Présence de Jean Parvulesco : Rupture du temps indo-européenne
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Avant-propos de de Laurent James :
Le samedi 12 novembre 2016, quelques pratiquants de la prose enchantée de Jean Parvulesco se réunirent en l’église princière du Monastère de Negru Voda au cœur de la Valachie roumaine, afin de célébrer une Panikhide – Vigile pour le repos du défunt et consolation pour ses proches – lors du sixième anniversaire de la naissance à Dieu du grand écrivain.
Décision fut prise en l’occasion, à l'initiative de son fils Constantin et de ses petits-fils, le Prince Stanislas d'Araucanie et Cyrille Duc de Zota, de fonder le Comité Jean Parvulesco. Celui-ci vise non seulement à entretenir la mémoire de l’écrivain, mais surtout à prolonger sa pensée géopolitique d’avant-garde dans l’histoire contemporaine…
Plusieurs conférenciers intervinrent en suite du service liturgique mémoriel, pour évoquer la personnalité de celui qui écrivait que La géopolitique transcendantale est une mystique révolutionnaire en action, tout en mettant en avant les racines spirituelles du continent eurasiatique. Cette journée confidentielle fut le prodrome des futurs colloques de Chișinău (République de Moldavie) dont l’importance géostratégique est aujourd’hui notoirement reconnue au niveau international.
Une plaquette – conçue et illustrée par Pellecuer – fut éditée à cette occasion sous le titre Présence de Jean Parvulesco, recueillant les interventions de Robert Steuckers, Laurent James, Emmanuel Leroy, Vanessa Duhamel, Iurie Rosca, Alexandre Douguine, et celle de Marc Gandonnière dont le texte est reproduit ci-après.
Ce n’est pas lui faire injure que de révéler que Christophe Bourseiller fut l’un des premiers à commander notre recueil. C’est peut-être la présence ainsi réactualisée de Jean Parvulesco qui lui donna l’idée de partir aussitôt à sa recherche !
La première édition ayant été rapidement épuisée, et considérant les demandes qui nous ont été faites, nous avons décidé de procéder à une nouvelle édition, revue et augmentée.
Le recueil est disponible exclusivement à la commande, au prix de 12 € (frais de port inclus), à l’adresse suivante : j_parvulesco@orange.fr
Actualités à suivre sur la page Facebook : Présence de Jean Parvulesco
Laurent James (https://www.parousia.fr/)
(c) Laurent Pellecuer
LE SARCOPHAGE DU SOLEIL :
Quand l’épouvante immense des ordalies du non vouloir s’élève au dessus des chairs sollicitées, quand se réveillent en nous les morts d’une race démantelée aux frontières du grand sommeil : aux frontières de l’Inde Aryenne, l’oubli en nous de l’être des principes du souffle pourvoyeur des hauts plateaux analogiques de l’allégeance heideggerienne à l’auvent du sang de Souche ancienne à la noire terre buissonnante de Runes d’Argent, de Vallombreuses ensauvagées quand les fenêtres aveugles du blockhaus supratemporel des nôtres irradient l’insoutenable éclat sur sarcophage que Damian rebâtit en rêve. Ainsi la seconde mort nous vint elle avec l’extinction du soutien de la vallée sous les glaciers d’Europe et désormais nul redressement ne nous sera possible…
L’Histoire elle-même est achevée. La plus grande Histoire… Mais l’Inde restera toujours le coeur du vertige, l’oeuvre de Damian toujours y puisera l’eau brûlante, l’eau vive de ses étincelantes piscines astrales, de ses canalisations sephirotiques dont le discours à peine murmuré dans la nuit de forme originelle reproduit sans fin l’immaculée donation, l’éclat de la Levée Première. Car l’Inde au tréfonds de Damian redevient la terre du seul départ, la terre de la seule arrivée ? Jeune Mère abandonnée au bord de la route au bord du fossé des larmes noires. De quel précipice d’épouvante, de quels effacements s’y reconstitue, ainsi, la chaîne mentale de l’Unique Déesse Clémente… Dans l’eau salvatrice de la baignoire notre double nudité qui lentement devenait nuptiale, cette nudité absolument nouvelle et qui s’imposait d’elle à moi et de moi à elle me paraissait déjà répandre comme une aura de sainteté et de gloire vivante une lumière en quelque sorte Thaborique. Tous bas je répétais en moimême les derniers vers de Benvenita : « Déjà je ne suis plus où je suis, la dérogation de ma pensée rejoint clandestinement le réduit en troncs de sapins sur un rocher d’amnésie, qui mentalement surplombe la gorge de l’ Indus, tous près de l’autre frontière ; les jours sont aveuglants de clarté, et glaciales les nuits en dessous d’un feu de ronces ; or bientôt je ne retournerai plus dans ces draps d’où chaque nuit je prends mon départ là bas ; bientôt j’y resterai à demeure et quand viendront les grandes neiges, on m’enverra aussi l’épouse des hauteurs, la Benvenita, toute nue sous sa tunique de scintillantes haleines blanches, la pourvoyeuse d’être. »
CANTOS PISANOS :
Ainsi marqué par la « Lumière noire d’Apollon » qu’avait entrevue, un jour, Aimé Patri, par cette mystérieuse et troublante « lumière des loups » dont parlent les traditions hyperboréennes de la Grèce antérieure, l’existence d’Ezra Pound n’aura été qu’un long et terible vertige d’écartèlement au-dessus des gouffres intérieurs de l’état d’exil , de l’état de loup garou dans l’appartenance occulte du Dieu Noir, de l’Apollon luimême, crucifié sur les ténèbres intérieures du soleil, au-dessus du Puits du Soleil ?… Nul ne saurait aller au Père si ce n’est par moi. Nul ne saurait être admis à la vision totale solaire impériale, à la fois ardente et limpide d’Apollon Phoïbos, le « resplendissant » s’il n’est descendu lui-même… jusqu’aux tréfonds interdits et obscurs où veille l’Apollon noir, l’instructeur et maître de la lumière hyperboréenne du « Soleil des Loups »… C’est réduire l’Argrund nocturne des origines ontologiques par l’Abgrund pré-ontologique l’intransif… seule la poésie, le sentier Aryen oublié livrera l’ouverture occulte vers les chemins qui portent la délivrance absolue… ce sentier Aryen oublié qui est peut être aussi le sentier Védique de la poésie la plus grande est essentiellement un sentier d’exil de rupture totale, de départ sans retour et de déportation…
Chaque fois que quelqu’un se souvient de ce qui se situe indéfiniment au de-là de l’oubli, le monde de l’oubli disparaît, comme par enchantement, et c’est bien là dans une soudaine rupture des interdits, que réside et se lève le souffle vivant de la part à jamais hors d’atteinte du double mystère hyperboréen – mystère de la glace et mystère du feu – agissant à travers la spirale ascendante de « l’éternel retour » du Sang Majeur… Longtemps, très longtemps, à Tübingen, sur les rives du Nukar, Hölderlin sut montrer qu’il n’était plus lui-même, qu’il était devenu – définitivement – cette Allemagne éternelle dont la figure préontologique était censée illuminer, depuis les hauteurs, la totalité du cycle de destin continental qu’il avait ainsi ramené, lui-même, à ses principes, à son être eidétique, où la Garonne s’identifiant visionnairement – hypnagogiquement – avec le Rhin, avec l’Oxus, avec l’Indus, avec la rivière éternelle de l’être se rejoignant lui-même à travers le lointain des Terres, des sables, des gouffres occultes du non être et de ses dominations de l’ombre.
IOSIS :
L’Inde m’est loin, toujours, et la verte Irlande où se meurt elle, déshonorée ontologique et dans la honte ?… Le cher, le très cher roucoulement de l’invisible oiseau, bleu, sombre et rouge profond de l’invisible oiseau polaire de Kalki, teint de sang frais et teint d’un bleu terreux, de l’invisible oiseau Kalki teint d’indigo brûlant et bouillonnant, qui me redit en courtoisie ces mots à bout de souffle, qui me chuchotte les mots mêmes du dormeur royal… in dem innern Indiä et Montselvache localisé avec le Roi Arthur, dans l’Inde Intérieure, l’endroit où, en quittant l’Europe, se seraient retirés les
(c) Laurent Pellecuer
Les mots que je prépare cette nuit de Samhain pour les amis de Jean Parvulesco ne sont pas destinés à convaincre, à informer, pour ajouter à tout ce qu’ils savent et comprennent très bien déjà. Ils sont arque boutés sur divers textes du prêtre Jean Roumain en renfort à celui qui voyait dans l’écriture un combat métaphysique total, afin d’impulser un peu plus la quête de chacun vers ce Graal du grand rêve Eurasiatique Impérial de la fin ou du grand recommencement plus exactement.
Je viens de relire trois textes du Cahier Jean Parvulesco des Nouvelles Editions Européennes paru en 1989 : Deux grands poèmes sidéraux : « Le Sarcophage du Soleil », « Iosis », puis un texte composé à partir des débris d’une épave échouée, un livre perdu comme les mots substitués d’une parole perdue dont il faudra s’accommoder, un texte sur Ezra Poun : « Cantos Pizanos, fragments et notes de ses carnets du Bunker Palace hôtel ». Le départ d’Ezra Pound, son exil, c’est le fait de l’exil de l’Amérique elle-même hors d’elle et c’est notre perte d’un non-lieu, celui du rêve américain comme une répétition de la chute originelle. Le départ de tout poète rend sa terre natale orpheline, terre d’exil. La Roumanie, la France et l’Europe le sont de l’absence de Jean Parvulesco. Mais ce que dit Jean Parvulesco au sujet de Pound, concernant sa générosité, sa charité ardente, son enthousiasme d’homme au milieu des ruines à soutenir toutes les jeunes pousses de relevailles ontologiques, voilà qui s’applique à sa personne. Sa personne, je la regarde, je la devine dans les cendres du poème de Joachin Du Bellay, je regarde dans les cendres, moi qui n’ai su être des vôtres lors des funérailles de notre ami commun « Dites esprits (ainsi les ténébreuses Rives du Styx) non passables en retour vous enlaçant d’un trois fois triple tour n’enferment point vos images ombreuses. » (Les Antiquités de Rome).
L’exil de l’Europe, nous ne finissons plus d’en distiller les remugles, d’en poser les pierres tombales. Faut-il remonter à Dante, le Gibelin désenchanté devant la piètre épopée de l’Alto Arrigo, comme il le nomme dans la Divine Comédie ? Henri VII de Luxembourg, Empereur du Saint Empire Germanique était nouvellement élu succédant au Stupor Mundi, Frédéric II de Hohenstaufen. Ce dernier mena la seule victorieuse et la moins meurtrière des croisades en terre sainte. Que reste-il de son rêve Impérial lorsque l’Alto Arrigo meurt en 1313 (empoisonné) sans avoir pu reprendre la chère Florence de Dante ? Et Dante le dernier des hommes civilisé d’Europe comme on parle des derniers pères de l’Eglise, a été déçu. Que devraient dire les rêveurs d’Europe en 2016 : les guerres de religions ont précédé les révolutions, guerres européennes mondialisées, les parodies sanglantes d’Empire, Napoléon, Hitler. Je ne dresse pas le tableau de l’Europe libérale soumise à un autre Empire, rongée par la corruption des lobbies financiers et industriels. Julius Evola avec son idée Impériale et Gibeline dans Le mystère du Graal, cite un vieux conte Italien : « Le prêtre Jean très vieux Seigneur Indien fit apporter à Frédéric II un vêtement incombustible en peau de Salamandre, l’eau de l’éternelle jeunesse et un anneau avec trois pierres chargé de pouvoirs surnaturels, mandat supérieur pour rétablir un lien avec le Roi du Monde. » Pouvons-nous oublier encore la dernière trace laissée dans son journal intime par Joseph De Maîstre : Je pars avec l’Europe, c’est aller en bonne compagnie. (25/02/1882) ? Et qui aurait pu espérer qu’il soit tenu compte des avertissements offerts par le philosophe d’éternité dans ses Entretiens de Saint Pétersbourg X et XI montrant la voie par laquelle il n’y aura d’Europe Catholique ni chrétienne, ni d’Europe tout court.
A propos d’avertissements :
J’ai par devers moi ici un courrier de Jean Parvulesco daté du 26 mai 2000 me remerciant de la signature de mon nomen sacrum Marc Valois apposée à son Manifeste Catholique d’Empire qui disait-il restera. Dans ce courrier Jean Parvulesco abruptement presque me dévoilait ses certitudes sur le contenu du 3ème secret de Fatima en plus de l’attentat contre Jean Paul II : épreuves finales de l’Eglise auxquelles celle-ci n’échappera que si nous autres sommes capables de faire ce que nous devons faire. A l’époque je pensais il faut l’avouer, que les craintes de notre ami étaient infondées, le temps des épreuves et des persécutions, depuis la fin du communisme, étant révolu… Or il y a plus parmi les chrétiens d’orient aujourd’hui de martyres que pendant les premiers siècles de l’Eglise !!! Son courrier précédent, daté du 22 mai de la même année, délimitait l’espace géopolitique concerné par son Manifeste : Europe de l’Ouest, de l’Est, Russie et Grande Sibérie, Inde et Japon. Et de préciser : l’Inde qui est l’épicentre suprême. Cette idée de l’Inde est une grande indidée qui à l’évidence nous liait, car oui, cher Jean Parvulesco, vue sur la carte du Prêtre Jean, l’Europe est un petit cap de l’Asie : Kiptchak/Jagataï/Ilcnan/Jüan !
Dans une autre lettre sur papier à en tête du Groupement Géopolitique pour la plus Grande Inde daté du 31/XII-2008 « Pourriez-vous me faire parvenir une carte-photo de Babaji, il me semble qu’une relation médiumnique vient de s’établir entre lui et moi. »
Le natif Michaëlien de Lisieux en l’année 1929, je n’avais aucune peine à imaginer qu’il parvînt à nouer un lien de cette nature avec un Avatar Immortel Himalayen dont je lui avais juste envoyé une image, attendu déjà la nature psychique et onirique constituant la presque totalité du lien entre nous, fors presque toute relation personnelle et mondaine, sociale.
La nuit du 20 au 21 Octobre dernier, car il m’arrive de ne pas écrire la nuit, mais alors je rêve et je dois écrire ces rêves, j’ai rêvé que j’étais dans un restaurant, dans un salon, face à une femme aux yeux et au teint clairs portant de grands cheveux blonds. Elle me parle de choses secrètes, intimement. Je sais dans ce rêve que cette femme est un personnage de Jean Parvulesco.
Je lui aurais écrit ce rêve, au « prêtre Jean », s’il était encore de ce monde. Il se dégage d’elle une émanation directe du coeur, comme un Amour totalement étranger à ce monde, mais augurant d’un possible.
Je me suis demandé si cette femme était l’Europe. Alors je demande au matin à mon épouse si elle a fait un rêve complémentaire au mien que je tais. Elle me raconte… (nous sommes habitués à cette méthode d’instruction). Tout s’éclaire. Elle a rêvé d’une femme du temps de Louis XI, etc. La morale de son rêve se résume par « L’avenir du monde se joue dans une alcôve. » Je lui ai lu avant le coucher un tiers du poème Le Sarcophage du Soleil, auquel elle n’a rien compris, elle n’a jamais de sa vie lu la traître ligne des livres de Jean Parvulesco, elle ne sait pratiquement pas de quoi il est question. Certes, la femme de mon rêve ne m’avait pas invité à la rejoindre dans une baignoire, mais je la crois la même que la Benvenita du poème de Jean Parvulesco. J’ai une bonne raison pour cela. Deux jours avant, j’entre dans un vestiaire de salle de sport où j’enseigne le yoga et je découvre éberlué une phrase écrite au feutre vert sur un tableau blanc jamais utilisé ou presque, depuis 15 ans, surtout de cette façon : « Bienvenue Vermine ! »
La réalité dérape, et quand viendront les grandes neiges, on m’enverra aussi l’épouse des hauteurs, la Benvenita, nue sous sa tunique de scintillante haleine blanche, la pourvoyeuse d’être.
Parlant du retour au principe chez Hölderlin, Jean Parvulesco voit la preuve d’une identification avec l’Allemagne éternelle son image pré ontologique, pour le poète libéré de son moi, là où la Garonne s’identifiait avec le Rhin, avec l’Oxus, avec l’Indus avec la rivière éternelle de l’être. Toute vison totale est une pré-vision d’éternité. Elle résulte de l’expérience du sacré car comment des fleuves pourraient-ils sortir de leurs lits pour se fondre en une même eau, alors que la rivière du devenir n’est jamais la même, quand les philosophes se baignent au même fleuve qu’Héraclite l’obscur ? Mon maître indien Sri Premananda du Sri Lanka, nous a enseigné que lorsque nous sacralisons l’eau dans un rituel traditionnel, cette eau est, est effectivement, l’eau du Gange, de la Yamuna de la Kauvery. Les trois fleuves sacrés de l’Inde. Celui qui sait toucher l’eau touche toute l’eau. Notre Graal Eurasien peut nous être offert dans une telle immaculée donation.
Elle est pré-vue, pré-dite, non pré-historique puisque préontologique, elle n’est qu’à la fin de l’Histoire, elle est le chuchotement d’un mot de passe entre deux Maha Yugas que nous donne l’oiseau Kalki en son roucoulement, parole retrouvée de l’Inde antérieure et que seule possède l’Inde Intérieure, Inern India, l’Abgrund intransitif d’avant l’origine même du temps.
Alors de quelle réparation de l’Histoire pourrions nous rêver si ce pouvoir nous était donné ? Qui est la chienne verte de Proserpine assassinée à l’Escurial, et quel sort aurait été changé par sa survie ? Charles Quint le disputant à Apollon, puisque le soleil sur son Empire ne se couchait jamais, n’ayant plus à poursuivre Daphnée, pouvait-il s’abstenir de gaspiller la clémence dont dispose un Prince, ou de pécher par étourderie politique à l’endroit de Luther ? L’anniversaire m’oblige à y penser. Le pouvait-il avant que 100 000 morts ne surgissent sous les écrits furieux du théologien employés à déchirer, au lieu de réformer l’Eglise, et dont les partisans vont mettre en pièces l’Europe ? Charles V ne pouvait-il mieux distribuer sa clémence d’Empereur Chrétien en protégeant les 40 millions d’indiens massacrés au Mexique sous les yeux crevés de honte de Bartolomé de Las Casas ? Pour le Graal Eurasien, Apollon est un dieu noir, il n’est autre que Shiva : « Ainsi je l’ai vu, le Sarcophage du Soleil de Horia Damian comme une nébuleuse de feu liturgiquement embrasée au cœur d’une immense tempête de neige cosmique, pour célébrer la dormition philosophique de notre Christ Apollon à l’intérieur même de sa charogne virginale.» Cela m’avait été enseigné avec l’introduction du cahier Jean Parvulesco dont j’ai parlé au début : « Qu'enfin tombe sur nous la fulgurance d'Apollon la haute clarté du hors du temps, cette aurore perpétuelle qui, sitôt franchi le Portique Boréal, s'ouvre sur les perspectives ouvertes à perte de vue de la Tradition Primordiale.» (Portique Boréal. André Murcie, pour un Cahier Jean Parvulesco).
Partons de l’extrait d’un article de Luc Olivier d’Algange au sujet d’Apollon pour qui : « Apollon n'est pas seulement le dieu de la mesure et de l'harmonie, le dieu des proportions rassurantes et de l'ordre classique, le dieu de Versailles et du Roi-Soleil, c'est aussi le dieu dont l'éclair rend fou. La sculpturale exactitude apollinienne naît d'une intensité lumineuse qui n'est pas moins dangereuse que l'ivresse dionysiaque. Apollon et Dionysos ont des fidèles de rangs divers. Certains rendent à ces dieux des hommages qui ne sont pasdépourvus de banalité, d'autres haussent leur révérence au rang le plus haut. L'Apollon qui se réverbère dans les poèmes d’Hölderlin témoigne d'un ordre de grandeur inconnu jusqu'alors et depuis.»
Voilà ce que j’écrivis dernièrement au poète en réponse : « Mais déjà la majesté et le mystère des Apollon, dans la statuaire du Vatican, nous en disent bien plus long que la vison classique et universitaire. L'Apollon du Belvédère sauvé par le futur pape Jules II, est tout entier vivifié par sa victoire sur le Python.» Qui dirait d'une victoire sur le lézard qu'elle est moins shivaïte ? C’est une victoire que le héros devra pourtant expier ensuite, mais c'est un Dieu shiva tout autant que Dyonisos ! Et le musagète dans la salle des muses, en sa beauté juvénile pourrait nous faire chavirer dans quelque transe. D'ailleurs, joueur de cithare dorien, il n'hésite pas à tuer ceux qui le défient avec le chant ou un autre instrument. Phrygien (Linos, Sylène, Marsias) avant la réconciliation ultime avec les musiques joyeuses. Les fêtes de Thargénie se souviennent des criminels qui lui étaient sacrifiés. Médecin avant Asclépios, sous le nom d'Apollon Oulios, il n'a pouvoir sur la vie que parce qu'il a pouvoir sur la mort.
Sa statue sur l'Acropole a été édifiée selon Pausanias après la peste consécutive à la guerre du Péloponnèse. Il est le dieu qui donne la mort, la mort noble subite et violente, donc ses flèches égalent celles d'Artémis, son intervention dans les combats de l'Illiade, tête casquée, arc et lance à la main, font de lui un Dieu exterminateur, comme Krishna sur le champs de bataille de Kurukshetra. Cette mort donnée par le dieu est initiatique, le signe nous en est donné par le témoignage d'Hécube, reconnaissant devant le cadavre d'Hector le miracle d'Apollon dans ce visage resté visage. Tout comme un dieu Hindou, Apollon a un véhicule, le griffon et plus tard le cygne, sur lequel il réapparaît à Delphes et Delios au printemps, après son séjour hivernal hyperboréen, le cygne qui pour les ariens est la lumière, dans les Védas il est le soleil. Quant aux griffons ils disputent aux Arismaspes, selon Hérodote, l'or des contrées boréales de l'Europe septentrionale. Mais la mort du Python elle, est suivie d'une imprécation : « Pourris là maintenant où tu es… tu pourriras ici sous l'action de la terre noire et du brillant Hypérion !» Lycien, Dieu de la Lumière s'il n'est Hyperboréen, est transporté dieu à Patara et est aussi le dieu loup. Les réfugiés du déluge de Deucalion avaient, après avoir dévalé les pentes du Parnasse guidés par les loups, fondé la ville de Lycoréia. Au revers des médailles d'Argos la tête de loup alterne avec celle d'Apollon, sur l'autre face, et en ce pays, Apollon a envoyé un loup combattre un taureau. Mais Apollon Nomios est bien le tueur de loups… Alors qui est Apollon ? Est-ce qu'il est vraiment l'opposé de Dionysos ? Un ami indien, notre invité à qui nous avons offert du vin vendredi soir, nous disait : « Dionysos c'est certain, il est Shiva et il a apporté le vin à l'Europe via la Grèce ! » Et si dans l'une de ses mains le colosse de Délos, Apollon selon Pausanias et Plutarque, tient les trois Charites, ces divinités ont été rapprochées des Haritas du Veda, les juments attelées au char du soleil, rayons de l'astre naissant à l'Orient.
Je vais conclure avec ces vers du célèbre poème de Gérard de Nerval, Delfica :
Ils reviendront ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours.
Ce n’est pas le temps mais la rupture Indo Européenne du temps qui ramène cet ordre, le sévère portique est bien dérangé « Cependant la sibylle au visage latin est endormie encore sous l’arc de Constantin et rien n’a dérangé le sévère portique. » puisque le souffle prophétique de Jean Parvulesco, Sibylle réveillée annonce (Les Mystères de la Villa Atlantis, p 381) : « Car un jour Apollon reviendra et ce sera pour toujours ! disait la dernière prophétie de la dernière Pythie de Delphe ».
OM NAMA SHIVAYA !