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Dominique Venner : tombé pour la France ?

Dominique Venner : tombé pour la France ?

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Le 21 mai prochain, il y aura tout juste un an que l'historien Dominique Venner mettait fin à ses jours de façon spectaculaire en plein cœur de Notre-Dame de Paris.

Il nous est difficile de comprendre ce geste qui a semblé pour beaucoup être un signe de désespoir. Mais, peut-on vraiment dire que Dominique Venner était un homme désespéré ? Sa dernière lettre, publiée sur Boulevard Voltaire nous dit tout le contraire. Alors, comment interpréter son suicide ?

Un samouraï d'Occident

Lire ou relire son livre-testament, "Un samouraï d'Occident", paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, peut lever le voile et donner une raison, si ce n'est une explication à un geste très étranger à notre civilisation judéo-chrétienne. 

Regard lucide et juste sur la France d'aujourd'hui.

Dominique Venner se décrit comme un historien méditatif et c'est, de fait, une vraie méditation qu'il nous offre. Car, nous dit-il, "à la question du sens de la vie, je puise des réponses dans l'histoire."
Le prologue dresse un constat juste et lucide de la situation de la France et de l'Europe : un peuple qui "devient minoritaire chez soi" et qui cultive "une culture de la haine de soi", un constat qui ne tombe pas pour autant dans le pessimisme et la dépression, ni non plus dans le défaitisme. Car, paradoxalement, c'est plutôt un regard d'espérance qui est jeté sur la France, celle de la Manif pour Tous, des Veilleurs, des Sentinelles : "au soir de ma vie, j'observe les premiers signes d'un réveil auquel j'ai toujours cru."

Fascination pour le Japon

Cette grande connaissance de l'Occident ne l'empêche pas de se plonger dans l'histoire et la culture du Japon qui a toute son admiration. Pourquoi le Japon ? Parce que c'est une civilisation la plus éloignée possible de la nôtre, "un monde d'altérité" et pourtant, d'après Venner, "il offre d'étonnantes proximités avec le meilleur de l'esprit européen." L'objectif est de "réfléchir de façon neuve à notre façon d'être des Européens."
L'érudition de Dominique Venner sur le sujet est passionnante et ce chapitre commence à expliquer son geste final à Notre Dame. Car la tradition du Japon qui le fascine, c'est l'éducation à la maîtrise de soi des Samouraï qui peut les conduire au suicide, avec un détour par le zen qui enseigne que "les humains sont entravés par la raison" et qu'ils doivent s'en détacher pour arriver à des "automatismes parfaits." Pour tout Européen encore empreint de chrétienté, ce raisonnement est inacceptable: Benoît XVI a beaucoup insisté sur le lien entre Foi et Raison, montrant combien le christianisme est une religion qui ne contredit jamais la raison. C'est un premier point de vraie divergence.

Homère et les poèmes fondateurs

Si Dominique Venner souhaite un retour aux sources de notre culture européenne, il ne voit pas, comme Saint Jean-Paul II, une nouvelle évangélisation, mais plutôt une redécouverte des Grecs et des Romains, une nouvelle Renaissance en quelque sorte.
La relecture qu'il propose de l'Iliade et de l'Odyssée est brillante et intéressante et il est vrai que notre culture occidentale est pétrie d'Homère et de Virgile.
Seulement, dans le même esprit que l'éducation zen des samouraïs, l'idéal que recherche Venner dans les écrits anciens est l'héroïsme antique, vu comme une maîtrise de soi et qui trouve son apogée dans le stoïcisme.
Finalement, la boucle est bouclée car, pour Venner, "apprendre à mourir fut la grande affaire du stoïcisme" et on découvre combien cette mort spectaculaire se place dans une optique stoïcienne. 
Pour l'Europe (encore ?) chrétienne, ce suicide ne peut être que scandaleux mais pour notre historien "certainement pas une mort absurde. Seule la mort subie n'a pas de sens. Voulue, elle a le sens qu'on lui donne, même sans utilité pratique". Alors, la mort subie puis donnée par amour sur la croix par le Christ ou par les martyrs depuis 2000 ans n'est pas une mort stoïcienne. C'est un deuxième point important de divergence.

Cependant, nous ne pouvons que regretter la disparition de Dominique Venner, historien et esprit brillant qui serait encore si utile au réveil de notre pays en quête de guides éclairés. En effet, qui, mieux qu'un historien, pourrait aider la France à se réapproprier son passé afin d'envisager l'avenir ? C'est ce que nous apprend Dominique Venner, reprenant le philosophe Marcel Conche : "la société qui peut lire son avenir dans son passé est une société en repos, sans inquiétude."
Il nous reste son œuvre à étudier, la Nouvelle Revue d'Histoire qu'il a fondée, un colloque qui lui est consacré à la maison de la chimie à Paris le 17 mai prochain et son livre Un Cœur Rebelle qui ressort aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Et que résonnent aussi ses paroles, quand nous douterons du destin de la France et de l'Europe : "quand viendra le grand réveil ? Je l'ignore, mais de ce réveil, je ne doute pas."


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