien posé. Le surmonter servira d'exemple et donnera du courage pour surmonter d'autres enjeux. Mais qu'y pouvons-nous me direz-vous ? Être attentif, écrire à nos députés et au gouvernement que nous savons ce qui se passera le 10 décembre 2013. Glaner les ordures lors des promenades au bord de la mer. Manger moins de poisson : le poisson est paraît-il tellement pollué au Mercure et aux PCB qu'il en devient dangereux pour la santé au-delà de deux fois par semaine. En manger moins nous permettra, et surtout permettra à nos enfants, d'en manger plus et de bonne qualité.

Les océans représentent plus des deux-tiers de la surface terrestre. Comme nous y allons rarement et que leur taille nous dépasse, nous les négligeons. Il semble à la portée de l'homme d'éviter que ce monde ne sombre définitivement dans le silence.

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