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Imprécations nocturnes, Grégory Rateau

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau

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Comme Radiguet, Grégory Rateau sait qu’un poète ne peut être que maudit. C’est consubstantiel au verbe qui l’a choisi. Il est l’élu de la malédiction et joue le jeu. Qui est-il ? Il est celui à qui il manque quelque chose, le contraire de l’être suffisant, celui qui va réclamer ce qui lui manque et la ramener en permanence. Le poète est un mendiant qui abuse du blues. Tous les regrets se poétisent, celui de ne pas avoir été un héros, un père… Pas fier, le poète baisse le regard devant son propre visage.

Et devant qu’avons-nous ? « L’horizon fantôme » ? Grégory Rateau répond : « L’horizon ne promet rien. » Il campe une perplexité face à l’avenir qui est énigme compte tenu de ce qui a été vécu. Quelle attitude avoir pour demain qui vient ? Quelle poésie inventer pour vivre ? Il nous propose celle de l’équilibre entre désir et lucidité. « Nombreux sont ceux qui se tiennent en équilibre à contempler rigides le crépuscule venu ». Et nous en sommes…. Même condition que le poète et c’est déjà une consolation. Sur le point d’équilibre proposé, parviendrons-nous à « Vivre dans l’attente « en homme qui penche » » ?

Hier est donc sans illusions, et pourtant, c’est encore une matière vivante. L’amertume se transforme en ironie glorieuse aux bords des lèvres, car l’ironie est le moteur de toute narration. « Que faire sinon continuer » ? Continuer à s’offrir en poème comme en pâture. La seule façon honnête de rendre performant le désir qui loge encore en nous. Sachant qu’on ne peut pas toujours compter sur son art. « La littérature te fuit et pourtant / il ne reste qu’elle pour te sourire. » On retrouve celle d’hier redevenue poussière, là dans « ce cendrier plein de poèmes ».

Il faut lire Imprécations nocturnes de Grégory Rateau, dans une pénombre, à faible lueur, dans la conscience qu’une oreille aimée entend tout et que l’on n’en parlera jamais. Il faut lire Imprécations nocturnes pour se dépouiller de toute suffisance. Risquer l’incommunicabilité, et avoir recours à la contemplation des mots. Être Raturé jusqu’à se rendre illisible à soi-même. « A la fin, je me présenterai devant vous presque nu. » C’est dire si la poésie dépouille.

Imprécations nocturnes, poésie de Grégory Rateau, Conspirations éditions, 78 pages, 9€


Conspiration du réel
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Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat
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O. C. Wingate
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